L'Algérie de plus près

Des fruits en spectacle

Par Hamid Dahmani

Mon petit fils est un petit gourmand très futé, il aime jouer avec les adultes à « j’aime » ou « je n’aime » pas ce fruit. Son jeu consiste à poser une question sur les desserts que nous aimons voir souvent sur la table. Ce soir-là, il était en face de moi et, profitant de l’habitude rencontre familiale conviviale, il m’a posé une question fruitarienne : « Djedi, ana nebghi bezef l’ananas ! Et toi qu’est-ce-que tu adores ? » Moi, en vérité, je déteste la plupart de ces fruits importé mis en vente sur les étals des commerces du pays. A vrai dire, les primeuristes sont des chenapans qui ne veulent pas couper la poire en deux pour la partager avec le consommateur. Aussi exhibent-ils ces produits uniquement pour le décor du magasin et pour nous faire un pied de nez uniquement pour nous narguer. Les prix des fruits importés brûlent dans le palet des miséreux que nous sommes. En réalité, la plupart de ces fruits coûtent très chers, et leurs prix de vente provoquent le vertige. Il faut comprendre que ces « fruits-spectacle » sont destinés à une clientèle visée qui ne boude pas ces produits quand bien même coûteraient-ils les yeux de la tête.

Et même s’ils ne seraient pas vendus, ce n’est pas perdu pour le commerçant parce qu’ils ne seront jamais bradés à un autre prix moindre, il préfère les jeter à la poubelle après leur pourrissement plutôt que de les solder, parce qu’ils deviennent après tout ce temps des invendus dans leurs cagettes.

Pour moi, ces fruits exotiques sont les fruits du diable, parce qu’ils sont intouchables et qu’il faut les caresser simplement avec les yeux. Les fruits et les légumes n’ont jamais été des produits de luxe parce qu’ils sont très utiles pour notre bonne santé mais, « Allah ghalleb », avec toute cette salade de fruits, seul les privilégiés d’entre nous peuvent profiter de ces aliments qui nous fait rêver seulement.

« Tu sais petit, tous ces fruits qu’on fait venir de très loin sont destinés à une autre classe qui ne compte pas les billets de banque lorsqu’elle dépense à droite et à gauche. Tu sais, « ana nekrah » (moi je déteste tous les fruits même ceux qui sont produits chez nous parce qu’ils coûtent tout aussi chers que les autres, les pommes sont un exemple criant puisque c’est un produit de nos vergers). « Tu m’as compris petit ? »

Cette folle envie de fruits chez les algériens fait que les algériens ont un cœur d’artichaut. Il y a même un fruit qu’on appelle le « fruit de la passion » qui vient de très loin et qui a beaucoup de bienfaits sur notre organisme, dit-on. Mais je le déteste quand même, comme les cerises algériennes qui nous font baver au moment où elles arrivent sur le marché.

« Tu m’as compris mon enfant et depuis le temps on commence à « en avoir gros sur la patate ». Notre grand malheur ce sont les spéculateurs et les inflationnistes qui sont l’origine et qui jouent au trampoline avec les prix de la mercuriale et qui reviennent à la charge avec les mêmes idées qu’avant, comme les saisons qui reviennent chaque année pour faire défiler les fruits spectacles…

H. D.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *