Par Hamid Dahmani
Les beaux jours d’antan sont toujours dans les parages, mais seulement dans le souvenir mélancolique d’autrefois. Ainsi, il était une fois un jardin séculaire qui a marqué notre enfance par sa beauté sauvage et sa végétation luxuriante et diversifiée. Jadis, ce paradis de la flore, situé au cœur de la cité, est une merveille héritée d’une époque douloureuse qui fait partie de notre grande histoire. C’est un jardin historique qui a un âge séculaire et qui faisait, en raison de sa splendeur, le sujet favori des photographes de cartes postales ; et elles sont nombreuses les images dédiées au jardin public et à la ville d’El Asnam que l’on revoit maintenant avec beaucoup de nostalgie chargée de tristesse.
Sur les petits espaces gazonnés qui ont subsisté à une première opération de « réhabilitation » (où on a bétonné l’essentiel), poussent depuis peu des jeux d’attractions pour enfants qui ont défiguré cet antre de l’inspiration et de la méditation. Le Jardin du 11 décembre 1960 a été convertie en un parc de jeux urbain fort bruyant. Une transformation mal réfléchie et inappropriée pour ce paradis de la verdure car, à l’origine, le jardin public était constitué de bassins, de beaucoup de végétation, de plantes vertes, de fleurs multicolores… et de bancs pour se reposer et admirer la nature apaisante et ensorcelante qui nous entoure. Hélas, aujourd’hui, avec ces temps changeants, l’endroit n’est plus zen comme avant : au milieu de ces espaces devenus des aires de jeux pour les enfants, avec tout le bruit qu’il engendre, les amoureux de la nature ne sont plus tentés par une pause. D’autant que les « familles » avec leur marmaille ont pris pour habitude de prendre leur repas du soir sur les rares carrés de verdure qui subsistent.
On a planté des constructions légères pour abriter des débits de boissons et des endroits ont été aménagés pour la restauration rapide alors que le bon sens aurait voulu que l’on protégeât l’endroit en plantant d’autres essences afin que le jardin public assure sa fonction première.
Cet endroit de calme et de sérénité a perdu définitivement son statut d’espace de tranquillité et d’inspiration.
Pourtant, un jardin public urbain, c’est partout kif kif dans le monde. Le Jardin procure la tranquillité, le calme et le silence. Les gens se rendent dans ce genre de lieux pour lire ou pour papoter dans le calme entre amis.
Chez nous, on confond jardin public et parc d’attractions. En effet, au milieu de la végétation et des grands arbres qui ornent cet endroit historique, pour changer de look, on a installé des jeux assourdissants pour enfants, des balançoires et des toboggans de glisse comme dans une fête foraine.
La sérénité qui se dégageait autrefois de ces lieux pour le repos de l’esprit a été violée. Le Jardin de jadis était un repère du repos de l’esprit que l’on visitait de temps en temps pour prendre quelques photos souvenirs entre amis. Ce lieu plus que centenaire a vu ses couleurs changer, il est devenu repoussant avec toute cette ferraille entreposée par-ci par-là.
« L’aménagement » du Jardin public est un grand échec pour les défenseurs de la nature verte de la ville qui n’ont vu que du feu. En déambulant au milieu de ses petits allées, on se croirait dans une fête foraine, il y a même un petit train au milieu de la glisse et des sauts au milieu de cet espace et l’on se prépare à lancer d’autres types de manèges au milieu de cette foire qui a perdu son statut de patrimoine.
Il faut savoir qu’avant cette mutation-mutilation, le Jardin de jadis se composait d’un grand bassin, d’une pergola et de végétation à perte de vue. Quel gâchis ! Aujourd’hui, la douceur d’antan s’est envolée avec les oiseaux qui ont déserté ces lieux où ils grouillaient comme des abeilles dans une ruche.
Entretemps, on a fait pousser entre les rares arbres des débits de boissons et de nourriture rapide avec une grande terrasse. Voilà qu’après, la fermeture des grands repères de la ville tels que les cinémas, la disparition des librairies, la transformation des piscines, et après le grignotage de l’esplanade de la Solidarité, on s’acharne sur ce lieu mythique de notre patrimoine qui subit les affres de la transformation.
H. D.