Par Mohamed Medjahdi*
Le gouvernement algérien ne cesse d’œuvrer pour assurer l’eau pour tous. Cet élixir de vie est un facteur essentiel de la sécurité alimentaire et de la nutrition. Il constitue un élément indispensable pour toute activité économique (production agricole, transformation, etc.
La gouvernance de l’eau est aujourd’hui un souci majeur. De nombreux projets sont en cours notamment des barrages, des stations d’épuration (STEP), des stations de dessalement d’eau de mer, des forages, des réservoirs d’eau et des kilométrages impressionnants de pose de conduite pour non seulement alimenter les populations en eau potable, mais aussi, pour irriguer des centaines de milliers d’hectares.
Devant la montée des besoins en eau (AEP, industrie, tourisme, périmètres irrigués…), les décideurs sont appelés à mener une politique active, en lançant de nouveaux investissements structurants (retenues, exploitation des nappes profondes, recharges des aquifères, réutilisations des eaux usées épurées, dessalement, grands transferts…), et en mettant en œuvre une politique nationale de l’eau à travers des législations et des outils de gestion performants. Face à ce défi, la maîtrise et la préservation des ressources en eau constituent un enjeu majeur auquel des politiques urgentes s’imposent.
L’eau est une ressource rare, fragile et inégalement répartie à travers tout le pays. La demande en eau est en continuelle augmentation. Des pénuries d’eau conjoncturelles ou structurelles sont constatées. En plus des tensions liées à la gestion de la ressource, s’ajoutent les dégradations de l’écosystème et de la biodiversité causées par l’intervention anthropique amplifiées par les déficits hydriques. L’eau et l’environnement sont ainsi devenus une préoccupation prioritaire de développement durable.
Les instructions du Président de la République visent la mobilisation, l’amélioration de la distribution, l’utilisation de la ressource hydrique, la protection et la préservation de l’environnement. S’ajoute la question de l’introduction des technologies de dessalement de l’eau de mer qui constitue une piste d’avenir très intéressante capable de réduire significativement la dépendance des besoins en eau, accentuée au fil du temps par le dérèglement climatique qui s’installe dans la durée.
Dans ce contexte, le gouvernement s’attèle à couvrir les besoins en eau en veillant à la sécurisation sur les plans qualité et quantité dans l’objectif d’améliorer l’hygiène et la santé des populations, à développer l’irrigation et l’assainissement des terres pour soutenir la politique de sécurité agro-alimentaire, et à assurer la protection des écosystèmes aquatiques et des ressources en eau mobilisées et mobilisables en se basant sur des outils scientifiques et techniques
Par ailleurs, l’État s’est engagé à lutter contre toutes les formes de déperdition des ressources renouvelables, mobilisées et distribuées, qu’il s’agisse de la sédimentation dans les retenues d’eau où des pertes physiques dans les systèmes hydrauliques et favoriser, dans un cadre réglementé, l’usage des retenues et plan d’eau aux fins de développement de l’aquaculture et de l’hydro-électricité.
Notons que la question de l’eau en Algérie sera à l’ordre du jour du prochain Forum Mondial de l’Eau prévu en 2024 qui vise à mieux sensibiliser les acteurs et opinions publiques sur les enjeux d’une gestion des ressources en eau respectueuse des objectifs du développement durable.
De nouvelles stratégies s’imposent
Face à la pénurie d’eau et à la sécheresse qui frappe durablement de plein fouet toutes les régions du pays, la politique de l’eau reste à approfondir plus. Déjà, mal reparti, ce précieux liquide est devenu rare dans plusieurs régions de la planète, plus particulièrement dans les pays arides et semi-arides composant le pourtour méditerranéen.
En effet, le dérèglement du climat et la croissance démographique dans le monde seront les causes principales de la rareté de l’eau douce, selon le Dr Remini Boualem de l’université Saad Dahleb de Blida. Ce dernier estime que l’Algérie est parmi les pays qui sont menacés par les pénuries d’eau dans les années à venir, d’où la nécessité d’une nouvelle stratégie de l’eau pour pallier les insuffisances pouvant survenir dans un avenir proche (les années à venir).
Les principales suggestions pour améliorer la situation en eau dans le futur, estiment bon nombre de chercheurs, à l’image du Dr Habi de l’université de Tlemcen, sont nombreuses même si l’Algérie possède encore de grandes ressources insuffisamment inexploitées convenablement. L’exploration et la caractérisation de nouvelles nappes sous les Ergs et sous les lits des oueds (nappe inféro-flux) est une voie à explorer. Les nappes du Grand Erg Occidental, du Grand Erg Oriental et de l’Erg Erraoui ne sont pas encore étudiées. Les eaux de crues dans les régions arides et semi-arides ne sont pas exploitées convenablement ; une grande partie s’évapore dans l’atmosphère et l’autre partie se perd dans le sable des dunes. Seules les techniques de la recharge artificielle et les barrages souterrains peuvent résoudre ce problème.
