Par Dr. Mohammed GUETARNI
Et on leur dira: « Aujourd’hui Nous vous oublions comme vous avez oublié la rencontre de votre jour que voici. Votre refuge sera le Feu; et vous n’aurez point de secoureurs. » (Coran : 45/34)
Le problème de la Palestine est très épineux, voire insoluble. Est-ce pour autant que les dirigeants arabes craignent Israël et son subrogé tuteur inconditionnel de toujours : les USA ? À voir la réalité, l’Amérique est devenue, aux yeux de certains pays musulmans, plus puissante que Dieu le Tout-Puissant. C’est pourquoi le dossier de la paix au Moyen-Orient reste dans le tiroir, le tiroir dans l’armoire, l’armoire dans le placard, le placard dans le mur, le mur dans l’édifice, l’édifice dans la cité, la cité dans les décombres, les décombres à Ghaza, Ghaza en Palestine, la Palestine au Moyen -Orient qui s’écroule sur terre en raison des frappes aériennes israéliennes. En 15 jours, on comptabilise plus de 5 000 victimes palestiniennes. Voilà le scénario des sempiternels conflits israélo-arabes.
À l’exception des ballets diplomatiques stériles et oiseux, que peuvent les dirigeants arabes, de l’Atlantique au Golfe persique, si ce n’est pleurer face à cette tragédie génocidaire de leurs frères ghazaouis et, du coup, de tout le peuple palestinien ? Les bilans vont toujours crescendo depuis le 7 octobre dernier, date digne d’être promue journée nationale : toujours plus de sang, toujours plus de morts, toujours plus de blessés, toujours plus de larmes, toujours plus d’armes, toujours plus de haine. En un mot : toujours plus de désolation. « Et si on demandait à l’enfance (palestinienne) enterrée vivante (sous les décombres) pour quel péché a-t-elle été pilonnée ? » Les dirigeants arabes n’auraient-ils une réponse à lui fournir ? Si ! Par leur faute et en raison de leur égoïsme proverbial.
« Il n’y a de voie [de recours] que contre ceux qui lèsent les gens et commettent des abus, contrairement au droit, sur la terre: ceux-là auront un châtiment douloureux. » (Coran : 42/42).
Ils ont toujours refusé de s’unir à l’instar de l’Union Européenne pour constituer un corps compact face à l’ennemi. Ils ont peur de la démocratie et de la liberté d’expression parce qu’elles les dénudent. Ils ont peur de leurs peuples en raison de leur incapacité et leur incompétence mais aussi de leurs fourberies politiques. C’est pour cette raison qu’ils les briment et les brident. Tous les pays de l’Union Européenne ont soutenu moralement et matériellement l’Ukraine en armes et en argent. En quoi la Ligue arabe peut-elle aider les combattants (et non des terroristes) du Hamas. Elle n’est plus qu’une ombre évanescente d’elle-même car elle n’a ni aura, ni moyen, ni force, ni puissance. Elle n’a même plus raison d’exister en raison des divisions « idiologiques » de nos potentats. Ces derniers ne montrent celles-ci (force et puissance) qu’envers leurs peuples. Ils se conduisent en minotaures redoutables pour les dissuader de se soulever à de même s’éterniser dans LEUR pouvoir sans concurrents. Leur devise : « Craignez-moi même si vous me haïssez » au lieu d’être vénérés par leurs peuples comme le fut Minos, un légendaire roi de Crète, un parangon d’amour, d’équité et de probité envers son peuple. Tandis que nos tyrannosaures ont un cœur desséché envers leurs peuples.
« Israël est un État criminel »
Plus de 5 000 victimes parmi la population civile et… désarmée (femmes, enfants, vieillards). Un génocide qui ne cache plus son nom. Le masque est tombé : Israël est un État criminel. Pourtant en temps de guerre, les civils sont protégés par les conventions internationales ainsi que les lieux de cultes (mosquées, églises). Les Ghazaouis meurent de balles, de bombes, de tortures, de faim, de soif, de fatigue, de désespoir. Jusqu’à quand continueront-ils à se nourrir, encore et toujours, d’un espoir qui ne semble point poindre à l’horizon ? Ils sont gagnés par un pessimisme ravageur. Molière a raison de dire dans sa pièce Les Femmes savantes : « Je vis de bonne soupe et non de beau langage. » Se plaindre indéfiniment à l’ONU, pour les Arabes, c’est hisser haut l’étendard de leur bassesse et l’absurdité de leur système de gestion politique.
