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Nouvelle laiterie d’Ouled Ben Abdelkader : de l’euphorie à la déception

En 2016, Tahar Beldjabbar, ingénieur d’État en agronomie, a déposé auprès des services de la wilaya un projet d’investissement agroindustriel à Ouled Ben Abdelkader. Plus précisément, l’agronome s’est proposé de réaliser une laiterie dans cette commune à vocation essentiellement agricole. Son projet a été salué par les citoyens car ici, comme dans la plupart des régions du pays, les pénuries de lait sont fréquentes pour ne pas dire chroniques.

M. Beldjabbar a entrepris toutes les démarches nécessaires et accompli toutes les formalités techniques et administratives. Inscrit au registre de commerce après avoir obtenu toutes les autorisations, il s’était lancé aussitôt dans la construction de son usine au niveau de la zone d’activité du chef-lieu de commune. Il réalisa tout un ensemble de bâtiments dont le bloc devant abriter les installations et les équipements de production, une aire de stockage, un bloc administratif, un logement et nombre d’autres dépendances.

M. Beldjabbar est convaincu qu’il a fait le bon choix car le lait est très demandé aussi bien à Ouled Ben Abdelkader qu’à travers les autres communes limitrophes. De ce côté-là, il ne peut y avoir de mévente, bien au contraire. De même, son projet a reçu aide et appui de la part des différentes administrations publiques. Il avoue que tous les services techniques et administratifs concernés lui ont facilité la tâche tout au long de la maturation de son projet. Cependant, « l’avancement du projet a été contrarié par la survenue de la pandémie qui a mis tout le monde à genou », selon ses propos. Pour l’investisseur, « les choses ont commencé à se compliquer de plus en plus, surtout pour le transport du matériel à partir de l’étranger ».

Et de préciser : « Je me suis fait établir plusieurs factures proformas de la part de fournisseurs étrangers spécialisés dans la production d’équipements pour laiteries, l’un d’eux m’a fait une proposition très intéressante et j’ai passé un contrat avec lui, il devait m’envoyer les équipements il y a quelques mois. Or, le coût du transport maritime est passé de 3 000 à 18 000 dollars, cette augmentation subite a entravé l’opération, les seuls frais de transport pourrait me valoir les yeux de la tête. Tout cela m’a obligé à tout mettre en stand-by ».

Pour autant, M. Beldjabbar ne veut pas baisser les bras : « En dépit de ces circonstances défavorables, je pourrais quand même commencer à produire du lait si l’Office National Interprofessionnel du Lait (ONIL) consent à des quotas de poudre de lait importée ». L’agronome précise à ce propos que la quantité du lait cru produite localement par certains éleveurs est estimée à moins de 10 000 litres par mois. Selon lui, cette production est dérisoire. « Les rentrées ne pourront même pas assurer les frais de fonctionnement car, pour que notre entreprise soit rentable, il faut qu’elle produise environ 20 000 litres par jour », explique-t-il, soulignant que pour atteindre ce seuil de production, il faut, dans un premier temps, l’aide de l’ONIL.

Un autre problème vient de s’ajouter aux tracs de l’investisseur et risque de retarder davantage la mise en route de l’usine : le certificat de conformité sanitaire qui n’est délivré qu’après l’installation des équipements. Pour mettre rapidement son projet en route, l’investisseur sollicite le ministre de l’Agriculture pour une éventuelle intervention auprès de l’ONIL afin de lui faciliter la procédure d’acquisition de la poudre de lait.

Sur un autre plan, l’investisseur se dit être prêt à engager d’autres fonds pour que son entreprise soit opérationnelle « très rapidement », mais il n’est pas sûr que l’ONIL accepte son dossier d’adhérent et donc le bénéfice d’un quota de poudre de lait.

« Si jamais un quota de poudre de lait m’est attribué par l’ONIL, je triplerai la production qui passera de 20 000 litres à 60 000 litres par jour ; cela aura des répercussions positives sur tous les intervenants, notamment les éleveurs, qui seront encouragés à produire davantage de lait. Je ne parlerai pas des postes de travail qui seront créés. Enfin, on ne pourra plus parler de crise ou de tension sur le lait », assure M. Beldjabbar.

La laiterie compte développer sa production en installant d’autres chaines de transformation afin de produire plusieurs variétés de fromage, de yaourt et du beurre.

L’investisseur lance un appel à qui de droit, en premier au ministre de l’Agriculture, pour bénéficier de quotas de poudre de lait. Le cas échéant, l’investisseur s’engage à commencer à production d’ici à trois mois au maximum.

Abdelkader Ham     

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