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Cimetière chrétien d’El Karimia : un lieu historique à l’abandon

Ne dit-on pas que le passé d’une nation est le symbole de son présent ? Mais pour prouver la certitude de cette expression, il faut préserver les lieux témoignant sur le passage des civilisations. Ce qui n’est pas le cas pour le cimetière chrétien d’El Karimia, ex-Lamartine, où se trouvait une quinzaine de tombeaux datant de l’ère coloniale française. Avec leur forme et leur style propres aux cimetières chrétiens européens, les tombes sont érigées en béton armé résistant aux aléas de la nature et du temps. Aujourd’hui, ce lieu cultuel demeure dans un état lamentable, ruiné, saccagé voire détruit car les tombes sont carrément masquées par l’herbe vert au printemps, devenant jaune et épineuse en été. D’après les vieux de la région, notamment ceux ayant côtoyé les colons avant l’indépendance, le cimetière était un endroit magnifique planté de fleurs de toutes les couleurs. Les tombes étaient bien alignées, il en est même qui étaient bordées de grilles en fer forgé.

Selon les mêmes témoins, personne parmi la population arabe n’osait s’approcher de ce lieu. Ma tante, paix à son âme, m’a raconté que, pendant son enfance où elle gardait son troupeau en environs du cimetière, les enterrements chrétiens l’ont marqué toute sa vie. Elle a avoué qu’elle admirait la façon d’inhumer les morts chez la communauté chrétienne ; tout se déroulait dans le calme, tous les présents étaient bien habillés et tenaient des gerbes de fleurs à la main.

Aujourd’hui, il n’y a plus de personne de confession chrétienne dans le village et, selon les anciens, il n’y eut aucun enterrement depuis l’indépendance en 1962.

Des objets typiques du cimetière ont disparu, victimes de la prédation. Il existait une belle porte en fer forgé à l’entrée située sur la route du « petit barrage » qui a été subtilisée.

Une question mérite d’être posée : quelle est l’institution censée préserver ce genre de lieu qui rappelle une page de l’histoire de toute la région ?

M. Mostefaï

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