La semaine dernière, le littoral ouest de la wilaya de Chlef a vécu une situation qui est loin d’être ordinaire. En effet, la mer a rejeté six corps sur le rivage, parmi eux les cadavres de trois «harragas», des migrants clandestins dont le bateau a chaviré. En plus de ces malheureuses victimes, il a été enregistré deux noyades alors que le cadavre en décomposition d’un quatrième noyé n’a pas été pour l’heure identifié.
Pour rappel, les trois corps de harragas ont été retrouvés entre le 12 et 13 août derniers en différents endroits des côtes occidentales de la wilaya de Chlef. Ces victimes ont été portées disparues lorsque leur bateau a chaviré en mer le 8 août dernier. Les garde-côtes ont réussi ce jour-là à sauver 5 harragas mais 4 de leurs compagnons se sont noyés et n’ont pu être retrouvés.
Dès qu’ils ont appris la nouvelle du naufrage, des unités des garde-côtes et de la protection civile ont rapidement pris la mer pour commencer les recherches. Ils ont été rejoints par un grand nombre de jeunes pêcheurs de la localité d’El Marsa qui ont entrepris une vaste campagne de recherche. Plusieurs bateaux de pêche venant des quatre coins de la commune d’El Marsa, essentiellement d’El Guelta, El Marsa et Aïn Hammadi, voire d’autres zones limitrophes, ont vogué des heures durant pour tenter de retrouver les disparus.
Leurs efforts ont abouti à la découverte des trois harragas disparus. Une des victimes est originaire de la municipalité de Heranfa, il s’agit du dénommé Maammar Morsli. Les deux autres, des frères, sont issus de la commune de Chettia. Au moment où nous sous presse, il n’y a aucune trace de la quatrième personne. Les efforts se poursuivaient jusqu’à lundi pour le retrouver. Il s’agit, selon les informations en notre possession, d’un jeune homme originaire de la localité d’El Marsa.
Vendredi dernier, vers les coups de midi, l’unité de la Protection Civile d’El Marsa est intervenue, à midi, à Hadjret Nadji, un îlot rocheux au large de la ville, pour évacuer le cadavre d’une jeune personne qu’on a retrouvé coincé dans une anfractuosité de rocher. Le corps en décomposition avancé a été transféré à la polyclinique de la même municipalité.
Inconscience ou suicide ?
Il n’a pas été possible dans un premier temps de déterminer le sexe et l’âge approximatif de la victime tant elle était dans un état de décomposition avancé. Il est fort probable qu’il s’agisse d’un harraga mais il ne s’agit nullement du quatrième naufragé de l’embarcation qui a chaviré le 8 août dernier.
Les nouvelles macabres n’ont pas cessé d’endeuiller les familles. En effet, 24 heures avant la date officielle d’ouverture des plages, à Dahra, située à l’extrême ouest de la wilaya, deux jeunes hommes dans la fleur de l’âge se sont noyés. Le lendemain, une autre originaire de la municipalité d’Ain Merane a rendu son dernier souffle dans la polyclinique d’El Marsa après avoir été repêché quasiment à l’agonie. Avant que les maîtres-nageurs et surveillants ne prennent leurs fonctions de manière officielle, signalons que des citoyens ont réussi à sauver de la noyade de nombreux nageurs imprudents. Cela s’est produit notamment sur les plages de Sidi Abderrahmane, El Marsa et Dahra.
Assurément, c’est un lourd bilan dû au phénomène de l’émigration clandestine qui, d’après nos sources, se poursuit de plus belle. De fait, les nouvelles se font insistantes sur le départ de nombreuses autres embarcations qui prennent le départ depuis les côtes chélifiennes vers l’Espagne essentiellement.
A signaler aussi qu’en dépit des risques encourus, beaucoup de gens continuent de nager dans des endroits dangereux et non surveillés.
Autrement dit, les unités de la gendarmerie et de la protection civile auront beaucoup de pain sur la planche.
Djamel Remali