Propriétaire d’une PME spécialisée dans le bâtiment, Boumediene Mansour Boukhtache s’est fait connaître à Chlef pour son implication pleine et entière dans les actions de solidarité envers les démunis depuis maintenant sept ans. Président de l’association Soltana d’aide et de bienfaisance qu’il a créée avec une poignée d’amis le 21 décembre 2023, il initie de nombreuses actions caritatives à travers la wilaya de Chlef et les communes des wilayas environnantes.
Tout a commencé en 2018 lorsque Boumedien Mansour Boukhtache rejoint quelques unes de ses connaissances au sein d’une association de bienfaisance très connue à Chlef et qui s’est illustrée de fort belle manière lors de la pandémie de coronavirus. Cette association avait apporté un précieux appui au personnel de l’hôpital des Sœurs Bedj de Chlef qui, désormais, ne ne sera plus seul à s’occuper des centaines de malades qui y affluaient chaque jour. Mansour Boukhtache explique que la venue des membres de l’association a été perçue comme une délivrance pour le personnel médical et paramédical. « Nous nous occupions surtout de la fourniture de repas au personnel et aux malades durant cette période très difficile », ajoutant qu’il a eu à faire la connaissance de plusieurs personnes qui appréciaient énormément son dynamisme et sa disponibilité à aider son prochain. Deux qualités qu’il considère comme « tout à fait naturelles » chez lui et dans son entourage familial où « la solidarité sociale est une seconde nature ». « Mes parents, mes oncles et mes cousins ont été élevés dans cet état d’esprit, et c’est pour cela qu’il m’est apparu naturel de venir en aide aux gens en souffrance en acceptant la proposition de certaines gens d’adhérer à leur association. J’ai accepté mais je vous avoue que je n’avais aucune notion de ce qu’était une association ou ce que signifiait le mouvement associatif. »
Le jeune entrepreneur s’y engagera pendant trois longues années. La perte cruelle de sa fille Soltana, emportée à la fleur de l’âge par une terrible maladie en 2019, va accentuer sa détermination à poursuivre son action en faveur des pauvres et de tous ceux et celles que la vie n’a pas gâtés.
« Au sein de mon ancienne association, j’ai senti que ma marge de manœuvre était réduite, je ne pouvais pas mener les actions qui me semblaient urgentes ou, en tous cas, prioritaires au niveau de notre wilaya. Prioritaires parce que, comme ma fille fille Soltana, décédée à 19 ans, beaucoup de citoyens, surtout les personnes démunies, souffraient de maladies parfois incurables et avaient besoin de soutien à la fois matériel et moral pour surmonter leurs peines. »
Et c’est ainsi qu’il créa avec une poignée d’amis l’association « Soltana », en hommage à sa fille, en se lançant le défi d’en faire une référence en matière d’aide et soutien aux citoyens en difficulté.
Une véritable gageure car, relève M. Mansour Boukhtache, « il existe de nombreuses associations caritatives à Chlef qui font du bon travail et qui sont plus anciennes que la nôtre ».
N’empêche, les nombreuses initiatives lancées depuis sa création font que Soltana a commencé à jouir d’une très grande respectabilité. Les témoignages des représentants de la société civile sont éloquents à ce sujet.
Cette réussite somme toute relative trouve son explication dans la qualité de l’encadrement de Soltana et de disponibilité en toutes circonstances de ses nombreux bénévoles. Ils sont une cinquantaine à répondre aux sollicitations du président et de son staff qui se recrute parmi le personnel médical, les cadres d’entreprises publiques, les élus et des gens de la ville connus pour leur probité intellectuelle et morale.
Grâce à ses actions multiples et sa politique de communication, l’association occupe aujourd’hui une place de choix dans le mouvement associatif chélifien. « La communication est très importante quand il s’agit de sensibiliser les différentes composantes de la société sur ce que nous faisons et sur ce que nous projetons de réaliser dans l’avenir », explique à ce propos le président de l’association.
Des projets d’avenir
Quelles sont les actions réalisées par l’association ? Et quelles sont ses projections futures ? Deux questions auxquelles ; Mansour Boukhtache répond sans détour : « Nous avons commencé nos activités au début du mois de ramadhan 2023 où nous avions offert des boites de repas aux automobilistes passant par l’autoroute Est-Ouest. Nous en profitions dans le même temps pour les sensibiliser sur le respect du code de la route et sur les dangers de la vitesse excessive. Nous leur disions ceci : voici de quoi rompre le jeûne, arrêtez-vous un moment, reposez-vous puis reprenez la route et rentrer chez en toute sécurité… »
Pour cette opération qui a été reproduite cette année, l’association a été assistée par la Gendarmerie Nationale dont les éléments dressaient des barrages sur les lieux où sont distribués les repas. L’action combinée a permis d’éviter les quelques malheureux accidents survenus ces dernières années.
