Par Rabah Saadoun
«On n’oubliera jamais le geste coup de pouce du défunt Abdelkader Baroud, Allah yerhmou (paix à son âme). Il nous a vraiment mis les pieds dans l’étrier». Ce témoignage poignant des membres du groupe légendaire de musique des années seventies, en l’occurrence «Les fils du soleil», a fait renaitre dans ma mémoire la générosité et l’empathie d’une icône de la ville de Vialar. Monsieur Abdelkader Baroud, c’est à lui que je voulais rendre hommage à travers ce modeste papier. Lui qui n’hésitait jamais à rendre service à quiconque le lui demandait, lui qui, tout au long des mois de ramadhan, laissait son salon ouvert aux nécessiteux de la ville. En effet, à quelques minutes avant l’appel à la prière du «maghreb» annonçant la rupture du jeune, des dizaines de sans abris et de pauvres se dirigeaient vers sa maison car ils savaient pertinemment qu’ils seraient accueillis et servis. Cette bonne habitude durait tout le mois sacré et se répétait chaque année. La matinée de la fête de l’Aïd Seghir ou celle de l’Aïd El Kébir, c’est le même son de cloche. Une grande file de personnes dans le besoin se mettait le long de sa villa pour recevoir Zaket El Fitr ou leur part de viande. La même scène se déroulait le jour sacré de Achoura, chaque nécessiteux recevait sa part d’argent. J’en témoignerai de cela le restant de ma vie. Quand il s’agit d’un décès dans son voisinage, il n’hésitait pas un instant à assister pour non seulement présenter ses condoléances mais surtout pour apporter son aide. Il donnait ordre à ses fils Bakhti et le regretté Hamma pour ramener chaises, tables et le nécessaire des denrées alimentaires dont la famille du défunt avaient besoin. Il était parmi les premiers à venir nous voir lorsqu’on avait perdu cruellement une frangine ce mois maudit d’avril 1999. «Si vous avez besoin de quoi que ce soit, n’hésitez pas !», nous avait dit le regretté Abdelkader. Et sans qu’on ne le lui demande, on apercevait quelques minutes après ses fils ramenant chaises, tables et quelques denrées alimentaires utilisées lors des cérémonies mortuaires. Je n’oublierai jamais son geste.
Le regretté était un philanthrope né qui détenait toutes ses qualités de son défunt père si Abderahmane El Boulissi (le policier) que je n’ai pas eu l’occasion et surtout l’honneur de connaitre. Mais de l’avis de tous ceux qui ont côtoyé son géniteur, il était aussi bon que son fils. Si Abdelkader, au même titre que son père, a fait sa part dans la révolution algérienne que ce soit d’une manière directe ou d’une manière indirecte.
Actuellement, quand on évoque le regretté, chacun y va de sa propre histoire avec lui et c’est souvent des histoires de services rendus, d’aide ou tout simplement pour dire du bien du regretté en parlant de ses qualités morales. «Il m’a aidé à rembourser mes dettes», «il m’a aidé à acheter des médicaments», «il m’a aidé à régler une facture salée d’électricité», «il m’a aidé le loyer», vous diront les uns et les autres…
Son cafétéria situé au centre-ville et qui existe jusqu’à maintenant, était la destination préférée de tous les Vialarois. Certes, pour les personnes qui ne le connaissaient pas, il paraissait inatteignable, hermétique, tellement il avait une très forte personnalité. Pour d’autres, c’était tout simplement l’orgueilleux, le sévère, le méchant qu’il fallait ne pas croiser. En réalité, c’était tout à fait l’inverse de ce qu’il laissait apparaitre et, dès qu’on osait lui adresser la parole, on découvrait en lui une très grande gentillesse et une modestie impeccable ! Bel homme, forte personnalité et un charisme débordant, le regretté Si Abdelkader Baroud était et restera une référence et un symbole pour toute une région car il participait énormément au charme et à la beauté du centre-ville d’antan. C’était un bon Vialarois tout simplement, quelqu’un de bien. Je dirai même qu’il était plus qu’un brave, il était pur, fort ingénu. Un véritable candide. Il adorait aimer les gens, la moindre compagnie comme celle de ses amis d’enfance suffisait à son bonheur. Il était intègre, généreux, empathique et avait le cœur sur la main, dans l’autre sa famille et ses proches. Repose en paix Si Abdelkader, les vrais Vialarois ne t’oublieront pas de si tôt !
R. S.