Cela fait longtemps que le public chélifien n’a pas été convié à une véritable soirée artistique où l’artiste entre en totale communion avec le public. Cette fois-ci, et malgré la canicule qui interdit toute activité sociale, les chélifiens se sont rendus en force à la maison de la culture pour vivre l’instant d’une soirée, une grande fête avec Hoauri Benchenet et Assia Haddad.
C’est sous l’égide du ministère de la Culture et des Arts que la maison de la culture de Chlef a organisé, dans la soirée du 17 août dernier, la soirée musicale animée par le célèbre chanteur de Raï Houari Benchenet et la jeune chanteuse Assia Haddad. Les deux vedettes de la chanson font partie de la caravane des artistes en tournée nationale comptant pour le programme des festivités de la saison estivale 2021-2022.
La soirée a débuté à 20h avec la prestation de Assia Haddad qui a été remarquable avec « Nekkar El mheba », une chanson dont les paroles signées Belhadri sur une musique de Toufik Benmelah. La jeune chanteuse, qui s’est essayée dans un titre de Blaoui Houari très proche du genre « bédoui » et donc difficile à interpréter pour une femme. La chanteuse, rappelons-le, vient de se relever difficilement d’une paralysie qui l’a éloignée de la scène artistique depuis 2015. Haddad a su assurer sa présence magistralement devant un public acquis qui a marqué sa forte communion avec l’artiste. Cette dernière promet beaucoup dans les différents styles qu’elle a présentés sous les applaudissements et les youyous qui fusaient de partout dans cette salle archicomble où les familles étaient en force pour cette belle soirée d’été 2022.
Vint ensuite le moment le plus attendu de la soirée : l’entrée en scène de Houari Benchenet sous les applaudissements nourris de l’assistance qui lui a réservé une longue standing ovation pour son parcours artistique de plus de 40 ans de carrière. Il débuta avec la célèbre chanson mythique de « Arsam Wahran » que tout le public accompagna merveilleusement avec la star qui le lui rendra merveilleusement. La communion s’est déjà faite pour vivre des moments conviviaux entre Houari Benchenet et le public chélifien nostalgique assoiffé de musique oranaise et la musique en général.
Embarqués dans une ambiance des grands jours que rarement la ville de Chlef a vécue depuis des années, les présents, plus exigeants, ont vu leurs vœux exaucés ; ils ont savouré ainsi les différents tubes de son riche répertoire. Nostalgie oblige, certains présents étaient prêts à veiller jusqu’au petit matin avec la star qui n’a rien perdu de sa verve avec sa belle voix de tous les jours.
Toutes les conditions étaient réunies pour la réussite de cet événement fort en couleurs et en musique : orchestre professionnel, une bonne sonorisation dans la grande salle climatisée et un public de connaisseurs.
La fête a duré tard dans la nuit pour le grand bonheur de l’assistance qui est restée jusqu’à l’ultime minute, très satisfaite d’avoir vécu ces merveilleux moments avec les deux artistes.
Un long parcours artistique
Natif du quartier d’El Hamri, Houari Benchenet qui vient de fêter ses 61 ans ne fait en aucun cas son âge et ce, malgré son absence artistique depuis de bons moments. Il garde toujours son élégance intemporelle et sa présence magistrale sur scène. Influencé par la musique oranaise et surtout par Blaoui Houari, il est encore surnommé le « Maître du Raï » depuis son début de carrière en 1975. Alors qu’il n’était qu’un simple adolescent, il commença à chanter dans un genre influencé par Blaoui Houari et Ahmed Saber. Il enregistra son premier tube en 1977 chez Abdelkader « Cassidy » intitulé « Dellali ». Le succès était considérable, d’où son ascension fulgurante sur la scène artistique nationale.
Houari Benchenet fait partie de cette seconde génération du Raï moderne qui a remplacé Messaoud Bellemou, Belkacem Bouteldja et les autres. Il représente avec Khaled, Cheb Sahraoui, Cheb El Hindi et Cheb Hamid ce que l’on appelle « les révolutionnaires » du Raï. Ils ont introduit le synthétiseur dès les années 70 et ont fait volé en éclats les tabous qui tournaient autour du Raï.
Le festival du Raï de 1985 à Oran a fait entrer l’artiste dans tous les foyers algériens par l’intermédiaire de la télévision.
Benchenet est un cas particulier dans le rythme oranais, ses poèmes construits et textes ciselés, expurgée de toute trivialité intempestive, nécessitent une certaine attention. Mais Houari n’oublie pas de chanter en oranais pur, malaxant arabe, français, berbère, et espagnol. C’est Mekki Nouna qui l’a fait son succès avec « Arsam Wahran », « Loukan el bka irodli lifet » etc… Écrivant lui-même les paroles de ses chansons et composant sa propre musique avec plus de 400 titres.
Hocine Boughari