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Ouled Fayet : une commune isolée d’Alger

Après une léthargie qui aura duré plusieurs années, les choses commencent à bouger à Ouled Fayet. De visu, la municipalité n’a jamais connu autant de travaux d’aménagement et de réhabilitation urbaines depuis l’arrivée de la nouvelle équipe de l’APC. Il faut toutefois déployer des sommes colossales d’énergie pour mettre à niveau le village et ses nombreux quartiers périphériques

Drivés par le jeune Halim Feradj, les membres de l’assemblée ont lancé un ambitieux programme de développement communal. Il s’agit en priorité de « rattraper » les monumentales erreurs commises par leurs prédécesseurs et, surtout, répondre aux doléances des citoyens qui se font de plus en plus nombreuses. La commune est en effet passée de moins de 10 000 habitants dans les années 1980 à plus de 100 000, voire davantage avec la construction de plusieurs cités d’habitation (social, promotionnel, AADL…). Ce qui implique de nouveaux investissements publics comme la construction d’établissements publics et autres structures sociales de proximité.

Le plus pressant était de de redonner un aspect plus avenant au village et ses alentours. Ici, les trottoirs sont de véritables pièges pour les piétons. Il faut en urgence les reniveler pour éviter que les passants ne se cassent la gueule en les empruntant. Chaque habitant s’est cru obligé de refaire la portion de trottoir à sa convenance, les uns y ont érigé des escaliers, d’autres des pentes d’accès à leur garage. Ces constructions anarchiques défigurent l’image de cette belle petite localité plantée sur les hauteurs du Sahel algérois et montrent on ne peut mieux le laisser-aller dont ont fait montre les précédents élus.

Et ce n’est pas tout : les élus se devaient de remédier à plusieurs dépassements commis par les anciennes APC. Comme l’autorisation des « extensions » sur la chaussée et les trottoirs. On peut constater de visu plusieurs magasins, aujourd’hui tout à fait « légaux », mordant sur l’espace public. Un magasin d’habillement en tôle trône de manière insolente sur le trottoir situé face au centre de santé mentale, à l’entrée nord du village. Un autre, de fruits et légumes, a pris quant lui la moitié de la chaussée menant à un vaste quartier. Idem pour une autre construction qui a avalé le quart de la rue menant à un immense lotissement, obstruant l’accès aux riverains …

Par où commencer ?

La tâche n’a pas été facile de faire reculer les « lignes » de front pour redorer le blason d’une collectivité mise à sac par une faune de prédateurs dont la plupart sont poursuivis en justice pour diverses affaires délictuelles.

Il faut dire qu’à leur élection à la tête de l’assemblée populaire communale, les élus d’Ouled Fayet se sont retrouvés face à des défis impossibles. Ici, il n’y a pas de marché communal. Les marchands de fruits et légumes squattent les trottoirs, vendent directement leurs marchandises depuis leurs camionnettes ou louent des commerces à des prix défiant toute logique. Ce qui, évidemment, se répercute sur les prix qui atteignent des niveaux inégalés.

Un projet de construction d’un marché communal a été lancé il y a près de 20 ans. Il n’a jamais vu le jour. Le site a d’ailleurs été enseveli. De l’argent public jeté par les fenêtres dont personne ne se soucie.

A Ouled Fayet, il y a d’autres aberrations : le transport public qui pose de graves problèmes de mobilité aux habitants. Les rares « bus » exploitant la ligne Ouled Fayet – Alger appliquent la politique de l’ex-FIS dissous en séparant les femmes des hommes. Un scandale qui n’a pas fait réagir grand monde. De plus, ces « bus » ont été bricolés de façon à contenir plus de monde. L’astuce consiste à enlever quelques sièges pour pouvoir y engouffrer plus de voyageurs debout. Dont le nombre légal qui est de 10 est passé à plus de 28 !

Les rares bus de l’ETUSA n’arrivent pas à drainer la foule nombreuse d’usagers, principalement les travailleurs qui sont obligés de se réveiller aux aurores pour se rendre à leur travail. Le hic est que les autobus rejoignent Ben Aknoun où il faut emprunter d’autres voitures pour les autres directions.

Le plus irritant, c’est que 98% des bus privés se rendent à Cheraga, l’ancienne commune mère. Pourquoi et pour quelles raisons ? Personne ne le sait.

Pourtant, la demande est très forte sur l’axe Alger-Centre et l’est de la capitale. Mais qui s’en préoccupe !

L’idée est d’installer des arrêts fixes sur la voie expresse Zéralda – Alger sur les deux côtés afin de permettre aux bus « accordéon » de l’ETUSA de marquer un arrêt au lieudit El Bahdja. L’espace existe où l’on pourrait installer des arrêts réglementaires. Arrêts qui ne gênent en rien la circulation routière, bien au contraire.

Et ce n’est pas tout. Bien d’autres soucis préoccupent les habitants et les élus de cette commune isolée de la capitale. Nous y reviendrons avec notre collaborateur en vous promettons bien des reportages sur cette belle région du Sahel algérois.

Younes Alloun

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