Pour gagner le maximum de voix, les candidats aux différentes postes électifs promettent monts et merveilles aux électeurs. Lors des campagnes électorales, en particulier celles précédant les élections communales, ils font miroiter aux citoyens davantage de logements, de lots de terrain à bâtir, d’infrastructures socioéducatives et sportives pour les jeunes… et de meilleures conditions de vie à tous.
Dans la réalité, très peu de promesses sont tenues. A Ouled Ben Abdelkader, d’aucuns vous diront que, depuis au moins une trentaine d’année, aucun investissement d’envergure n’a été réalisé, à l’exception de quelques équipements socioéducatifs. Les programmes communaux de développement (PCD) sont souvent édictés par la tutelle administrative, la wilaya plus précisément, et ne tiennent parfois pas compte des réalités que vit la population.
Dans la plupart des cas, dès leur installation officiels, les élus « oublient » le programme qu’ils ont défendu et mettent parfois en porte-à-faux avec leurs propres idées. En plus de ne pas se sentir obligés de rendre des comptes aux électeurs, ils vont parfois jusqu’à user de leur pouvoir pour se venger de leurs opposants politiques. Pire, ils en arrivent même jusqu’à marginaliser une partie de la population pour des raisons tout à fait subjectives.
Ce type de comportement est courant à Ouled Ben Abdelkader où les querelles politiques se répercutent négativement sur la population.
Le CRBOA, qui s’en soucie ?
Le peu d’intérêt qu’accordent les élus locaux pour les jeunes de la commune est un fait palpable. L’exemple le plus édifiant est la mise à mort de l’équipe locale de football de la commune, le CRBOA, qui faisait le bonheur de tous les villageois. L’équipe avait atteint un degré de maturité qui lui aurait permis de jouer les premiers rôles dans le championnat amateur. Hélas, la petite équipe qui faisait trembler les grosses pointures du football de toute la région du centre-ouest n’existe plus. En effet, le club est à l’arrêt depuis l’installation de l’assemblée communale actuelle. Le CRBOA, qui regroupait des centaines d’athlètes toutes catégories et disciplines confondues, a été dissout. Les raisons ? Les autorités locales, les élus en particulier, en ont décidé ainsi sous prétexte qu’ils sont dans l’incapacité financière pour engager l’équipe dans la compétition.
Cette décision est inédite et insensée à la fois qu’aucune assemblée parmi toutes celles qui se sont succédé à la tête de la commune n’a osé de prendre une telle décision. Priver les jeunes de la pratique du sport et de distractions saines, c’est assurément les pousser vers l’oisiveté et le vice.
Une piscine, est-ce trop demander ?
Comme nous l’avons signalé maintes fois dans nos éditions précédentes, la population d’Ouled Ben Abdelkader souffre le martyre à cause du manque d’infrastructures de loisirs. Ici, il n’y a ni piscine ni bassin de natation. Et pourtant, il fait très chaud pendant plus de la moitié de l’année. En principe, Ouled Ben Abdelkader devrait disposer d’au moins une piscine semi-olympique et de plusieurs bassins de natation répartis à travers les quartiers populeux à l’image de Ziadnia. Précisons à ce sujet que, faute de piscines, plusieurs enfants et adolescents ont péri dans les eaux du barrage de Sidi Yacoub et dans les retenues d’eau réservées à l’irrigation des exploitations agricoles. Chaque année, un ou deux drames surviennent, notamment en période estivale où les températures atteignent des niveaux records.
Devant l’absence de piscines et de terrains de jeux appropriés, les jeunes passent la majorité de leur temps dans les cafés à fumer et à siroter thé et café, ne pensant qu’à fuir « l’enfer » de leur village. Beaucoup évidemment envisagent une émigration clandestine vers l’Europe comme nous l’a avoué ouvertement un garçon d’à peine 13 ans, collégien, qui a requis l’anonymat : « Tôt ou tard, je rejoindrai Karim, Maamar, Aymen et les autres. Dans ce village, il n’y a ni stade matico, ni piscine, ni rien du tout… Les enfants des familles aisées peuvent se rendre à la plage en ces temps caniculaires. Et nous les pauvres, que pouvons-nous faire ? »
Les propos de cet enfant résument une situation plus qu’alarmante sur laquelle les responsables de la wilaya devraient se pencher. Et dans le même temps, voir qu’est-ce qui empêche de construire une piscine dans une commune de plus de 25 000 habitants.
Un potentiel immense négligé
Pour nombre d’habitants, la région d’Ouled Ben Abdelkader pourrait sortir aisément de son sous-développement chronique car elle dispose de nombreuses potentialités : agricoles, forestières, minières et surtout touristiques. Ici, les lieux ne manquent pas pour initier des projets touristiques dans divers domaines. Il existe des forêts et des plans d’eau qui raviraient les amoureux de la nature et de la pêche. Des agences pourraient aussi organiser des trekkings et des randonnées de découvertes… Tout un ensemble d’activités qui aura des répercussions positives sur l’économie locale, confinée aujourd’hui à quelques activités agricoles qui périclitent à vue d’œil, faute de main-d’œuvre et d’investissements agroindustriels sérieux.
En attendant, les jeunes s’apprêtent, comme à l’accoutumée, à passer un été des plus moroses dans leur village-morgue ; les uns rêvant de traverser la Méditerranée, les autres, en particulier les diplômés universitaires, pensant à suivre l’exemple de leurs aînés qui ont quitté le village pour s’installer sous des cieux plus cléments.
Abdelkader Ham