L'Algérie de plus près

Réflexion sur la science et le Coran

Par Me Mohammed KOULAL*

« Sont-ils égaux ceux qui savent et ceux qui ne savent pas ? Seuls les doués d’intelligence se rappellent »

Le Coran

Dans l’article intitulé « L’Islam ou le sens de la sagesse », j’ai cité quelques personnalités scientifiques et religieuses qui se sont converties à l’Islam après qu’elles eurent confirmé le concordisme du Coran et de la science contemporaine. Comme introduction, je me réfère à cette réponse d’Einstein à un journaliste qui lui a posé une question sur sa vision de l’univers : « Nous sommes dans la position d’un petit enfant entrant dans une immense bibliothèque dont les murs sont couverts jusqu’au plafond avec des livres écrits dans de nombreuses langues différentes. L’enfant sait que quelqu’un a écrit ces livres. Mais il ne sait pas qui, ni comment. Et il ne comprend pas les langues dans lesquelles ils sont écrits…Telle est, je crois, l’attitude de l’esprit humain même le plus grand et le plus cultivé face à Dieu ».

En ces jours de piété et de ferveur religieuse, faire des recherches sur le contenu scientifique du Coran me semble très instructif. On se limite lors de toutes les occasions y compris les prêches du vendredi à la seule façon de prier, de faire son ablution, tout en omettant de faire valoir le contenu scientifique du Coran. Feu Cheikh El Yajouri, professeur de la littérature arabe et imam en même temps à la mosquée de la place Laperle à Sidi El Houari, Oran, insistait à ce que les jeunes soient en nombre lors de ses prêches. Il disait que l’Homme est arrivé sur la lune alors que certains des croyants présents n’y croient pas, il se demandait qu’elle aurait été la réaction de ces mêmes personnes si elles étaient les contemporains du Prophète (qssl) et que celui-ci leur disait qu’il était à Sidrate El Montaha ? Ces mêmes personnes ne le croiront jamais ! Il insistait à ce que l’interprétation positive du Coran démontre les vérités scientifiques révélées par le Livre saint. Les recherches faites dans le sens de l’explication de l’homme en tant qu’être vivant (élément d’étude biologique lato sensu), son environnement et surtout son comportement dans son milieu et vis-à-vis de son prochain, ont toutes abouti à cette conclusion : le Coran est la Vérité.

Dans une conférence, le Professeur Keith L. Moore, l’un des scientifiques les plus en vue dans les domaines de l’anatomie et de l’embryologie, affirma : « Ce fut pour moi un grand plaisir que d’aider à clarifier les passages du Coran qui parlent du développement humain. Il ne fait aucun doute, à mon esprit, que ces passages ont été révélés à Mohammed par Dieu, parce que la presque totalité de ces connaissances n’ont été découvertes que plusieurs siècles plus tard. Pour moi c’est une preuve que Mohammed était un messager de Dieu ». On lui posa la question suivante : « Cela signifie-t-il que vous croyez que le Coran est la parole de Dieu ? » Il répondit : « Je n’ai aucun problème à l’accepter ».

Lors de cette conférence tenue en Arabie Saoudite en 1981, Moore va mettre au défi les théologiens musulmans dont la pensée se limite à une exégèse subjective. En effet, il va s’étaler sur le processus continuel de modification au cours du développement et la classification des stades de l’embryon humain (qui est déjà complexe). Cette complexité va le pousser à un nouveau système de classification basé sur les termes mentionnés dans le Coran et les Hadiths dont l’étude approfondie durant quatre années a révélé un système de classification des embryons humains très étonnant du fait qu’il date du 7e siècle.

Moore ajoute : « Ce que nous savons sur l’histoire de l’embryologie, il y avait très peu sur les connaissances sur les stades et la classification des embryons humains avant le 20e siècle. Pour cette raison, les descriptions humaines que l’on retrouve dans le Coran n’ont pu être basées sur les connaissances scientifiques du 7e siècle. Donc, la seule conclusion raisonnable est que ces descriptions ont été révélées à Mohammed par Dieu. Il ne pouvait connaitre de tels détails parce qu’il était illettré et n’avait absolument aucune formation scientifique ». Tous les résultats de ces recherches sont résumés en un Verset : « Nous avons certes créé l’homme d’un extrait d’argile, puis Nous en fîmes une goutte de sperme dans un reposoir solide. Ensuite nous avons fait du sperme une alaquah, et de la alaquah Nous avons créé une moudgha ».

De l’embryon au cerveau, il est révélé dans le Coran : Mais non ! S’il ne cesse pas, Nous le saisirons, certes par le naseyah (le devant de la tête), un naseyah menteur et pécheur). Cette sourate est révélée au sujet d’un des mécréants qui interdisait au Prophète de prier à la Kaaba ! Les chercheurs se sont posés la question : Quelle est cette relation entre le naseyah d’une part et le mensonge et le péché de l’autre ? Le devant de la tête ou la région préfrontale du cerveau était la curiosité des scientifiques que Dieu a détaillé la physiologie sur cette partie du cerveau. Selon, Essentials of Anatomy and Physiology, la motivation et la faculté de prévoir la planification et la mise en action des mouvements se trouvent dans la partie antérieure du lobe frontal ou la région du cortex associatif à cause de son implication au niveau de la motivation, la région préfrontale est également considérée comme le centre fonctionnel de l’agressivité. Donc, cette région du cerveau est responsable de la planification, de la motivation et de la mise en action des bonnes et des mauvaises actions. Elle est aussi responsable du fait de dire des mensonges ou de dire la vérité. Il est donc approprié de décrire le devant de la tête comme ‘menteur’ et ‘pécheur’ comme le dit le Coran : Un naseyah menteur et pécheur. Selon le professeur Moore, les fonctions de la partie frontale du cerveau n’ont été découvertes qu’au cours des soixante dernières années.

