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Enquête sur le massacre de Melilla : le Conseil marocain des droits de l’Homme rejette la faute sur les migrants

Les conclusions du rapport préliminaire du Conseil marocain des droits de l’Homme (CNDH) sur le massacre des migrants au point de passage entre Nador et Melilla, présenté, mercredi dernier, à Rabat, est un véritable concentré d’incohérences et… de mauvaise foi.

Selon les conclusions de la mission d’enquête du CNDH, « les données collectées et les témoignages recueillis sur les méthodes adoptées pour franchir la clôture métallique ont permis d’élaborer un cadre général chargé d’enseignements relatifs aux formes, évolutions et mutations qui caractériseront inévitablement les futures tentatives menées par les migrants ».

Outre ce préalable où l’on devine l’ombre des services secrets du royaume chérifien, le CNDH fait seulement état de la mort de 23 personnes « dont cinq sont arrivées décédées à l’hôpital ». Le Conseil ajoute qu’il y eut 217 blessés dont 77 parmi les migrants et… 140 parmi les forces publiques !

Plus grave, les défenseurs marocains des Droits de l’Homme affirment que les décès enregistrés ont été causés par « asphyxie mécanique sur suffocation provoquée par la bousculade et l’agglutination du nombre important de victimes dans un espace hermétiquement clos (catastrophe de masse), avec mouvement de foule en panique ». Pour sauver la face, ils s’autorisent une porte de sortie en soulignant que, nous citons : « L’autopsie demeure la seule voie à même de vérifier avec précision les causes de décès dans chaque cas ».

Et d’ajouter une reculade : « La commission n’a pu déterminer si l’origine des blessures de certains migrants qu’il a visités provenait des chutes et des bousculades ou de blessures résultant d’un recours disproportionné de la force, relève le rapport du CNDH ».

(…)

Le rapport poursuit : « La commission a mené des entretiens avec les autorités et les associations non gouvernementales et a rencontré les migrants blessés hospitalisés, précise le document, soulignant que tous ont unanimement soutenu qu’il n’y a pas eu de recours aux balles, que les forces de l’ordre ont utilisé des matraques et du gaz lacrymogène ».

La présidente du CNDH, qui a présenté elle-même le rapport préliminaire, a indiqué en outre que, « selon des informations recueillies, en particulier de la part d’organisations non gouvernementales, la commission invoque l’hypothèse de survenance de violences derrière la clôture en raison de la réticence ou de l’hésitation des autorités espagnoles à fournir l’assistance et les secours nécessaires, malgré les bousculades et l’accrochage des migrants devant les  portes tourniquets restés hermétiquement fermées, ce qui a eu pour effet probable une aggravation  du nombre de décès et de blessées ».

De même, a-t-elle précisé ceci : « Les témoignages recueillis par la Commission lors des différentes réunions ont mis en exergue l’afflux d’un nombre important de migrants de nationalité soudanaise, dont certains sont arrivés au Maroc début 2021 et qui sont détenteurs du statut de « demandeur d’asile ». Ces témoignages ont souligné que les tentatives de mars 2022 ont été conduites par des migrants de cette même nationalité. Cela pourrait être considéré comme un changement dans la composition de nationalité des migrants qui se trouvent dans la province de Nador ».

Et de noter « l’émergence d’un changement fondamental marquant les tentatives de passage de Nador à Melilia. Ce changement est lié à la forme adoptée, à savoir un assaut soudain, bien organisé et inhabituellement mené durant la journée, ayant ciblé le passage et non la clôture grillagée et ayant tenté de forcer le passage au lieu d’escalader le grillage…

D’où la conclusion suivante : « Les affrontements, qui constituent, d’après le CNDH, un précédent «inédit» au niveau des tentatives visant à franchir la clôture séparant Nador et Melilla ont été caractérisés par une violence aigue simultanément perpétrée par un très grand nombre de migrants (estimés à environ 2000 personnes) armés de bâtons, de pierres et d’armes tranchantes».

L. C.

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