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Visite du président Macron en Algérie : un mea culpa sur volonté de réconciliation ?

La presse française a résumé les raisons de la visite du président Emmanuel Macron en Algérie. Disons plutôt « ses raisons » puisque, selon les commentateurs d’Europe 1, le Figaro, Le Monde ou Le Point, ce sont les questions relatives à la « Mémoire », au gaz et aux visas qui représentent les grands enjeux de la visite de trois jours du président français dans notre pays.

Ces affirmations qui ne sont pas dénués de vérité sachant la complexité des relations entre les deux pays et, surtout, les points de fixation dont les deux parties ne se sont jamais départies, qui bloquent une normalisation acceptée des deux côtés.

Entre la France et l’Algérie, ce sont aussi d’autres sujets plus pragmatiques à régler qui dépassent les passions communes et qui imposent d’être traités avec intelligence, courage et dans le respect et l’intérêt mutuel. Les présidents Tebboune et Macron auront, sans nul doute, à se pencher sur les questions sécuritaires liées au terrorisme, au crime transfrontalier et aux conflits qui minent la paix dans le monde, entre autres, la guerre faite au Mali et à tous les pays du Sahel outre le Moyen-Orient. Depuis quelques mois, l’Europe est elle-même en butte avec la guerre russo-ukrainienne qui s’éternise et dont les conséquences font craindre une confrontation nucléaire.

Toutes ces questions politiques et leurs pendants socioéconomique figureront en bonne place au menu des discussions entre les deux chefs d’État.

Expulsion excessive et fichés « S »

Or, assure-t-on du côté français, c’est bien le dossier des visas accordés par la France aux Algériens qui devrait figurer au cœur des échanges entre Tebboune et Macron. Ces derniers mois, Paris a réduit de moitié le nombre de visas aux algériens, prétextant du manque de coopération d’Alger sur la question de ses ressortissants en « situation irrégulière » en France. Pour Alger, il y a un abus en matière d’expulsion des algériens du territoire et a plaidé, par la voix de son ministre des Affaires Étrangères, la nécessité d’appliquer la loi de manière « non sélective » et « dans le respect de la dignité de la personne humaine. »

Dans une interview accordée le 5 février dernier aux chaînes françaises RFI et France 24, Ramtane Lamamra, a affirmé par ailleurs que les autorités algériennes veillent à ce que les accords algéro-français soient exécutés de manière « convenable » et dénie le refus de l’Algérie de recevoir ses ressortissants qui « n’ont plus rien à faire en France. Il a rappelé dans le même temps les conditions de l’Algérie : « Nous veillons à ce que les ressortissants ne soient pas rapatriés dans des avions charter et qu’ils puissent bénéficier des recours possibles avant qu’ils soient reconduits aux frontières ». Mais, a expliqué M. Lamamra, « lorsque certains annoncent publiquement qu’il faut faire du chiffre, c’est clair qu’il y a des abus ».

Plus important, il y a la question des fichés « S », autrement dit considérés comme proche de la mouvance islamiste radicale dont Paris veut se débarrasser. Ce sont pour la majorité des binationaux, donc « Français » à part entière, qui n’ont plus rien à faire en Algérie. Les plaies du terrorisme islamiste n’étant pas encore cicatrisées, il est clair que l’Algérie n’admettra jamais la présence de ces personnes sur son territoire.

Il y a lieu de rappeler que Gérald « Moussa » Darmanin, ministre de l’Intérieur français, avait annoncé que 7 730 obligations de quitter le territoire français avaient été prononcées à l’encontre des ressortissants algériens entre le mois de janvier 2021 et le mois d’octobre de la même année, chose qu’Alger avait fermement démenti.

Quoi qu’il en soit, pour les analystes français, la présence de Macron en Algérie devrait décrisper les relations tendues entre les deux pays. Emmanuel Macron et Abdelmajid Tebboune veulent « avancer », a souligné l’Élysée, peu après l’arrivée de Macron en Algérie. Les deux prochains jours nous en diront peut-être davantage sur le déplacement du président français en Algérie qui intervient sur fond de crise énergétique aiguë.

L. C.

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