Comme il fallait si attendre, les soldes d’été n’auront pas cette année. L’épidémie de Covid-19 ne faisant que progresser, il aurait été illogique, en effet, d’autoriser l’organisation de cette manifestation économique annuelle qui draine des foules immenses dans les rues marchandes des villes et qui favorise en conséquence la transmission du virus.
L’interdiction par le ministère du Commerce des soldes d’été a été diversement appréciée par le public. Les gérants de commerces de prêt-à-porter, d’abord, qui se retrouvent avec des stocks importants de vêtements de saison dont ils veulent absolument liquider sinon pour rentrer dans leur frais, du moins pour reconstituer leur trésorerie. Déjà durement affectés par l’épidémie de coronavirus qui les a contraints à fermer boutique durant de longues semaines, ils n’auront d’autre choix que de consentir des baisses substantielles sur les prix. Mais cette fois-ci sans le préciser ouvertement comme ils le faisaient auparavant par le biais d’écriteaux et autres affiches alléchantes collées aux vitrines.
«A la place du mot solde, on pourrait parler de promotion pour contourner l’interdiction du ministère du Commerce», nous dit Djilali qui tient un commerce de prêt-à-porter au centre-ville de Chlef. «De toutes les façons, poursuit-il, les soldes ont commencé depuis la fin juin, la plupart des magasins veulent écouler leurs stocks de vêtements d’été qui datent en réalité de l’année dernière».
De fait, c’est une véritable braderie dans les rues commerçantes et les centres commerciaux qui se tient quotidiennement depuis ces dernières semaines chez les habilleurs et chausseurs pour femmes, hommes et enfants. Passé le rush observé les premiers jours après l’autorisation d’ouverture de ces commerces, il a été remarqué une baisse de fréquentation importante, liée sans doute à la situation financière difficile que traverse la plupart des familles.
Chez Mahmoud, le pessimisme atteint son comble. Certes, la clientèle habituelle n’a pas déserté les lieux. Bien au contraire, il y a des ventes mais beaucoup moindres qu’en période ordinaire. «L’été, ce sont les fêtes de mariage et leur pendant, c’est-à-dire l’achat de costumes, chemises, souliers et accessoires comme les cravates, les ceintures et les sous-vêtements. Aujourd’hui, le stock de costumes n’a pas baissé en raison du report de la plupart des fêtes de mariage», avoue-t-il, indiquant en outre que si la situation perdure, il ne fera nul doute qu’il mettra la clé sous le paillasson. Petite satisfaction : les chemisettes, T-shirts et autres vêtements de saison s’écoulent «normalement», de quoi sauver les meubles pour ce marchand et ses trois employés.
Cependant, nombre de propriétaires de boutiques de prêt-à-porter avouent qu’ils ne pourront pas tenir le coup si la pandémie n’est pas jugulée dans les semaines à venir. Mohamed, habilleur de luxe, nous fait savoir que la totalité des vêtements qu’il vend proviennent essentiellement de Turquie, de Chine et de quelques autres pays asiatiques dont le Vietnam et la Thaïlande. Les prix sont élevés mais les acheteurs, essentiellement les jeunes, en raffolent. Son chiffre d’affaires atteignait des sommets jusqu’au jour où le coronavirus a commencé à sévir, provoquant l’arrêt des importations. La baisse des revenus de nombreux ménages pour ne pas dire la «paupérisation» de larges couches de la population a fini par plomber son commerce.
Que faire ? La réponse est évidente pour la majorité des commerçants, en particulier ceux qui doivent s’acquitter de frais de location élevés : fermer boutique et s’investir dans une autre activité moins aléatoire. Mais où, quand et comment ?
Rappelons que les soldes d’été sont organisées, depuis ces dernières années entre le 21 juillet et le 31 août pour offrir au consommateur d’acquérir divers types de marchandises et de services à moindres coûts.
L’opération de vente au rabais ou soldes est régie par les dispositions du décret exécutif du 18 juin 2006 fixant les conditions et les modalités de réalisation de ventes en soldes, de ventes promotionnelles, de ventes en liquidation de stocks, de ventes en magasins d’usines et de ventes au déballage, et sur décision des services de wilaya compétents.
A. L.