Pour l’année en cours, Soltana » a tracé un programme d’action très étoffé. Par ses initiatives, l’ouverture de deux restaurants pour l’iftar, Le Snack situé au quartier Meddahi (sur la montée vers le Radar) et le restaurant la Bute situé dans la station d’essence faisant entre la RN 4 et la RN 19 ; la circoncision des enfants issus de familles nécessiteuses qui a commencé le premier jour du ramadhan avec deux ou trois enfants à circoncire par jour ; un concours de récitation du Coran ; la distribution de boites de repas au niveau de l’autoroute ; l’achat de vêtements de l’Aïd pour les enfants pauvres selon leurs goûts et préférences, l’association se chargeant de les emmener les choisir eux-mêmes en ville… « Nous avons par ailleurs procédé à la remise d’une enveloppe de 10 000 DA à 200 orphelins dès le premier jour du mois de carême et nous en ferons de même dès ce 15 mars en distribuant 5000 DA pour environ 250 bénéficiaires. »
Le président ajoute que « Soltana » distribue aussi des colis alimentaires aux familles depuis le ramadhan 2023, elle espère en offrir à plus de 1000 personnes, soit davantage que l’année dernière.
« Tout est documenté et consigné par écrit »
Mais d’où vient l’argent pour financer autant d’actions ? « De mes propres deniers d’abord », répond M, Mansour Boukhtache qui dit consacrer une partie importante des bénéfices de son entreprise au profit des bénéficiaires de ses actions caritatives. « Je me fais aussi aider par des mécènes qui ont montré leur grandeur d’âme et leur foi en Dieu », a-t-il indiqué.
Il tient également à préciser que « toute somme dépensée est dûment justifiée par des documents ; des photos et des vidéos sont postées régulièrement pour informer les contributeurs de la destination de leurs aides. »
En matière d’information et de communication, « Soltana » lancera bientôt son site qui donnera la possibilité de s’informer sur ses œuvres de bienfaisance et d’y participer à travers des dons à verser sur son compte bancaire. « Cet argent sera utilisé à bon escient avec fourniture de preuves écrites », souligne notre interlocuteur.
Entre autres opérations permanentes à l’actif de Soltana, les campagnes de don de sang à travers la wilaya. Du mois d’avril 2024 à fin janvier 2025, elle a pu collecter quelque 2250 poches de sang.
De même, et bien que leur association soit basée à Chlef, ses membres se déplacent dans les 35 communes de la wilaya, voire à Tissemsilt et dans la région de Relizane pour fournir aide et assistance aux personnes en difficulté. « Nous aidons des malades démunis à payer des interventions chirurgicales lourdes, cela a concerné 6 patients jusqu’à présent », dit M. Mansour Boukhtache qui profite de l’occasion pour signaler que de nombreux citoyens ont participé à ce type d’actions solidaires grâce auxquelles des malades ont pu se soigner en Tunisie et des cliniques privées algériennes.
Un projet unique en son genre
Au cours de notre entretien, le président de « Soltana » a évoqué un projet qui lui tient à cœur depuis plus d’une année et qu’il souhaite réaliser au plus vite : construire un hôtel où seront logés les malades atteints de cancer issus des communes éloignées de Chlef et leurs accompagnateurs. Cet établissement pourrait accueillir 60 personnes (50 adultes et 10 enfants). Il sera doté d’un restaurant, d’un cafétéria, d’un espace de jeux pour enfants et un autre de détente pour les adultes, un jardin outre d’autres équipements pour rendre le séjour des malades des plus confortables. Deux ambulances et deux fourgons sont prévus pour le transport des malades de l’hôtel vers les hôpitaux.
Les plans, la fiche technique et les coûts estimatifs du projet ont été portés à la connaissance de M, Adnane Labdi, le président de l’APC de Chlef qui, selon notre interlocuteur, a adhéré à l’idée. L’APC de Chlef a tenu une délibération sur l’affectation d’un terrain communal pour la construction dudit hôtel. « Mais, depuis, l’affaire stagne au niveau des services de la daïra qui ne se sont pas décidés à nous accorder l’autorisation de construction. »
À ce jour, l’affaire est bloquée au grand dam des mécènes qui ont proposé de financer entièrement le projet évalué à 12 milliards de centimes.
Menouer Aït Saada/Traduction A. L.