L'Algérie de plus près

A quelque chose malheur est bon

Par Malek Ouaddah*

L’Algérie qui a été pendant longtemps dominé par le laisser-aller, «maalich», «Allah ghaleb» et «el maarifa» le «bakchich», produits de l’ignorance, de la résignation, de l’égoïsme, de la spéculation et de la corruption, se retrouve aujourd’hui face à cette dure réalité dans tous les secteurs, y compris celui de la protection sanitaire de la population et de la prise de ses malades au niveau des structures sanitaires où l’hygiène laisse souvent à désirer.

Aujourd’hui, le monde traverse une crise sans précédent, liée à la  pandémie COVID-19, qui concerne tous les pays sans exception et cela à des degrés divers. Cette pandémie à mis a nu la faiblesse du secteur de la santé dans plusieurs pays. Cela est dû essentiellement à la faiblesse des investissements dans le secteur sanitaire, au manque de moyens de protection et de prise en charge des malades, auxquels s’ajoute la réduction des effectifs de santé, soit par compression, soit par déperdition résultant de la faiblesse des rémunérations des professionnels de la santé

Cette épidémie a permis la mise en relief des faiblesses de notre système de santé, qu’il y a lieu corriger au plus vite. La réaction des gouvernements devant cette catastrophe a été la mise en isolement de leur pays, par l’annulation des vols internationaux, des transports maritimes ou routiers. Le compter-sur-soi est vite revenu à la pratique au niveau de tous les pays.

Aussi, l’avenir du  système de santé de notre pays nous interpelle pour que des mesures étudiées soient mises en place dès maintenant pour son renforcement, afin de lui permettre d’assurer la prise en charge correcte des malades.

Le secteur de la santé publique en Algérie doit être consolidé, renforcé et valorisé sur le plan matériel et humain. Tout doit être engagé pour la maitrise de la situation en assurant la prise en charge des personnes hospitalisées afin de sauver des vies. Seule une gestion rationnelle doit prévaloir dans nos hôpitaux et la rigueur dans nos établissements de santé doit être la priorité des gouvernants plus que jamais. Dans ce sens, il y a lieu d’engager une lutte sans merci contre le gaspillage des médicaments et la mauvaise utilisation des moyens matériels de diagnostic et de traitement disponibles. Toute nouvelle acquisition matérielle doit être justifiée et utilisée à bon escient.

Il faut avouer toutefois qu’en dépit de toutes les lacunes dont souffre le secteur de la santé, il nous faut rendre hommage au personnel de santé, qui est souvent seul face aux malades. Malgré  le manque de moyens matériels nécessaires à la prise en charge adéquate et les risques d’agression physique permanents qu’ils subissent, infirmiers, médecins et techniciens de la santé veillent à assurer sont en première ligne pour combattre l’épidémie de coronavirus.

Adhésion massive des Algériens

Il faut constater avec satisfaction que cette pandémie, malgré les contraintes qui s’imposent à tous les citoyens, a permis de tester le degré de vigilance des Algériens. Ces derniers n’ont à aucun moment contesté la fermeture des lieux de vie collective comme la mosquée, le café pour les retraités et les sans-emploi, lieu qui permet de passer leurs longues journées, les restaurants pour les personnes qui en ont besoin, les parcs d’attractions pour les enfants, etc. Cette conscience collective a fait que tout un chacun accepte, avec conviction, les décisions courageuses prises par les responsables. N’est-il pas nécessaire d’analyser, et de comprendre ce comportement positif de la société et d’en déduire les conclusions qui s’imposent sur le plan politique, sociologique et psychologique ?

Cette situation inédite a permis à la famille algérienne de se rassembler et ses membres de se retrouver ensemble pour la journée, exception faite pour les sorties pour achats. De même, les enfants se retrouvent pendant des heures auprès de leurs parents et tout cela souvent dans un appartement étroit qui, dans beaucoup de cas, aggrave les conditions de confinement.

