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Barrage de Kef Eddir : La hantise des parents à Breira

Depuis la construction du nouveau barrage Kef Eddir, dont le plan d’eau mord sur le territoire de Breira, de nombreuses familles de cette commune éloignée et isolée vivent, chaque année, la saison estivale avec la peur au ventre. La cause ? Le danger que représente ce barrage pour la vie de leurs enfants. Les risques de noyade dans ses eaux ne sont ainsi pas à exclure. L’esprit des parents est constamment hanté par la menace que constitue cet ouvrage hydraulique. Cette menace se trouve exacerbée à cause du manque et de l’absence d’équipements et de moyens de loisir pour enfants et adolescents. Ce vide laissé par les pouvoirs publics et les autorités locales en matière de structures d’encadrement des jeunes et moins jeunes exposent ces derniers à la tentation d’aller se baigner dans cette structure hydraulique extrêmement  dangereuse à cause de sa profondeur et de la vase qui s’y forme. Inconscients du danger qu’ils encourent, de nombreux adolescents se trouvent tentés de fréquenter ce lieu qui peut s’avérer fatal pour eux.

Aller passer des vacances au bord de la mer relève d’un luxe hors de portée de la totalité des familles de la commune de Breira. Il est vrai que cette dernière n’est qu’à 20 km  seulement de Béni Haoua qui dispose d’une des plages les plus prisées au niveau national.

La distance séparant les deux localités est insignifiante, mais les moyens dont disposent les familles de Breira ne leur permettent pas d’accompagner leurs enfants à la plage où ils pourraient casser la routine des longues journées de l’été.

Avant la construction de ce barrage qui a englouti tout sur son passage, les oueds et les retenues d’eau construites par les fellahs pour irriguer leurs champs agricoles étaient  l’alternative que les enfants et adolescents choisissaient pour faire trempette durant la saison des grandes chaleurs. Chaque midi, ils s’y rendaient en groupe pour faire trempette. Ces réserves et bassins d’eau destinée à l’irrigation agricole constituaient un danger pour les enfants qui s’y rendaient afin de se rafraichir mais à un degré moindre par rapport au danger que représente le nouveau barrage. En effet, les oueds sont d’une profondeur peu dangereuse  alors que les bassins et retenues d’eau étaient souvent surveillés par leurs propriétaires qui chassaient ceux qui osaient s’y aventurer ; ce qui atténue un tant soit peu le degré de la dangerosité à laquelle ils sont exposés.

Ce n’est plus le cas aujourd’hui pour le nouveau barrage qui s’avère difficile à surveiller. En plus d’avoir forcé des centaines de familles à quitter leurs propriétés au village de Tadjmout qu’il a complètement enseveli en les livrant à leur triste sort, le barrage Kef Eddir continue de menacer la vie des adolescents et inquiéter leurs parents qui ne peuvent même pas fermer l’œil pour quelques minutes de sieste durant la saison estivale. Ils sont tout le temps préoccupés par les mouvements de leurs enfants qui peuvent à tout moment  se rendre au barrage pour se baigner. Le souvenir de l’adolescent de 16 ans qui a péri le 25 août 2019 dans les eaux de ce barrage est toujours présent dans les mémoires.

Hassane Boukhalfa

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