Dans le sud Algérien, souligne Dr Remini Boualem, la mer souterraine constituée par les eaux très anciennes de la nappe du Continental Intercalaire, d’une capacité évaluée à 60000 milliards de m3, reste un gisement inépuisable s’il est géré modérément, puisque sa recharge reste très faible.
Dans le nord du pays, a-t-il enchaîné, et pour atteindre la capacité de stockage des eaux de surface à 9,5 milliards de m3, il faut une prospection de nouveaux sites pour la réalisation de nouveaux barrages. L’entretien et la lutte contre l’envasement des barrages doivent être une priorité pour les services d’hydrauliques. Un suivi rigoureux de l’évolution de l’envasement dans chaque barrage doit être appliqué par des mesures bathymétriques périodiques à raison de deux à trois années. Des batteries de vannettes de soutirages doivent être incorporées dans la construction des nouveaux projets de barrages. La réalisation de nouvelles stations de dessalement des eaux de mer doit être poursuivie pour atteindre la capacité de 3 millions de m3/j, selon notre interlocuteur.
D’ailleurs, ce volume sera atteint avec la prochaine mise en service de cinq stations de dessalement prévue en 2024.
Le futur s’annonce difficile avec une population en perpétuelle croissance qui se situerait aux alentours de (les) 50 millions d’habitants en 2035 et une industrie qui se développe plus rapidement (que les années quatre-vingt-dix). La demande en eau augmentera durant les 30 années à venir pour subvenir aux besoins de la population, de l’industrie et surtout de l’agriculture intensive pratiquée à grande échelle dans le sud Algérien, comme Biskra et El Oued, et dans les nouvelles autres wilayas.
Il est à signaler que le gouvernement a lancé un projet gigantesque de valorisation de deux millions d’hectares pour l’agriculture. De tels aménagements exigent des volumes d’eau colossaux (importants). Les changements climatiques risquent d’avoir un effet négatif sur la ressource en eau dans les années à venir. Une stratégie à court et à moyen terme serait la bienvenue pour pallier le scénario le plus pessimiste (pénuries d’eau).
L’Algérie à l’abri d’une crise d’eau jusqu’à l’orée 2035
L’époque où l’eau potable était abondante est révolue. La pression démographique mondiale, les effets du changement climatique, les pollutions générées par une urbanisation tentaculaire liées au rejet des substances chimiques, l’activité agricole ou plus globalement la forte croissance des économies émergentes laissent présager un accroissement significatif des tensions sur l’eau, y compris en Algérie. Il importe de responsabiliser l’ensemble des acteurs et d’envisager la pluralité des solutions disponibles sur le plan économique comme sur le plan technologique, pour aider à réguler les consommations afin de satisfaire efficacement aux besoins domestiques, industriels, touristiques et agricoles dans le respect des exigences en matière de solidarité et d’écologie
Aujourd’hui, tout le monde s’accorde sur les effets dramatiques des changements climatiques avec, en premier, la diminution drastique de la pluviométrie. Les spécialistes, à l’image du Pr Remini Boualem, estiment que le développement urbain et l’extension des villes exigent le développement et la rénovation des réseaux de distribution et d’assainissement. Mais face aux changements climatiques, il faut chercher les moyens adéquats pour rendre ces réseaux moins vulnérables et faire le bon choix pour s’adapter à cette nouvelle situation. La croissance démographique et ses effets ont un impact direct sur la ressource en eau. Pourtant, l’Algérie ne compte pas moins de 80 grands barrages d’une capacité de 8 milliards de m3. Ce volume atteindra, selon les recherches entamées par Dr Remini, environ 12 milliards de m3 en 2024.
Les mêmes chercheurs soulignent que la nouvelle politique du président Tebboune vise à trouver d’autres moyens pour « stocker » l’eau. Il s’agit en fait de techniques de récupération des eaux de surface. On parle alors de recharge artificielle des nappes. D’une façon très simple, le site d’une recharge est l’inverse de celui d’une retenue ou d’un barrage. Il faut chercher un lieu de forte perméabilité pour accélérer les infiltrations et minimiser l’évaporation.
Malgré le retard dans ce domaine et malgré le coût peu onéreux de ce type d’infrastructure, on ne signale qu’un seul site de recharge artificielle qui se trouve dans la région de Bouinan. Résultat fort édifiant : le niveau de la nappe réalimentée par les eaux de l’oued El Harrach a augmenté sur un rayon de 20 km.
