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Évocation : Moha Bessadek, une fortune au service de la Révolution   

Ceux qui ont vécu les affres de la guerre de libération nationale à Ouled Ben Abdelkader se rappellent sûrement de Hadj Mohamed Rabah Ould Essadek dit Moha Bessadek. Natif du douar Mouazria, rattaché alors à la tribu des Guerboussa, dans l’actuelle commune de Sendjas, il a vu le jour le 1er août 1918. Cet homme a mis toute sa fortune au service des combattants de l’ALN.

Au déclenchement de la guerre de libération nationale, Moha Bessadek avait 36 ans. C’était un commerçant respecté, propriétaire de parcelles de terre cultivables, d’un moulin à grains et de locaux commerciaux. Issu d’une famille très aisée, tout le monde louait ses mérites et surtout sa philanthropie. Il faisait employer les pères de familles démunies et des nécessiteux dans ses champs et ses exploitations maraichères, il venait en aide à toute personne dans le besoin et ce, avant, pendant et après la guerre. Sa participation à l’effort de guerre consistait en l’approvisionnement des Moudjahidines en argent, en vivres, effets vestimentaires et chaussures. Hadj Mohamed Ould Essadek employait des gens de confiance pour convoyer les vivres et les équipements vers leur destination : les maquis tenus par les éléments de l’ALN. Le transport se faisait à dos de mulet. Le convoi partait de la localité de Mouazria jusqu’aux piémonts di Djebel Saadia conduit par un habitué des lieux qui connaissait bien son chemin. Un jour, la caravane qui transportait aussi du blé et de l’orge, tomba dans une embuscade dressée par les soldats français. Fort heureusement, le convoyeur eut la vie sauve, il s’était volatilisé dans la nature dès les premiers crépitements de balles. Toutefois, les bêtes de somme et leur précieux chargement furent saisis par la patrouille militaire. Des Harkis furent ont reconnu les animaux. De quoi confondre Moha Bessadek qui écopa d’une grosse peine de prison.

Un courage exemplaire

Malgré son enfermement, malgré la surveillance stricte de ses proches, les opérations d’approvisionnement des maquis ne se sont pas arrêtées. Les convoyeurs utilisaient différentes techniques pour faire parvenir les précieux pataugas, vêtements chauds et vivres aux unités de l’ALN. Il arrive parfois que les opérations soient retardées à cause des ratissages de l’armée française. Une fois, un convoi a été repéré et a subi une attaque aérienne, selon les témoignages d’un des convoyeurs qui est toujours en vie. « J’étais employé par Hadj Mohamed, dit Ahmed, un octogénaire, pour convoyer les mulets jusqu’au Djebel Saadia » à l’Ouest, ou Djebel Tamadrara, du côté de Sendjas, à l’Est ; nous partions de Mouazria qui est située à 5 km de Masséna, nous marchions de nuit jusqu’à l’endroit indiqué par le coordinateur. Après la remise du ravitaillement, nous rebroussions chemin sans chercher à comprendre. Il y avait d’autres personnes qui reconduisaient le convoi à un autre endroit que nous ignorions. Nous ne connaissions pas ces gens-là, eux aussi ne nous connaissaient pas. Il nous est arrivé un jour que notre convoi subisse des raids aériens, l’un de nos mulets avait été déchiqueté par une bombe. »

Pour ce qui de Moha Bessadek, ajoute Hadj Ahmed, il a participé à l’effort de la guerre en mettant à la disposition de l’ALN tout ce qu’il possédait : « Il a mis sa fortune au service de la révolution, que Dieu ait son âme ! » conclut notre interlocuteur.

Hadj Mohamed Ould Essadek est décédé le 18 février 1981 par une journée pluvieuse. Il a été enterré au cimetière de Mouazria à quelques encablures de la commune d’Ouled Ben Abdelkader, la localité qui l’a vu naître et grandir avant qu’il ne s’installât au village puis en ville après la « zenzla », le tremblement de terre du 10 octobre 1980.

Abdelkader Ham        

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