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Tlemcen : le charlatanisme fait des émules… et beaucoup de ravages

Le charlatanisme reste un phénomène omniprésent dans notre société. Des hommes et des femmes illettrés s’autoproclament phytothérapeutes capables de soigner toutes sortes de maladies incurables. De quelle manière ? Simplement en « prescrivant » quantités de potions magiques à des malades désespérés. Parmi leur clientèle, on rencontre de pauvres bougres mais aussi des intellectuels, voire des cadres supérieurs qui croient fortement aux pouvoirs des charlatans et chez qui il s’y rendent fréquemment à la recherche de remèdes pour des maladies graves telles que les cancers.

A travers la wilaya de Tlemcen, les « clients » des charlatans se font très nombreux ; pour des raisons diverses, ils croient en leurs pouvoirs et sont convaincus de leurs remèdes. Selon bon nombre de médecins, il s’agit d’une situation anachronique qu’il faut combattre avec détermination et courage. Ceux qui croient surtout aux supposés dons des charlatans-guérisseurs, ce sont surtout les analphabètes. L’absence d’éducation sanitaire en général favorise la prolifération des faux praticiens qui agissent à visage découvert. Certains se permettent même d’imprimer des cartes de visite que des complices diffusent à grande échelle. L’appât du gain fait que ces charlatans ne se soucient guère des conséquences de leurs actes sur la santé des gens.

Ces charlatans sont partout, ils investissent quotidiennement les souks hebdomadaires en dupant des personnes souvent désespérées et bien trop naïves. Formant une sorte de « halqa », le charlatan, tout en développant son baratin, étale ses remèdes miracles qu’il écoule des prix variant entre 500 et 800 DA la fiole. Jurant par tous les saints de l’efficacité de ses médications, le « toubib » réussit à écouler facilement sa marchandise. Et pour cause : tant qu’il existe des êtres crédules, le charlatanisme continuera de sévir.

À l’instar d’autres villes de la wilaya, Tlemcen compte un nombre important de charlatans et faux guérisseurs. Et les ravages qu’ils causent à la santé des personnes ne se mesurent plus tant ils sont dévastateurs. Le plus inquiétant, c’est que ces « praticiens » exercent leur « métier » en toute quiétude, alors que jusqu’à une époque récente, ils étaient traqués par les services de sécurité. L’impunité aidant, ils sont aujourd’hui installés partout dans les villages, les douars et les souks.

L’application des ventouses scarifiées (hijama) doit s’effectuer obligatoirement dans des cabinets médicaux spécialisés

Une saignée… mortelle

Plus connue sous le nom de « hijama », la saignée est pratiquée à grande échelle par des escrocs se faisant passer pour des « hakim », littéralement personne sage et disposant d’un savoir médical reconnu. Cette pratique menace plus d’un dans la région de Tlemcen, où la « hijama » s’effectue sans dans des locaux et avec des instruments où l’hygiène est la grande absente. Aspirer et extraire du « mauvais » sang avec des ventouses, après une scarification de la peau, est devenu un commerce juteux pratiqué par des personnes sans foi ni loi.

Face à la pratique illégale de la médecine par les charlatans, bon nombre de médecins n’a pas manqué d’interpeller tous les responsables locaux sur les dangers réels de la hijama, la comparant à une maladie qui ronge notre société comme un cancer.

Pratiqué par des barbus, pour la majorité des illettrés, la saignée, est devenue un phénomène de mode dans la région, tout le monde y recourt, en particulier les crédules qui croient toujours aux miracles.

L’ignorance, le laisser-aller et le manque de formation sanitaire facilitent la prolifération des charlatans dans notre société. Alors à quand le grand nettoyage ?

M. Medjahdi

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