L'Algérie de plus près

Oued Fodda, un village qui avance… à reculons !

Par Mâamar Lariane

Une fois que nous aurons énuméré les anomalies décelées çà et là dans Oued Fodda, nous essaierons autant que faire se peut de proposer des solutions de rechange à qui de droit. Vous conviendrez, chers lecteurs que le décollage, tant économique que social, n’a pas eu lieu comme attendu dans ce village qui, pourtant, avait tout pour prospérer : des potentialités certaines qui lui auraient permis de se placer en tête des villes et villages avoisinants.

Non seulement les acquis n’ont pas été préservés et ils étaient nombreux ainsi qu’on le verra dans ce modeste article, article  dont le but n’est pas de mettre à nu les défaillances des responsables qui se sont succédé à la tête de la municipalité depuis l’indépendance, mais en plus il y a eu dégradation à tous les niveaux. Jugez-en !

Au lendemain de l’indépendance du pays, rares étaient les villages (ou villes) qui s’étaient trouvés dotés d’infrastructures telles que celles qui existaient à Oued Fodda. En effet, le village disposait d’une salle de cinéma qui fonctionnait trois jours par semaine et qui a continué à tourner pendant une bonne dizaine d’années après l’indépendance, d’un stade gazonné (le seul avec celui d’Annaba à disposer d’une pelouse en gazon naturel) qui émerveillait les équipes visiteuses venant pourtant des grandes villes (Alger, Boufarik, Médéa, Khémis Milana…). Le stade en question disposait de vestiaires en souterrain : d’un côté, l’équipe locale et de l’autre l’équipe visiteuse de sorte que les spectateurs sur la tribune puissent voir surgir du souterrain les deux équipes en même temps à la grande joie des joueurs adverses pour qui c’était une nouveauté. En plus du stade qui ne désemplissait pas à longueur d’année, nous avions un court de tennis (juste en face de la gendarmerie en plein centre) et un boulodrome (l’actuel commissariat, toujours au centre). Le joyau de la ville que constitue une piscine municipale située sur la RN 4 et vers laquelle affluaient des jeunes et des moins jeunes venant de partout en période estivale.

Deux bassins disposés au milieu d’espaces verts (gazon naturel bien entretenu) avec plus d’une dizaine de douches, le tout alimenté par un puits implanté juste à proximité et conçu spécialement pour. Cette piscine municipale profitait, ainsi qu’il a été dit, à toute la région. Les deux bassins étaient savamment disposés avec tout autour, des allées carrelées (dallage anti dérapant) sur le pourtour pour garder les pieds propres. C’est dire que les concepteurs de ce petit chef-d’œuvre avaient pensé à tout à l’époque. Pour terminer au sujet de cette piscine, nous allons parler d’Ammi Nasri, le gardien qui veillait au grain et qui obligeait tout le monde à passer sous la douche avant d’aller piquer une tête dans l’un ou l’autre des bassins. La piscine comme le stade existent toujours mais ils sont en piteux état, faute d’entretien. Rien à voir avec ce qu’on a connu, nous, dans le temps. Les murs de clôture en béton ou en briques rouges ont surgi comme par enchantement pour défigurer le paysage : avant, une simple clôture grillagée faisait l’affaire, apportant ainsi un plus au décor déjà bien planté.

La liste des acquis est loin d’être exhaustive mais nous nous contenterons de ces quelques exemples pour éviter d’ennuyer notre aimable lecteur et faire avancer les choses.

Plus d’un demi- siècle plus tard, faut-il dire que nous nous trouvons à la case départ ? Nous dirons tout simplement que nous avons tourné le dos au progrès étant donné que nous n’avons pas su préserver toutes ces belles choses en l’état. Quant à leur remplacement, il n’est pas sûr que ce soit à l’ordre du jour.

Si vous faites une virée au centre-ville d’Oued Fodda, vous vous croirez dans les années vingt (du siècle dernier) tant les bâtisses qui le constituent offrent une piètre image aux yeux des passagers et  menacent ruine. Celles-ci datent pour la plupart de plus d’un siècle et ne font l’objet d’aucune étude pour le moment. La municipalité aurait pu, en accord avec les propriétaires ou les héritiers de ce ces bâtisses, faire reconstruire tout le centre-ville en suivant les normes de construction en vigueur, exploiter des commerces pendant un certain temps et ce, après leur avoir  construit des logements décents en étages. Les constructions une fois amorties seront plus tard cédées à leurs propriétaires qui n’auront pas déboursé un rond, et tout le monde aura gagné dans l’affaire y compris le village qui aura changé  d’aspect du tout au tout. Ce n’est là, vous en conviendrez, qu’une petite suggestion destinée à Messieurs les responsables qui semblent ne pas voir le triste état de de ce centre-ville. Les idées, il faut aller les chercher auprès de la société civile qui ne demande qu’à être sollicitée.

Pour revenir au village d’Oued Fodda, nous parlerons de ces bancs publics que nous trouvons un peu partout ailleurs et qui tardent à venir chez nous. Au centre-ville, les personnes âgées n’ont rien de mieux à faire que de s’asseoir à même le sol pour souffler un peu. Que coûteraient une vingtaine de bancs intelligemment conçus et que l’on disposerait dans des endroits adéquats pour apporter un peu de bien être à la population à l’instar des autres villes ?

S’agissant des toilettes publiques, chose qui existait dans le temps, il faut en parler parce que cela revêt une  grande importance quand on sait qu’il en existe dans toutes les villes du monde. D’abord, cela rend énormément service aux gens notamment aux personnes âgées, aux malades… qui ont ainsi la possibilité d’y aller pour se soulager moyennant une somme dérisoire. Les toilettes en question pourraient apporter un plus à la municipalité : elles seront gérées par de jeunes chômeurs, à titre d’exemple, et feront l’objet de contrôles périodiques par les services d’hygiène de la mairie. En plus, ça permet de garder une ville propre. Imaginez un peu toutes ces personnes contraintes de passer de longues heures dans leur commerce et qui sont obligées d’aller se soulager dans des coins de rues parfois au vu de tous. Les jeunes désœuvrés sont là et ne demandent qu’à gagner leur vie d’une manière ou d’une autre, il suffirait de leur tendre la perche. La propreté, c’est l’affaire de tous, et des responsables en premier.

Pour clore cet article, disons que la municipalité devrait se pencher davantage sur le volet ayant trait à l’hygiène et à la santé publique de même qu’elle devrait résoudre le problème des bancs publics au plus tôt car il n’y a pas plus urgent si on veut éviter à tous ces braves gens de «se donner en spectacle».

Au lieu d’avancer… à reculons, inversons la tendance et prenons exemple sur les nations avancées en vue d’apporter un peu de confort à nos populations et un peu de gaieté à nos villes aussi.

M. L.

*Ecrivain

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