Le savant Abbé belge Georges Lemaître, l’un des pères de la théorie du Big Bang, n’a pas succombé à la tentation du concordisme (le concordisme est un système d’exégèse consistant à interpréter les textes sacrés d’une religion de façon qu’ils ne soient pas contradictoires avec les connaissances scientifiques d’une époque). La science peut désavouer demain sa vérité d’aujourd’hui. On trouve dans le Coran une cohérence d’ensemble qui semble coller à la réalité actuelle. Après la création de l’Univers à partir de l’atome primitif, le Coran aborde l’étape de l’expansion ainsi que le relève le passage suivant : « Le Ciel Nous l’avons construit par Notre puissance et nous l’étendons dans l’immensité ». Il est dit plus loin dans le Coran : « La création des cieux et de la terre est quelque chose de plus grand que la création du genre humain mais la plupart des hommes ne le savent pas ».

La dualité entre penseurs musulmans et les autres se résume à celle d’El-Afghani et le philosophe français Ernest Renan qui accusait l’islam d’être une religion obscurantiste, ennemie de la science. El-Afghani défendait l’idée que si l’interprétation était correcte, l’islam n’allait pas entraver le développement des peuples musulmans mais, au contraire, lui permettre de combler l’écart économique, scientifique et culturel avec les autres populations européennes. De ce fait l’importation des sciences de l’occident finissait par toucher les fondements même de l’islam.

Le rapport entre les sociétés musulmanes et la science avait pour conséquence des répercussions importantes dans le domaine de l’interprétation de la tradition islamique et de l’exégèse coranique. Ainsi vers la fin du 19e siècle, une nouvelle typologie de l’Islam est née, celle du commentaire scientifique dans le Coran. Cette méthode de penser consiste par le biais d’une exégèse de type concordiste à montrer l’accord entre les contenus de la Révélation et les découvertes de la science, d’où le fondement d’une doctrine dite de « l’inimitabilité scientifique » du Coran selon laquelle celui-ci non seulement serait parfait et inimitable du point de vue littéraire mais aurait anticipé certaines découvertes scientifiques, les révélant à un Prophète analphabète.

Néanmoins, l’approche scientifique du Coran fait l’objet de plusieurs controverses dont le protagoniste (à ces controverses) l’exégète scientifique Zaghloul Najar a passé sa vie à se battre en faveur de la concordance entre Coran et science moderne. On compte parmi les exégètes scientifiques ni des théologiens ni des professionnels mais des intellectuels dotés d’une formation scientifique : des géologues, des médecins, des ingénieurs qui, à un certain point de leur carrière, se laissent tenter par la recherche de références scientifiques dans le texte coranique. Ils sont habilités, chacun dans sa spécialité, à interpréter les versets coraniques suivant leur spécialisation. Et il arrive que l’on trouve des commentaires scientifiques qui interpellent plusieurs disciplines ; de l’embryologie à la géologie.

À cette liste va s’ajouter Maurice Bucaille, médecin de formation, qui publia en 1976 son célèbre essai « La Bible, le Coran et la Science » où il soutient que le Coran contient beaucoup de découvertes scientifiques. Il est une référence du concordisme musulman, système d’exégèse qui consiste à interpréter le Coran de manière à tenter de le mettre en accord avec les résultats des sciences modernes. Il décrit le Coran comme étant en accord avec les faits scientifiques et les connaissances modernes sur la création de l’univers, la terre, l’espace, le règne animal et végétal, la reproduction humaine… qui ont été révélées voilà 14 siècles à Mohammed (qssl). Il affirme qu’à la différence de la Bible et de l’Evangile qui révèlent des choses en totale contradiction avec les connaissances modernes et scientifiques alors que dans l’islam il est annoncé que la Religion et la Science sont « deux sœurs jumelles ».

Je ne peux m’étaler plus sur l’analyse de Bucaille, je préfère laisser le libre arbitre aux lecteurs en me basant sur le livre « La Bible, le Coran et la Science » en concluant sur la théorie de l’évolution et créationnisme en Suisse,  à propos de la définition du mot « yaoum » où Mallory Purdie considère qu’il est possible de suivre Bucaille et d’admettre que le Coran envisage, pour la création du monde, de longues périodes de temps qu’il chiffre au nombre de six tout en précisant que nous sommes conscients des controverses autour de Bucaille, notamment pour sa partialité en faveur du Coran, un Livre auquel il accorde une place tout à fait à part en raison de la garantie d’authenticité qu’il offre ; alors qu’il considère l’Ancien Testament et les Evangiles comme truffés d’erreurs. Selon l’auteur, le Coran et la Sunna apportent des éclairages nécessaires aux Ecritures les ayant précédés et les connaissances de la science moderne permettent de rehausser le statut authentique de la Révélation Coranique.

En fin de compte, Allah a révélé que « Parmi Ses serviteurs, Seuls les Savants craignent Allah» et de les récompenser « Allah élèvera en degrés ceux d’entre vous qui auront cru et ceux qui ont reçu le Savoir »

M. M.

*Avocat à la Cour de Relizane

Agréé à la Cour Suprême et au Conseil d’Etat

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