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Le spleen solitaire des pêcheurs de Ténès

Repos biologique, intempéries et pannes mécaniques sont autant d’entraves objectives qui font que la plupart des pêcheurs vivent des conditions sociales très difficiles.

Malgré les aléas du métier, la pêche reste l’un des rares secteurs à offrir encore des postes d’emplois plus ou moins durables à Ténès. Jeunes et moins jeunes s’adonnent à cette activité dans des conditions qui sont loin d’être idoines. Mais même si ce n’est pas l’idéal, les pêcheurs arrivent tant bien que mal à vivre de leur activité. Et à faire vivre plusieurs autres intervenants : mareyeurs, transporteurs, détaillants…

Cependant, des difficultés majeures empêchent les travailleurs de ce secteur d’améliorer leurs revenus. Comme dans la plupart des ports, le secteur est représenté par une flottille  de chalutiers et de sardiniers qui ont pour la plupart fait leur temps. A cela, s’ajoutent les prises qui diminuent de manière drastique d’année en année, outre les différentes charges qui ne cessent de grossir.

La présente situation de pandémie due au Covid-19 n’arrange pas les choses, bien au contraire, elle a influé de manière négative sur l’activité. Notamment au plan de la commercialisation du poisson qui connaît quelques couacs. Bien entendu, les mareyeurs imposent comme toujours leur loi, obligeant les patrons de pêche et leurs équipages à céder leur part à vil prix pour les revendre avec d’énormes bénéfices.

Ces derniers jours, c’est déprime au niveau des quais. Nous sommes en effet en période de repos biologique, ce qui sous-entend que plusieurs variétés de poisson sont interdites à la pêche. De quoi inquiéter les professionnels honnêtes qui assistent, impuissants, à un trafic très lucratif : la pêche au thon rouge et à l’espadon malgré les interdictions légales. Le premier est cédé entre 1200 et 1400 DA alors que le second dépasse allègrement les 3500 DA. Ces deux espèces déjà menacées sont très prisées par les consommateurs, notamment en période de ramadhan. On les retrouve actuellement chez la plupart des grands poissonniers.

Il faut souligner que les périodes de repos forcé dû, à la fois, aux intempéries, à l’obligation de respecter la période de repos biologique et aux pannes mécaniques sont synonymes de pertes de revenus qu’aucune assurance n’est en mesure de compenser.

Raison qui a poussé les pêcheurs de Ténès, El Marsa, Beni Haoua et Sidi Abderrahmane à manifester leur ras-le-bol. Ils l’ont exprimé de vive-voix à notre journal. Dont acte.

L. C.

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