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Une rentrée scolaire difficile à Breira

Pénurie d’eau, manque de chauffage, transport aléatoire des élèves…

La rentrée de l’année scolaire 2021/2022 intervient dans un contexte des plus difficiles. La situation économique des familles se détériore à vue d’œil. Ainsi, nombreux sont les parents d’élève qui se trouvent dans l’incapacité de faire face aux frais que nécessite la rentrée des classes de leurs enfants à cause de la dégradation du pouvoir d’achat qui ne cesse de s’aggraver et le chômage qui touche de plus en plus de la population à Breira.

En effet, la flambée des prix qui touche la quasi-totalité des produits sur le marché et le manque de ressources financières ont fait que la majorité des parents d’élèves ne savent plus à quel saint se vouer. Ils subissent les coups, sans réagir, des dépenses sans recette. Une véritable asphyxie. La rentrée des classes va leur donner le coup de grâce. Les prix  des fournitures scolaires sont devenus inabordables sans parler de ceux des vêtements qui obligent la pluparts des parents à recourir à la friperie pour habiller leurs enfants. Heureusement que les livres scolaires sont distribués gracieusement pour les enfants des familles démunies.

Il faut reconnaitre que la quasi-totalité des élèves de la commune de Breira bénéficient de cette aide de l’Etat à quelques exceptions près. Mais cette année, il semble que beaucoup d’élèves en seront privés pour la simple raison que leurs parents possèdent la carte de « fellah » comme nous l’a appris un citoyen de Béni Akil, ce qui les exclut de cette aide. Or, il est de notoriété publique que les habitants de la commune de Breira sont agriculteurs de père en fils. Toutefois, il s’agit d’une agriculture de subsistance, autant dire une agriculture non lucrative ; elle suffit à peine à couvrir les besoins de la famille en matière de fruits et légumes et parfois de céréales. La construction du barrage Kef Eddir a contraint de nombreux agriculteurs à quitter la commune pour s’installer dans d’autres wilaya comme Mostaganem, Ain Témouchent, Oran ou Saida. D’autres, très nombreux, ont tout simplement cessé leur activité faute de moyens car le fait d’investir loin de chez eux exige des moyens colossaux. Ce sont ces derniers qui payeront les frais du fait de posséder cette carte de fellah : leurs enfants seront privés de la prime de scolarité estimée à 5000 DA et des livres scolaires.

Pénurie d’eau et rotation des bus à revoir

Le revers de la médaille que cache la construction du barrage de Kef Eddir n’a pas affecté les investisseurs agricoles uniquement, même les ouvriers journaliers en pâtissent puisqu’ils sont livrés au chômage dans la mesure où les fermes et les champs agricoles où ils travaillaient se sont réduits comme peau de chagrin à cause de la montée des eaux et de l’inondation irréversible de centaines d’hectares de terres arables. C’est le cas d’un jeune d’Azmouya que nous avons rencontré sur le chemin du retour. « Je me suis levé à 4 heures pour aller cherche du travail à Souk Lethnine mais j’en suis revenu bredouille, personne ne veut de mes services, les opportunités de trouver un travail sont très rares », nous a-t-il confié.

« Pourquoi n’êtes-vous par parti ailleurs comme la plupart des jeunes qui vont travailler à Mostaganem ou Oran », lui avons-nous demandé. « Je ne peux pas, je suis malade, je prends des médicaments et je ne supporte pas l’insalubrité des lieux où vivent les ouvriers », nous a-t-il répondu. S’agissant des conditions d’accueil des élèves au niveau des établissements scolaires, elles sont toutes réunies d’après le secrétaire général de la commune qui a insisté sur le transport scolaire qui, dit-t-il, sera disponible dès le premier jour. Mais notre interlocuteur semble ignorer la réalité du terrain puisque le système de la division des classes en groupes est toujours en vigueur, ce qui va poser problème dans le cas où les responsables des établissements scolaires opteraient pour l’accueil du premier groupe le matin et le second l’après-midi. Il y a en effet un seul départ de bus le matin et un seul retour en fin d’après-midi. Les élèves qui entrent à 12h et ceux qui sortent à la même heure seront de fait pénalisés. À moins qu’il n’y ait deux rotations.

Concernant le problème que constitue la pénurie d’eau dans la commune et donc dans les établissements scolaires, notre interlocuteur promet de trouver une solution. Signalons que le jour de la signature des PV d’entrée, les enseignants de plusieurs établissements scolaires n’ont pas trouvé une goutte d’eau pour se rincer les mains. Même les robinets des sanitaires se trouvaient à sec. Le directeur d’une école primaire que nous avons rencontré nous a confié qu’il va rencontrer des responsables de la mairie pour exposer la situation catastrophique dans laquelle se trouve son école où il n’y a ni eau ni chauffage en plus de la saleté et la poussière qui a rendu les lieux infréquentables.  

Par ailleurs, la nouvelle école primaire de Zehraoua dont les travaux sont achevés depuis deux ans ne semble pas être prête d’ouvrir ses portes aux petits élèves qui doivent par conséquent parcourir plusieurs kilomètres à pied pour rejoindre les bancs des écoles du chef-lieu de la commune ou celle de Chorfa. La structure est prête pour accueillir les élèves, il ne reste que son équipement, nous informe le secrétaire général de la commune, M. Djamel Chettah. 

Hassane Boukhalfa

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