Des dizaines de familles au niveau des différents villages et douars de Breira vivent un véritable calvaire à cause du manque d’eau potable. Cette situation est révélatrice du manque d’intérêt accordé à cette commune déshéritée de la wilaya de Chlef.
Il est vrai que la pénurie de l’eau potable a de tout temps préoccupé les habitants de Breira. Dans cette collectivité rurale dépendant de la daïra de Béni Haoua, dans la wilaya de Chlef, le stress hydrique s’est banalisé. Or, cette année, le problème a pris des proportions alarmantes car la situation est devenue insoutenable pour la population. C’est pourquoi de nombreux citoyens ont exprimé leur mécontentement et leur ras-le bol à travers les réseaux sociaux, dénonçant ce qu’ils considèrent comme mépris et hogra à leur égard de la part des responsables et élus locaux.
En effet, ce qui a provoqué l’ire des citoyens ce n’est pas le manque d’eau en soi. Ses causes sont objectives et multiples, il y a entre autres comme l’absence de ressources hydriques, le manque d’infrastructures hydrauliques ou, tout simplement, l’indigence en moyens servant à distribuer l’eau comme les camions citernes. Ce qui irrite les habitants, c’est bien la façon avec laquelle se fait la distribution de ce liquide vital. Le népotisme, le favoritisme et autres passe-droits sont les maitres-mots de la politique adoptée par les membres du clan influent au niveau de l’assemblée populaire communale de Breira, a accusé F. B., un citoyen de Tibridia. « Au moment où des familles n’ont pas reçu la moindre goutte d’eau depuis près d’un mois et se débrouillent comme ils le peuvent afin pour s’approvisionner en eau potable en recourant aux services de colporteurs d’eaux qui, eux, pratiquent des prix qui varient entre 1000 et 2000 DA la citerne, d’autres, grâce à leur proximité des responsables et élus locaux, sont alimentés régulièrement et en quantités plus que suffisantes », nous confient plusieurs citoyens. Ces derniers, révoltés et indignés, dénoncent cette injustice flagrante. « C’est une humiliation qui ne dit pas son nom », relèvent des contestataires.
« Tels des des pachas »
On nous explique que, pour justifier la défaillance en matière d’alimentation de la population en eau potable, le prétexte invoqué par les responsables est toujours le même : le tarissement du puits de la commune, d’un côté, et la réquisition des tracteurs et camions de la commune pour l’alimentation des établissements scolaires durant la fin du mois d’août et le début du mois de septembre, de l’autre. Cette explication ne convainc désormais plus personne car, nous dit-on, « les faits sont là pour démentir et détruire les arguments des responsables locaux ». Nos interlocuteurs, dont un membre de l’APC (appartenant au même clan qui fait la pluie et le beau temps) qui a requis l’anonymat, témoignent avoir assisté à des « négociations » entre des chauffeurs d’engins de transport de l’eau potable et des citoyens sur le prix à payer pour avoir leur eau. « Pour les amis et les proches, il suffit d’un coup de téléphone pour se voir servi tel un pacha » nous confie-t-on.
Pour couronner le tout, le douar où réside le maire, Chorfa en l’occurrence, n’a jamais manqué d’eau durant tout l’été, avons-nous appris de sources dignes de foi. À Breira, c’est le règne du tribalisme dans toute sa splendeur. Est-ce de cette manière qu’on peut développer les « zones d’ombre » et rendre l’espoir aux citoyens des régions défavorisées ? Allez savoir !
H. Boukhalfa