« Il ne manque à l’aveugle que le khôl ». « Quand le ventre est plein, il ordonne à la tête de chanter ». Ces deux expressions proverbiales, nous ne cessons de les entendre ces derniers jours à Chlef. Elles nous sont débitées dès qu’on interroge les citoyens sur ce qu’ils pensent du cirque Amar dont le chapiteau vient d’être nouvellement monté au niveau de la gare routière, sise à l’entrée ouest de la ville.
La direction du cirque a placardé des affiches et des affichettes annonçant sa présence dans pratiquement tous les quartiers, en particulier le long des grandes artères.
Nombre de citoyens que nous avons rencontrés et interrogés sur l’événement s’accordent à dire que le moment est « inopportun » pour organiser un spectacle de cirque. Pour beaucoup, le cirque est une « futilité ». Pour d’autres, « il est plus que jamais indispensable de ramener des projets et faire employer les gens qui ne trouvent pas de quoi subvenir aux besoins de leurs familles ».
Pour les jeunes, certains disent qu’ils sont « rongés » par le chômage et la cherté de la vie, ils n’ont donc pas le temps et les moyens de jouir de la féérie du spectacle, surtout que le billet d’accès est à 2000 DA. Un jeune oisif ajoute : « La majorité de la population de notre wilaya vit en dessous du seuil de pauvreté, beaucoup de parents ne rêvent même pas d’emmener leurs enfants pour une séance au cirque ». Et d’asséner : « Nos jeunes sont dans le besoin de travailler, se loger et se marier ».
« Ce genre d’attraction est destinée aux familles peuvent se permettre la dépense et non pas pour ceux qui se battent pour gagner leur pain quotidien », affirme un autre jeune travaillant comme serveur dans un café.
Si certains considèrent que le cirque vient rompre la monotonie ambiante de Chlef, où les loisirs se font rares et où les lieux de distraction sont pratiquement inexistants, d’autres ne sont pas près de cautionner l’installation du cirque à quelques jours seulement du mois de ramadan qui a ses propres exigences. Un mois connu pour ses faramineuses dépenses. Ils considèrent que « le moment est mal choisi » car on sait pertinemment que les enfants vont mettre la pression sur leurs parents pour s’y rendre.
Il y a lieu de signaler que l’accès est fixé à 2000 dinars pour la première classe, 1500 dinars pour la deuxième classe et 1000 dinars pour ceux qui se contentent de la troisième classe.
Abdelkader Ham