L'Algérie de plus près

Paysage plastifié, humeur froissée

Par Rachid Ezziane

Il n’y a pas si longtemps, quand on prenait le train ou la route, par bus ou voiture, on s’émerveillait devant les étendues des champs et des vergers. Le vert de la nature emplissait nos vues, redonnait à nos âmes de l’allégresse et dilatait nos cœurs du bonheur instantané. Chaque paysage avait sa forme et ses couleurs. Là, un champ de blé ondoyant avec la brise. Là-bas, une orangeraie embaumant les alentours d’une fragrance agréable. Encore plus loin, on admirait les flancs des montagnes gorgés de soleil et d’arbres fruitiers. Tout était à portée de vue et même de main. Le fellah trouvait du plaisir à étaler son savoir-faire au passant, offrait même un peu de fruits de son labeur…

Et puis tout d’un coup, comme si tous les fellahs et agriculteurs du pays se sont passé le mot à vouloir cacher tout ça. Mais là où le cœur du promeneur s’étonne est quand il voit tous ces champs et vergers clôturés de plastique. Rares sont les parcelles à l’état naturel. Mais le treillage au film plastique, d’après la cadence, d’ici quelque temps aura fait sont tour du pays. Ils nous ont non seulement privés d’une belle vue, mais donné une hideuse image à la nature. Avez-vous remarqué toutes ces palissades en plastique, noir ou d’une autre couleur, le long des routes ? N’est-ce pas une image dégradante de notre belle nature ? N’est-ce pas une façon de tuer la terre et les bonnes humeurs ?

Dans quelques lieux, si ce n’est partout où la terre est généreuse, quand au loin vous semblez voir une mare d’eau, sachez que ce ne sont que des sillons de maraîchage couverts de film de plastique. Où vont ces tonnes de plastique une fois la saison de ces fruits ou légumes passée ?

En vérité, ce sont plus ces clôtures moches et nuisibles pour la nature et l’environnement qui intriguent plus l’écologiste et le simple citoyen. Dans quelques endroits, et ils sont nombreux, le vent n’a laissé que des lambeaux de ce plastique. Alors l’image est d’une telle hideur que le commun des passants pense à quelque bataille imaginaire.

Le ministère de l’Environnement est-il au courant de cette situation si dégradante pour l’environnement et l’écologie ? Qui a conseillé cette idée de clôturer les champs et les vergers avec une telle laideur ?…

Le plastique tue, et la vie et l’esthétique. Déjà que notre quotidien est saturé avec tous ces sachets noirs que les autorités veulent changer avec d’autres moyens biodégradables, voilà que l’on vienne ajouter à cette satiété ces barrières « d’outre-tombe ». S’il vous plait ! amis fellahs et agriculteurs rendez nous nos terres verdoyantes. Nous en avons besoin pour notre bien-être, mais aussi pour que notre terre continuera à fleurir de belles moissons. Et par les vitres des trains et des voitures nous continueront à les admirer.

R. E.

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