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Hicham El Wahrani arrêté à Oued Fodda : retour sur une cavale … et la vigilance des citoyens

Par Adel Messaoudi.

Fin de cavale pour Hicham El Wahrani. L’homme le plus recherché du moment a été neutralisé à Chlef, grâce à la vigilance de simples gens. Un acte citoyen salué par les autorités, symbole d’un sursaut civique face à la violence des bandes organisées.

Les images ont glacé tout un pays. On y voit un homme roué de coups, humilié, ensanglanté, encerclé par plusieurs individus armés de couteaux et de bâtons. La scène, d’une rare violence, a été filmée et diffusée sur les réseaux sociaux, provoquant une onde de choc et une indignation collective. À la tête du groupe d’agresseurs, un certain Attia Hicham, plus connu sous le nom de « Hicham El Wahrani ».

Derrière la brutalité de ces images, un enchaînement d’événements hallucinants s’est rapidement mis en place : une enquête ouverte par la Gendarmerie nationale, des arrestations en série, une cavale rocambolesque et, enfin, la capture du fugitif dans une petite localité de la wilaya de Chlef.

Tout commence le 16 octobre 2025, lorsqu’une vidéo datant du mois de juin réapparaît sur les réseaux sociaux. On y reconnaît clairement Hicham El Wahrani supervisant des actes de torture sur un certain Mohamed Zengli, aujourd’hui incarcéré à la prison de Koléa. L’auteur de la vidéo, identifié comme Chernane Adel, faisait lui-même partie de la bande. Il aurait publié la scène plusieurs mois après les faits, à la suite d’un différend interne avec son chef, Hicham.

La vidéo devient virale, suscitant un tollé général. En quelques heures, elle atteint les sommets des tendances, mobilisant l’opinion publique et poussant les autorités à réagir. Le parquet de Koléa, dans la wilaya de Tipasa, ordonne immédiatement l’ouverture d’une enquête. Le procureur de la République, lors d’une conférence de presse, parlera plus tard d’un acte « d’une cruauté intolérable » et d’un « signal d’alarme sur la prolifération des bandes de quartier violentes ».

Les premiers résultats de l’enquête

Les investigations menées par la Gendarmerie nationale permettent rapidement d’identifier et d’arrêter plusieurs membres de la bande. Parmi eux : Guemra Abdelrahim, Tessouit Mohamed Amine, Mada Boualem, Guemra Adel, Dehrib Djaafar, Adjif Adam, El Hachemi Kamal, Bettahar Ahmed ainsi que Chernane Adel, celui-là même qui a diffusé la vidéo.

Mais le principal suspect, Hicham El Wahrani, demeure introuvable. L’homme, réputé violent et rusé, se volatilise dans la nature. Un mandat d’arrêt national est émis à son encontre.

Pendant ce temps, les enquêteurs découvrent qu’il a fui la wilaya de Tipaza, où les faits se sont produits, pour se réfugier d’abord à Djelfa, puis plus à l’ouest, dans la région de Chlef.

La fuite et la traque

C’est là, à Oued El Fodda, qu’il tente de se faire oublier. Les habitants du quartier d’El Dahamnia remarquent vite la présence d’un inconnu au comportement nerveux. Parmi eux, Mohamed El Amine, agent de nettoyage à la commune d’El Attaf, croise un jour cet homme sur la route menant à la station de voyageurs. Ses gestes, son air méfiant et ses efforts pour éviter les patrouilles de sécurité éveillent ses soupçons.

Quelques heures plus tard, il le revoit dans un café du quartier et alerte discrètement ses voisins. Le propriétaire du café, lui aussi intrigué, finit par reconnaître les traits du fugitif en le comparant à la vidéo virale qu’il avait vue sur son téléphone. Les doutes se transforment en certitude. Les habitants s’organisent discrètement : ils décident de surveiller ses déplacements.

L’homme s’était réfugié dans une maison abandonnée, où il attendait, selon les premiers éléments de l’enquête, la concrétisation d’un projet de fuite par voie maritime vers l’Europe. Mais son plan tourne court. Dans la nuit du 20 octobre, un groupe de jeunes du quartier, après l’avoir suivi à distance, l’intercepte sur un chemin de fer alors qu’il tente de fuir de nouveau. Ils le maîtrisent sans violence et contactent immédiatement la Gendarmerie via le numéro vert 1055.

De la cavale à la reddition

Les gendarmes de la brigade d’El Attaf interviennent rapidement. Vérification faite, l’identité du fugitif ne laisse aucun doute : il s’agit bien de Hicham El Wahrani, recherché activement depuis plusieurs jours. Le suspect est aussitôt transféré vers la brigade régionale, avant d’être remis aux autorités judiciaires de Koléa pour la suite de la procédure.

Lors de son interrogatoire, Hicham aurait reconnu être l’homme apparaissant dans la vidéo, tout en tentant de justifier l’agression par un supposé « différend financier » avec la victime. Une explication que le parquet a balayée, considérant la scène comme un acte de violence gratuite et planifiée.

À Oued El Fodda, la capture du fugitif suscite une véritable ferveur. Des cortèges de jeunes et de familles célèbrent l’arrestation dans les rues. Pour beaucoup, ce geste illustre « la vigilance citoyenne » et « le sens du devoir collectif ». Le procureur de Koléa saluera lui-même, dans un communiqué, « la responsabilité exemplaire et le courage des citoyens ayant contribué à l’arrestation d’un dangereux fugitif ».

Une affaire révélatrice d’un malaise social

Dix personnes, dont Hicham El Wahrani, ont depuis été placées sous mandat de dépôt par le juge d’instruction près le tribunal de Koléa. Elles sont poursuivies pour constitution de groupe criminel organisé, enlèvement avec violence, actes de torture, et formation d’une bande de quartier, des actes d’une extrême gravité punis par la justice.

Le parquet a souligné « la gravité des faits et la menace que représentent de telles bandes pour la sécurité publique », annonçant la poursuite de l’instruction pour identifier d’éventuels complices, y compris ceux ayant fourni refuge ou soutenu les agresseurs sur les réseaux sociaux.

Cette affaire, qui a profondément marqué l’opinion, dépasse le simple fait divers. Elle dit quelque chose d’une société en quête de repères, où la violence filmée et diffusée devient parfois un spectacle avant de redevenir un crime. Mais elle rappelle aussi qu’au-delà de la peur, subsiste une conscience collective prête à se lever.

À El Dahamnia, des citoyens ordinaires ont montré qu’un sursaut civique reste possible que face à la brutalité, il existe encore des mains prêtes à défendre la loi, la dignité et le vivre-ensemble.

A. M.

3 thoughts on “Hicham El Wahrani arrêté à Oued Fodda : retour sur une cavale … et la vigilance des citoyens”
  1. Et si on profite de ce bel élan et de cette grandiose solidarité pour lutter contre la salubrité des lieux publics qui sont devenus insupportables . Ce sera formidable de partir du même principe , le sens civique.

  2. Lorsque les citoyens au sens profond du terme défendent la justice ou tout simplement se défendent eux mêmes, rien ne peit leur résister.
    Bravo, les voyous n’ont qu’à bien se tenir!

  3. Très bel article.Profond hommage aux courageux citoyens qui ont permis sa capture.Une leçon à tous les voyous qui infestent le pays.Merci au « CHÉLIF ».

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