Les défaillances de cette institution deviennent plus claires que le jour tant elle ne puit assurer les attributions qui lui sont assignées, à savoir la charge de protéger les faibles et les minorités dans le monde. Telles sont les prérogatives primordiale pour lesquelles l’ONU a été fondée. Hélas, elle ne joue plus son rôle. Elle est viciée de l’intérieur par les puissants qui gouvernent le monde. Ils le gouvernent par la force de leur technologie et de leur savoir. Ils le gouvernent par le respect de la démocratie à commencer par les résultats des urnes. Ces pays respectent la volonté de leurs peuples. Celui qui est élu doit sa victoire aux urnes et seulement à elles. Chez nous, ils sont « élus ?!? » par des moyens frauduleux alors qu’ils ne sont choisis ni par leurs électeurs, ni par leurs sociétés, ni par leurs nations. C’est, hélas, la vérité amère que vivent les peuples arabo-musulmans. Aujourd’hui, nous assistons impuissants face au drame subi par nos frères Ghazaouis. Pourtant, l’armée israélienne n’est pas si invincible qu’on le pense. Justement, elle frappe fort par crainte d’ouverture d’autres fronts d’attaque. Joe Biden prétend, à son âge, devenir le gendarme du monde. Cela relève de la démence sénile. C’est uniquement le Droit et la Justice qui peuvent l’être. Il somme l’Iran de ne pas entrer en guerre contre Israël. Ceci montre que les apparences sont trompeuses. Lorsque les Ghazaouis ont tout perdu, ils ne craignent plus la mort. L’exemple de l’Algérie est manifeste. Après 132 ans de présence coloniale, la Guerre de Révolution du 1er Novembre195-1962 a sonné le glas à la colonisation.
Israël, c’est les USA…
Pour l’incursion de quelques résistants palestiniens en Israël, le président Joe Biden, toute honte bue, a effectué, en personne et à son âge, une visite éclair pour rassurer son allié sioniste de toujours de son soutien indéfectible. Il a même envoyé deux porte-avions au Golfe pour dissuader quiconque oserait intervenir parmi les pays arabes et musulmans, particulièrement, l’Iran. Dans quelle posture chétive se trouvent les dirigeants arabo-musulmans ! Les Occidentaux veillent sur leur hégémonisme alors que nos gouvernants veillent sur leur arrogance et un culte fébrile de leur personnalité. Israël est, d’ailleurs, soutenue matériellement par tout l’Occident. Le peuple palestinien veut vivre sa vie, vivre comme tous les autres peuples. Selon un dicton, « Vivre d’espoir, c’est mourir à jeun. » Cette guerre a coûté la vie à plus de 1 400 Israéliens et a fait plus de 3 400 blessés. Hamas, mouvement islamiste de résistance, est classé « terroriste » par les États-Unis, l’Union européenne et Israël. La rage de Netanyahou le mène vers un nettoyage ethnique systématique des Palestiniens des plus criminels pour judaïser davantage les terres palestiniennes parce qu’il est assuré de son impunité. Cependant, le risque d’embrasement total de la région n’est pas à exclure. D’où la réaction du président palestinien Mahmoud Abbasqui a comparé ce « déplacement » au premier exode des quelques 760 000 Palestiniens au début de la création de l’Etat d’Israël en 1948. Eh… oui ! Tant que nos dirigeants refusent, par entêtement, d’apprendre et de comprendre le sens moral de l’Histoire, on se voit obligé de la répéter inutilement, voire dangereusement comme c’est le cas de cette tentative d’exode massif de 1 400 000 Palestiniens vers Khan Younès aujourd’hui ordonné par Israël. Celle-ci tire sur la corde au maximum tout en faisant jouer la corde sensible à outrance.
Depuis plus deux semaines de coupure, Israël décide de rétablir l’approvisionnement en eau (au compte-gouttes) et en denrées alimentaires de base (au compte-grammes) dans cette région située dans le sud de la bande de Gaza. L’objectif visé est de pousser le maximum de Palestiniens vers un deuxième exode. Que faudrait-il, de plus encore, aux dirigeants arabes pour dessiller les yeux et appréhender scientifiquement le sens de l’Histoire universelle pour en tirer les conséquences qui s’imposent. Dans quelques jours, cette tragédie sera vite oubliée comme fut oublié le massacre de Sabra et Chatila du 16 au 18 septembre 1982. Décidemment, les dirigeants arabes sont de mauvais élèves. Ils n’apprennent jamais les leçons et c’est aux peuples de payer l’ardoise lourdement. La phrase de Platon reste, encore d’actualité : « Tout ce que font les rois comme erreurs, les Grecs le payent. »
Risques graves
Personne ne doit souffler sur le feu de la guerre. Elle ne sera rentable pour aucun. À contrario, elle sera préjudiciable pour tous les participants. C’est-à-dire une guerre dévastatrice pour toute la région avec des armes de destructions massives. Israël en tête car elle ne doit point se croire invincible. Les pays arabes, qui ont signé des relations diplomatiques avec elle, doivent revoir leur copie et les annuler. Israël n’est pas l’ennemi des seuls Arabes mais de tous les Musulmans. Si Biden a enjoint l’Iran de ne pas se mêler au conflit, il doit, aussi, sommer Israël de cesser ses annexions des terres des Palestiniens. Si l’Amérique et, avec à sa tête, son président, ont de la poigne sur Israël, ils doivent l’amener à la table des négociations pour faire cesser définitivement tout conflit dans l’avenir. Il faut résoudre le problème du Moyen-Orient. Les Palestiniens n’ont plus peur de la mort. Du fait qu’ils soient privés de leur rage de vivre, ils ont opté, alors, pour cette rage de mourir en martyrs. Détruire HAMAS n’est pas la solution. Il continuera à se battre jusqu’à sa victoire totale et définitive. Autrement dit, la devise des Moudjahidine (et non des terroristes) c’est : vaincre ou… mourir en martyrs. C’est, pour eux, la meilleure des morts.
M. G.
*Enseignant à l’université de Chlef