Par Hamid Dahmani
C’est la mort dans l’âme qu’on apprend chaque jour qui se lève sur cette zone de mal-vie, la mort d’un ami, d’un voisin ou d’un cousin qui vient s’ajouter à la triste liste des parents partis pour un monde meilleur, qui à la fleur de l’âge, qui à la suite d’une maladie ou d’un âge avancé sans avoir eu le bonheur et le plaisir de goûter à la belle vie espérée. Avec la mort dans l’âme, les jours se suivent avec leur lot de jours funestes, abandonnant des familles endeuillés et orphelins à jamais.
Chaque jour qui passe, la mort rattrape la vie pour la faucher inexorablement sans pitié. Les accidents de la route, la maladie, les agressions et autres « faits divers » emportent des vies par « mort naturelle » ou par agressions et actes violents. La mort est inévitable pour les mortels que nous sommes. Tous les jours, les porte-voix annoncent à travers les rues, usant de hauts parleurs, la mort et l’enterrement d’un être cher qui nous a quittés.
Chaque jour qui s’éteint sur ce territoire en mal de bien-être finit avec lui une histoire, un lien amical et beaucoup de joie partagée en compagnie. « Ina lileh wa ileyhi rajioune » -à dieu nous appartenant et à lui nous retournons- est une prière islamique invoquant la miséricorde divine. Les gens sont tous égaux, et quand ils meurent, les vivants ou leurs proches ressentent tous les mêmes sentiments de douleur après leur disparition.
La mort est inébranlable et la vie incertaine à chaque instant. En fin de vie, chaque âme doit goûter à l’amertume de la mort. En attendant, vive la vie et profitons de notre existence pendant qu’il y a encore un souffle de la vie dans notre poitrine. La mort se répète depuis le temps sans interruption.
Il faut savoir aussi qu’il y a de petits malins qui ont un pied sur terre et un autre sous terre et qui jouent au trompe-la mort juste pour survivre quelques années supplémentaires sur terre. Nos parents, nos amis, nos voisins et tous les autres anonymes sont partis rejoindre un monde meilleur en laissant un grand vide plein de solitude. Il ne nous reste d’eux pour nous contenter que le souvenir d’une époque radieuse et chaleureuse. Démunis, les gens touchés par le malheur n’ont que les larmes et le recueillement pour faire face à la fatalité mortuaire. La mort ravit des vies dans les moments les plus inattendus de la vie. Elle laisse seule et esseulées des familles, des orphelins qui n’ont plus de pères ni de mères pour les chérir, comme « il était une fois ».
Il y a des gens qui attendent depuis des lustres la mort sur leur lit de mort, mais celle-ci tarde à venir pour les libérer de la souffrance quotidienne. Tandis que d’autres, qui débordent de jeunesse et de santé, sont subitement foudroyés alors qu’ils ne s’attendaient pas à ce départ anticipé.
H. D.
Illustration : Le Triomphe de la mort (Triumph des Todes) du peintre Felix Nussbaum réalisée en 1944 et conservée dans la ville natale de l’auteur, Osnabrück.