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Santé mentale au travail : les inquiétudes de l’ONU

Quel que soit le secteur, la région ou le régime sous lequel il s’effectue, le travail est source de problèmes de santé mentale. L’inquiétude des institutions en charge de la santé de la population savent depuis longtemps que, dans le monde du travail, stress, burnout, dépression, perte de sommeil, angoisse, anxiété et autres atteintes psychologiques prennent une ampleur démesurée. Le phénomène est quasi-identique que l’on situe en Suède ou aux États-Unis, en France ou au Niger : outre de causer des souffrances au travailleurs, il est à l’origine de la perte de milliards de journées de travail.

L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et l’Organisation internationale du Travail (OIT) estiment à 12 milliards les journées de travail perdues chaque année pour cause de dépression ou d’anxiété. Et cela a un coup : près de 1.000 milliards de dollars perdus pour l’économie mondiale !

Les deux agences des Nations Unies ont appelé ce mercredi à des mesures concrètes pour répondre aux problèmes de santé mentale dans la population active.

Les directives mondiales de l’OMS sur la santé mentale au travail recommandent des mesures pour lutter contre les risques pour la santé mentale tels que les charges de travail lourdes, les comportements négatifs et d’autres facteurs qui créent de la détresse au travail. Pour la première fois, l’OMS recommande une formation des dirigeants, afin de renforcer leur capacité à prévenir les environnements de travail stressants et à répondre aux travailleurs en détresse.

Principales plaintes : intimidation et violence psychologique

Le rapport de l’OMS sur la santé mentale dans le monde, publié en juin 2022, indique que sur un milliard de personnes vivant avec un trouble mental en 2019, 15% des adultes en âge de travailler ont connu un trouble mental. Le travail amplifie les problèmes sociétaux plus larges qui ont un impact négatif sur la santé mentale, notamment la discrimination et l’inégalité. L’intimidation et la violence psychologique sont les principales plaintes liées au harcèlement au travail qui ont un impact négatif sur la santé mentale. Pourtant, discuter de la santé mentale ou la révéler reste un tabou dans les milieux professionnels du monde entier.

Les directives recommandent également de mieux prendre en compte les besoins des travailleurs souffrant de troubles mentaux, de proposer des interventions qui favorisent leur retour au travail et, pour ceux qui souffrent de troubles mentaux graves, de prévoir des interventions qui facilitent l’accès à un emploi rémunéré. Il est important de noter que les directives préconisent des interventions visant à protéger les travailleurs de la santé, de l’humanitaire et de l’urgence.

 « Il est temps de se concentrer sur l’effet néfaste que le travail peut avoir sur notre santé mentale », a déclaré le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’OMS. « Le bien-être de l’individu est une raison suffisante pour agir, mais une mauvaise santé mentale peut aussi avoir un impact débilitant sur les performances et la productivité d’une personne. Ces nouvelles directives peuvent contribuer à prévenir les situations et les cultures de travail négatives et offrir une protection et un soutien en matière de santé mentale dont les travailleurs ont grand besoin ».

Soutenir la prévention des risques

Une note d’information conjointe de l’OMS et de l’OIT explique les directives de l’OMS en termes de stratégies pratiques pour les gouvernements, les employeurs et les travailleurs et leurs organisations, dans les secteurs public et privé. L’objectif est de soutenir la prévention des risques pour la santé mentale, de protéger et de promouvoir la santé mentale au travail, et de soutenir les personnes atteintes de troubles mentaux afin qu’elles puissent participer au monde du travail et s’y épanouir. L’investissement et le leadership seront essentiels à la mise en œuvre de ces stratégies.

« Comme les gens passent une grande partie de leur vie au travail, un environnement de travail sûr et sain est essentiel. Nous devons investir pour construire une culture de prévention autour de la santé mentale au travail, remodeler l’environnement de travail pour mettre fin à la stigmatisation et à l’exclusion sociale, et faire en sorte que les employés souffrant de troubles mentaux se sentent protégés et soutenus », a déclaré Guy Ryder, Directeur général de l’OIT.

La convention (n° 155) et la recommandation (n° 164) de l’OIT sur la sécurité et la santé au travail offrent un cadre juridique pour protéger la santé et la sécurité des travailleurs. Cependant, l’Atlas de la santé mentale de l’OMS indique que seuls 35% des pays déclarent disposer de programmes nationaux de promotion et de prévention de la santé mentale liée au travail.

La pandémie de COVID-19 a déclenché une augmentation de 25% de l’anxiété générale et de la dépression dans le monde, exposant à quel point les gouvernements n’étaient pas préparés à son impact sur la santé mentale et révélant une pénurie mondiale chronique de ressources en santé mentale. En 2020, les gouvernements du monde entier n’ont consacré en moyenne que deux pour cent (2%) des budgets de santé à la santé mentale, les pays à revenu moyen inférieur investissant moins d’un pour cent.

L. C.

Source : ONU

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