L'Algérie de plus près

Nul n’a le droit de souiller la robe noire

Par Me Mohammed Koulal*

Il m’arrive souvent de suivre ou de lire certaines plaidoiries d’avocats d’autres cieux en me demandant s’ils sont vraiment plus compétents que nous autres ou si c’est le milieu dans lequel ils évoluent qui influe sur leur notoriété ? Pour en avoir le cœur net, je me suis référé aux plaidoiries de mes confrères (nationaux bien entendu !) et je suis arrivé à la conclusion que le niveau est presque le même, à la seule différence que, de l’autre côté de la barrière, il y a une écoute et une appréciation des interventions de la défense. Le rôle de l’avocat est de combattre l’inégalité et l’illégalité, soit dans la procédure, soit dans l’application de la Loi. Pour lui, la notion de justice relève de la morale et de la vertu.

Quand l’Avocat et le Juge sont animés par une justice authentique où chaque composante de la société doit s’en tenir à son rôle dans le respect, la critique constructive et le bien-être, on pourrait dire alors que la notion de justice dans tous ses actes existe bel et bien. Mais pour y arriver, il faut que l’homme ait une « âme », des principes immuables fondés sur la pureté de l’âme et de l’esprit.

Le meilleur juge ne serait pas celui qui anéantirait les mauvaises personnes et permettrait aux bonnes gens de se gouverner elles-mêmes, ni même celui qui amènerait les mauvaises personnes à se soumettre de leur propre gré à ces bonnes gens.

De tout temps et en tout lieu, l’avocat a plaidé pour la réconciliation des factions afin qu’elles soient capables de vivre ensembles et en harmonie. Pour en arriver là, le rôle du législateur est de s’inquiéter davantage des conflits qui peuvent générer des conflits graves au sein de la société (pour ne pas dire des institutions elles-mêmes).

La confiance doit être instaurée entre l’Avocat et le Juge tout en se dotant de sagesse afin que la société soit bien gouvernée et que la justice soit achevée ; et pour y arriver, il est utile de faire la distinction entre la justice en tant que vertu et la justice en tant qu’institution.

On ne peut ignorer que la mission de l’Avocat est déterminante en tant que premier juge dans l’affaire qui est présentée : il analyse et évalue de manière objective le différend, les droits et intérêts des parties ainsi que les chances de réussite du dossier ; il se positionne en tant que juge et défenseur en même temps.

Nous n’avons pas le droit de nous taire quant à certaines interventions où les plaidoiries révèlent le bas niveau de leurs auteurs, d’où le défaut d’étude des dossiers et les « blabla », sans scrupule ni dignité, et raconter ce qui se dit dans les cafés dans le seul but de satisfaire un public ignorant. Où sont donc les ténors du barreau ? On les rencontre rarement au niveau des tribunaux et cours. Ils ne sont plus une référence dans une société où règne la médiocrité. Un ténor le demeure toujours chez ceux qui optent pour l’efficacité, pour ceux qui sont dotés d’un minimum de connaissance.

Pour les adeptes du « Khaite », et ils sont nombreux, ils ne peuvent être admis dans les cabinets de ces ténors dignes représentants de la corporation dont on connaît la compétence et intégrité, et qui en face ces magistrats dont le charisme et la compétence reflètent le respect et s’adressant aux Avocats s’entendent dire : « Maîtres ! Aidez-nous à rendre justice ». C’est le respect mutuel, celui des grands. Qu’en est-il aujourd’hui ? La question reste toujours posée. Mais il faut rappeler à certains que nul n’a le droit de souiller la robe noire

Maître Mohammed KOULAL

*Avocat au Barreau de Relizane, agréé à La Cour Suprême et au Conseil d’Etat.

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