Les algériens ont retrouvé l’hygiène, le respect des files d’attente et des distances entre les personnes… après qu’ils se sont habitués depuis longtemps au laisser-aller, au «tout est permis», à «l’essentiel est que j’arrivé  à mes fins au détriment des autres»…

Cette réalité de l’ignorance, de la résignation et l’égoïsme a été pendant longtemps le quotidien des citoyens. Aujourd’hui, la majorité des algériens veillent à l’hygiène, et c’est ce qui, nous l’espérons, va nous rapprocher des normes généralement admises dans le domaine de l’hygiène publique.

Mais cela doit être complété par des mesures rapides et ingénieuses dans les villes, villages et hameaux : l’indispensable ouverture de toilettes publiques gérées par les collectivités locales, l’obligation pour tout commerce de disposer de toilettes publiques, notamment les cafés, restaurants, pizzérias et autres fast-foods. Rappelons qu’en raison du confinement, il n’y a plus de toilettes publiques ouvertes dans l’espace public, ce qui n’est pas sans causer quelques désagréments aux personnes obligées de travailler par ces temps de confinement. Mais, passée la crise, combien cela serait agréable de voir se répéter au quotidien et en permanence ces actes de civisme auxquels nous assistons actuellement.

L’hygiène, notre combat quotidien

Aujourd’hui, le COVID-19 oblige, nos commerçants à porter des gants et à nettoyer régulièrement leur magasin. Nos commerçants veillent à leur l’hygiène et celle de leur lieu de travail, en l’occurrence le magasin. Malheureusement, certains, pas tous heureusement, ont vite fait de verser dans la spéculation sur les prix et le poids des articles vendus. Cela montre le vrai visage de certains de nos commerçants, ce comportement est à réprimer et à sanctionner sévèrement.

Pourquoi la situation actuelle que nous vivons est-elle si importante à l’avenir ? Tout simplement, elle va être bénéfique à un des secteurs-clé de l’économie de demain, à savoir le tourisme qui est retenu comme stratégique dans le développement du pays. L’hygiène est l’élément le plus important qui compte pour le touriste, de quelque pays qu’il soit. Lorsqu’un touriste Allemand, Anglais, Chinois, Japonais, Indien ou Arabe constate les bonnes conditions d’hygiène, partout ou il passe, il véhiculera une image positive de cette réalité, ce qui contribuera à l’épanouissement du tourisme en Algérie.  

Les commerçants doivent s’imposer ce comportement de respect de l’hygiène car, avant tout, c’est l’expression du respect de soi et du citoyen.

Le ministère du Commerce, en relation avec les bureaux d’hygiène des APC, y veillera par la sensibilisation et l’application de la réglementation afin que ce comportement devienne un acte  quotidien et permanent. Les associations peuvent contribuer de manière permanente à la sensibilisation des citoyens dans ce domaine.

Aussi, il devient très important que le recours aux paiements électroniques, tel que les «TPE», et que tout le retard dans ce domaine soit rattrapé dans les plus brefs délais. L’utilisation de ces modes de paiement permettra d’éviter la manipulation de l’argent en espèces et de réduire les risques sur la santé des citoyens.

En plus, le «TPE» réduit la demande des liquidités, donc la masse monétaire, le recours à la monnaie se ferait au moment du besoin. Cela réduit également le risque d’agression et de vol sur les commerçants ainsi que sur le citoyen. Le COVID-19 se transmet par le toucher et les objets (billets et pièces de monnaie) peuvent constituer une source très dangereuse du fait de sa circulation entre les mains des citoyens.

Le retard enregistré par notre pays dans ce domaine a été mis à nu, on continue à recourir à la  «Chkara» de liquidité pour tous nos actes, du simple acte d’achat jusqu’aux règlements des polices d’assurance.

Pour ce faire, nos banques et nos institutions financières doivent agir au plus vite pour généraliser ce système qui sera imposé à tous les opérateurs économiques, à commencer par le commerçant de quartier. La sensibilisation et des facilitations doivent être menées par le système financier et l’administration fiscale pour obtenir sa généralisation dans les meilleurs délais.   

M. K.

*Expert-comptable, président de l’Association de protection du citoyen et de son environnement de la wilaya d’Alger

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