Les spécialistes estiment que toutes les nappes se rechargent naturellement, mais à des vitesses variables à cause des sols hétérogènes. Dans ce cas, il y a lieu de rechercher les plus perméables, permettant une vitesse d’infiltration importante. On peut trouver des sites dans le lit des cours d’eau ou aux alentours. Il suffit de réaliser une digue pour accélérer l’infiltration de l’eau pour le premier cas. Pour le deuxième cas, précise Dr Habi, il suffit de creuser un bassin et dévier une partie du cours d’eau vers ce bassin pour réalimenter la nappe.
Ce système, rappelle-t-on, est utilisé en Algérie depuis plus de 5 siècles dans la vallée de Mzab où l’on récence (le long de l’oued Mzab, il y’ avait) 17 digues appelés Ahbass. Le dernier barrage se trouve à El Atteuf. Ces ouvrages ralentissent l’écoulement des crues pour recharger la nappe. Des milliers de puits (hassi) alimentent les oasis de la vallée. Malheureusement, aujourd’hui, il ne reste que deux Ahbass dans un état très dégradé ; il s’agit de Ahbass Ajdid et Ahbass El Atteuf.
Abordant l’impact des changements climatiques sur les barrages, de nombreux chercheurs, notamment Khodir Madani de l’université de Bejaia, avertissent que les changements climatiques ont, un effet direct sur l’évaporation des zones humides et des barrages. Et pour cause, aujourd’hui, la hauteur perdue des réservoirs de barrages, est de l’ordre d’un mètre dans le nord et de deux mètres dans le sud. Ces valeurs seront revues à la hausse dans les années à venir. En matière d’envasement, l’on enregistre actuellement plus de 50 millions de m3/an. Ce chiffre sera revu à la hausse pour le même nombre de barrages. La quantité de terre érodée augmentera suite aux crues dévastatrices qui ruisselleront sur des sols secs et disséqués. Cela dit, l’envasement est un phénomène tout à fait naturel. Tous les barrages de la planète s’envasent, mais à des vitesses variables d’une région à l’autre. La région de l’Afrique du nord est considérée comme une région très sensible à l’envasement.
En Algérie, l’on compte 15 barrages très envasés. Le taux d’envasement de certains est très faible, comme ceux des barrages de Boukourdane et Keddara.
Toutefois, rassurent les chercheurs comme Moulay Idriss Hassani d’Oran, l’Algérie enregistre une nette amélioration ces dernières années de point de vue quantitatif et qualitatif. Il y a moins de pénurie d’eau et moins de maladies à transmission hydriques.
Des mégas-projets au secours des populations
L’ambitieux projet de transfert des eaux depuis Chott El Gharbi au profit de nombreuses communes des wilaya de Naama, Tlemcen et Sidi Bel Abbes, a complètement pallié le déficit en AEP des trois wilayas. Cet ambitieux projet doté d’une autorisation de programme de 42 millions de dinars vise à accroître et sécuriser la mobilisation de ressources en eau. Il a généré plus de 3000 emplois et offre aujourd’hui 110 000 m3/j destinés aux communes ciblées pour renforcer l’alimentation des foyers en eau potable.
Sur le plan agricole, les eaux de Chott El Gharbi seront également mises à la disposition des agriculteurs avec 26 millions de m3 par an pour l’ensemble des terres agricoles limitrophes du réseau. Parmi les communes ciblées par cet important projet figurent El Kesdir, Mekmen Ben Amar et Abdelmoula relevant de Naama ; El Aricha, Bouihi, Sidi Djilali, El Aouedj, El Gor et Sebdou, dans la wilaya de Tlemcen ainsi que Tellagh, Ras El Ma, Merhoum … dans la wilaya de Sidi Bel-Abbes.
Les eaux destinées au renforcement de l’AEP toucheront une population de plus de 140.000 habitants dont Naâma avec 17 200 âmes.
Le réseau de canalisations composé de 60 forages, 28 réservoirs d’eau pour le stockage d’environ 60 millions de mètres-cubes d’eau, des stations de pompage et un centre de télégestion ,s’étend sur 652 kilomètres.
Il est important de rappeler que de nombreux projets stratégiques de la politique de l’eau ont été engagés dès le début des années 2000 par les pouvoirs publics. Il a été décidé d’ériger la question de l’eau en priorité de premier ordre. Celle-ci s’est traduite par une forte impulsion de l’intervention de l’État sur deux axes stratégiques majeurs, à savoir le développement de l’infrastructure hydraulique à travers des programmes nationaux de relance et de soutien à la croissance économique et les réformes institutionnelles dans le cadre de la démarche nationale de renforcement de la gouvernance.
