L'Algérie de plus près

Relance du tourisme en Algérie : une affaire de volonté politique

La relance du tourisme en Algérie est d’abord tributaire d’une réelle volonté politique capable de traduire les belles intentions énoncées dans des discours en actes concrets vérifiables sur le terrain.

Pour cela, il ne s’agit pas seulement, d’élaborer sur le papier des « plans directeurs » de développement de ce secteur stratégique, à court, moyen et long termes, aussi ambitieux soient-ils. Il faut absolument mettre en œuvre ces plans avec la rigueur, le suivi et le bilan d’étape qui s’imposent.

Nul besoin de disserter sur l’importance stratégique du secteur touristique pour l’économie nationale en tant qu’un des substituts durables et non périssables aux hydrocarbures, pour convaincre de sa nécessaire promotion.

Nul besoin également, de citer les nombreux apports à haute valeur ajoutée d’un tourisme valorisé, en faveur d’autres secteurs comme l’agriculture, l’artisanat, la culture, les transports, les services, les industries divers et surtout l’emploi. L’Algérie, 10ème plus vaste pays dans le monde et premier en Afrique, dans le monde arabe et le bassin méditerranéen, disposant d’une position géostratégique enviable en tant que porte d’accès au continent noir et à l’Europe, reste une destination touristique parmi les moins courues de par le monde. Non pas que la destination Algérie manque de potentialités et d’atouts touristiques à même de drainer les consommateurs aussi bien locaux qu’étrangers, loin s’en faut. Il suffit pour cela de consulter les prospectus distribués par les promoteurs nationaux, du tourisme, en tête les agences locales, pour s’émerveiller devant les variétés de ressources touristiques dont s’enorgueillit l’Algérie, sans hélas, que son économie et, partant, ses habitants n’en tirent profit, contrairement à nos voisins immédiats (Maroc, Tunisie) et outre-Méditerranée (Espagne, Italie, France, Grèce…).

Une volonté politique d’abord

Disposant de plusieurs zones climatiques et sur lequel brille le soleil pendant plus de 3 600 heures par année, notre pays offre plusieurs produits touristiques : le tourisme balnéaire, de montagne, de campagne, d’affaires, le tourisme urbain, saharien, sanitaire, culturel et même religieux, qui ne demandent qu’à être judicieusement exploités. Si « c’est le fonds qui manque le moins », ce qui fait défaut, en revanche, c’est cette volonté politique des décideurs, de prendre le secteur à bras le corps, pour en faire l’un des leviers sûrs du développement national.

Selon une récente étude d’un universitaire algérien, le tourisme mondial représente actuellement un revenu de plus de 300 milliards de dollars, et dans certaines localités, il constitue le premier pourvoyeur de fonds. En Algérie, la position géographique du pays au carrefour des routes aériennes, la richesse de sites ainsi que la diversité artistique et culturelle représentent des atouts majeurs qui font que le pays dispose tant sur le marché régional qu’international d’énormes atouts.

À cela s’ajoute un environnement sociopolitique favorable contrairement aux pays voisins. Or, déploret- il, le tourisme chez nous rapporte seulement 0,14 % des recettes de devises du pays. À cause de sa marginalisation, le tourisme qui contribue jusqu’à 50 % au PIB de certains pays européens, leaders mondiaux en la matière, (Espagne, Italie, France, Grande Bretagne), n’apporte au PIB de l’Algérie que l’insignifiant taux de 2%. Selon les responsables du tourisme, ce secteur ambitionne de participer à hauteur de 10% à la hausse du PIB dans les toutes prochaines années. D’après les données officielles, la contribution du tourisme au PIB est passée à 4% contre seulement 2% à fin 2015, et les revenus issus du secteur s’étaient établis à fin 2015 à 400 milliards de dinars, générant une valeur ajoutée de 270 milliards de dinars pour l’économie nationale. Autant dire des broutilles !

En finir avec la malédiction du pétrole

Victime depuis longtemps, de « la malédiction du pétrole », la relance du tourisme en Algérie commence à susciter ces derniers temps l’intérêt du gouvernement, il est vrai, secoué par la réduction drastique des revenus financiers issus des exportations des périssables hydrocarbures. À en croire nos gouvernants, le tourisme constitue une priorité dans la stratégie de diversification de l’économie nationale décidée après avec la survenance de l’actuelle crise pétrolière qui frappe le pays.

Comment relancer ce secteur ?

Beaucoup de chercheurs et responsables ont précisé les mesures à prendre pour la promotion du tourisme, notamment les projets relatifs à l’extension du réseau autoroutier, autoroute est-ouest et ses pénétrantes, les routes du littoral, l’autoroute nord-sud, l’autoroute des hauts plateaux, la modernisation du réseau ferroviaire, le métro d’Alger et les Tramways d’Alger, Oran et Constantine. Il est question également d’élaboration d’un plan de valorisation de l’Algérie en tant que destination touristique à l’effet d’accroître son attrait et sa compétitivité, le développement des pôles touristiques d’excellence par la rationalisation de l’investissement et le développement dans le but de mettre en évidence l’authenticité du potentiel touristique de l’Algérie, la mise en application du plan qualité tourisme pour l’adaptation des offres touristiques aux normes internationales en matière de qualité, et ce, par la modernisation et la mise en conformité du système d’enseignement et de formation et l’intégration des technologies d’information et de la communication

 La relance du secteur passe par l’investissement national public et privé tous azimuts, qui soit rigoureusement contrôlé, pour éviter que le foncier destiné à ce créneau ne soit pas détourné à d’autres fins, comme cela s’est passé partout notamment sur le littoral, et surtout, facilité et débureaucratisé.

Enfin, pour relancer le tourisme, il ne suffit pas de disposer d’infrastructures d’accueil aussi modernes soient-elles, si les mentalités des agents et autres acteurs du secteur ne subissent pas des transformations radicales balayant les postures et attitudes dominées par l’indifférence, le mauvais accueil du consommateur pour ne pas dire son mépris. Lorsque la notion en vigueur sous d’autres cieux touristiques, selon laquelle « le client est roi », se vérifiera partout chez nous, on pourra dire que le tourisme, ici, commence à émerger de sa longue hibernation.

A. M.

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