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Guerre contre Gaza : la France équipe des drones armés israéliens

Le média en ligne Disclose révèle que la France continue de livrer du matériel de guerre à l’armée israélienne alors que cette dernière mène depuis octobre 2023 une guerre génocidaire contre le peuple palestinien de Gaza.

Documents confidentiels à l’appui, Disclose affirme que le groupe Thales, détenu à 26 % par l’État français, a récemment livré des équipements électroniques pour l’assemblage des drones armés israéliens de type Hermes 900. En compilant plusieurs rapports d’ONG et des déclarations de l’armée israélienne, Disclose a recensé, entre octobre 2023 et aujourd’hui, au moins huit frappes meurtrières perpétrées par ce type de drones israéliens contre la population ou des infrastructures civiles à Gaza.

« Malgré l’usage des Hermes 900 dans les bombardements en cours à Gaza, comme le révèlent une dizaine de documents confidentiels obtenus par Disclose. des transpondeurs de type « TSC 4000 IFF » produits par Thales ont été vendus à Israël », écrit Disclose en notant que cet équipement est classé par le ministère des armées dans la catégorie des « systèmes de surveillance, de poursuite de cible et de reconnaissance », il permet aux drones israéliens d’éviter tout risque de collision ou de tirs entre aéronefs « amis ».

Diclose ajoute qu’au moins huit de ces transpondeurs devaient être expédiés en Israël entre décembre 2023 et fin mai 2024, soit plusieurs mois après les premiers bombardements aériens de Tsahal. Deux d’entre eux ont été livrés au début de l’année 2024. Les six autres unités seraient bloquées par les douanes françaises.

« Accordée par les plus hautes sphères de l’État, la licence d’exportation de ce matériel de communication démontre, une fois de plus, l’absence de transparence et de contrôle en matière de ventes d’armes », précise le site qui note que, « depuis le déclenchement de l’offensive israélienne, le ministère des armées se prétend pourtant irréprochable ».

L’histoire de ce contrat secret entre la France et Israël débute le 2 mars 2023. Ce jour-là, Elbit Systems, le fabricant du drone Hermes 900, passe commande à Thales Six GTS, la filiale télécommunication du groupe. L’industriel israélien souhaite acheter huit transpondeurs TSC 4000 IFF, au prix de 55 000 euros l’unité. Soit un total de 440 000 euros. Une première livraison de deux transpondeurs est prévue le 23 octobre 2023. Le 5 décembre, les documents nécessaires à une première livraison sont réunis. Direction l’aéroport Charles de Gaulle, où le matériel va être chargé dans un avion affrété par l’entreprise Prolog, spécialisée dans le « transport confidentiel, accompagné secret défense », précise le site Internet. Destination : l’usine d’Elbit Systems, à Rehovot, une ville située à une vingtaine de kilomètres de l’aéroport de Tel-Aviv, selon une facture obtenue par Disclose. C’est précisément à Rehovot que sont construits les drones Hermes 900, rapporte l’agence Reuters.

« L’expédition vers Israël des six transpondeurs restants était prévue le 26 mai 2024. Mais, selon nos informations, les colis sont actuellement bloqués à l’aéroport de Roissy–Charles-de-Gaulle, faute d’une autorisation des douanes », affirme Disclose.

Et d’enfoncer le clou : « Dans une note adressée au tribunal administratif de Paris à la suite d’un recours déposé par Amnesty International pour suspendre les exportations de ce type de matériel, la directrice des affaires juridiques du ministère des armées a assuré qu’une telle interdiction « ne manquerait pas d’affecter profondément la relation bilatérale avec [Israël] ». Selon la haute fonctionnaire, cela serait « susceptible de peser sur les équilibres géostratégiques régionaux et internationaux ». Un argument repris au mot près par le juge administratif. Mais il se pourrait bien que la pression exercée par les ONG et la société civile ait fini par l’emporter… Confirmant le risque que du matériel de guerre made in France serve à commettre des crimes de guerre à Gaza.

L. C.

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