Par ailleurs, le gouvernement ne cesse de poursuivre la réalisation des stations de dessalement d’eau de mer. Des projets sont prévus dans le futur proche ; qui s’ajouteront aux 13 stations initiées par l’État en vue de satisfaire les populations en matière d’AEP. Ces stations de dessalement donnent un volume annuel selon Dr Ali Oulmane de 515 millions de m3 desservant 6 millions d’habitants.
Pour faire face à la pénurie annoncée d’eau, de nouvelles techniques de production d’eau potable ont été mises en place pour satisfaire les besoins de la population croissante où il a été décidé le recours aux dessalements de l’eau de mer. En plus des stations de dessalement, précise Dr Ali Oulmane, figurent aussi 15 stations de déminéralisation pour un volume de 26 millions de M3 par an , 145 stations d’épuration d’eau usée qui traitent 800 millions de m3 dont 14 millions de m3 destinés à l’irrigation des périmètres agricoles totalisant une superficie de 11.000 hectares : « Le gouvernement algérien doit axer sa politique sur l’augmentation de l’offre en multipliant les capacités de stockage par 3 en dix ans, d’améliorer l’accès à l’eau et à l’assainissement pour atteindre un raccordement à plus de 98% » a estimé Ali Oulmane , précisant que « la projection des besoins en eau en 2050 sont estimés à 20 milliards de m3/an, alors que les ressources renouvelables ne sont que 12,7 milliards de m3/an ».
Toutes ces opérations ont été inscrites pour pallier le déficit en matière d’AEP surtout que le pays vit sous le seuil de la pauvreté hydrique à raison de 450 000 m3 jour.
Ainsi donc, le dessalement d’eau de mer est considéré comme l’une des technologies les plus importantes et la plus utilisées. Elle a été adoptée pour répondre aux graves pénuries d’eau potable auxquelles ont fait face les habitants de certaines régions du pays… et qui se poseront, sans aucun doute, à la plupart des pays de la planète. En effet, la gestion intégrée des ressources en eau est importante et inévitable pour assurer le développement durable de cette technologie qui est considérée comme une providence pour l’humanité. Quant au secteur agricole considéré comme un secteur insatiable, le gouvernement doit accentuer ses efforts pour garantir la sécurité alimentaire.
Palmier dattier : l’assurance d’une sécurité alimentaire en zones sahariennes
La phoeniciculture est l’une des activités agricoles qui pourront contribuer à assurer la sécurité alimentaire, au moins dans les zones sahariennes où le palmier-dattier constitue la culture de base. Selon Mme Souad Babahani, chef de l’équipe Productions végétales de la palmeraie du laboratoire de recherche bioressources sahariennes, préservation et valorisation, le palmier-dattier donne les dattes utilisées comme aliment pour l’homme et aussi pour l’animal. Il contribue à l’augmentation des revenus des agriculteurs, des commerçants, des exportateurs et des transformateurs. Plusieurs produits et sous-produits, ajoute-t-elle, sont élaborés à base de dattes et du dattier : « Ces produits contribuent donc à l’élévation du niveau social des populations qui le cultivent. Or, la plupart de ces produits et sous-produits sont restés à l’état primitif en Algérie. »
La valorisation des dattes et des autres produits du dattier, estime-t-elle, reste toujours possible si le développement technique en matière de technologie alimentaire est assuré. « L’appel à l’expérience des autres pays, surtout arabes, dans ce domaine pourrait accélérer ce développement puisque l’Algérie possède une diversité très importante de plus d’un millier de cultivars ; d’où uniquement cinq cultivars, à leur tête la Deglet Nour, sont valorisés. »
En effet, à partir de ce produit, on peut produire entre autres la pâte de dattes, la farine de dattes, les dattes fourrées, les dattes au sirop, du miel, du sirop et des jus de dattes ou boissons non-alcoolisées, du sucre liquide ; mais également de l’acide citrique, des levures boulangère, alimentaire et fourragère, du vinaigre et de l’alcool médical …
Et comme ces derniers mois le sucre est devenu un sujet d’actualité, l’Algérie peut à partir des dattes fabriquer ce produit importé qui coûte cher. Une moyenne de 100.000 tonnes de sucre importées annuellement dépassent les 235 millions de dollars sachant que la consommation du sucre en Algérie est estimée à environ 1,3 million de tonnes par an.
Par ailleurs, même les noyaux de dattes sont valorisés puisqu’ils rentrent dans certaines industries comme la fabrication des huiles, du café et de l’aliment du bétail.
La phoeniciculture, avec toutes ses activités, engendre des revenus très intéressants si ce ne sont tous les problèmes que vit ce secteur à cause du manque de gestion et surtout de coordination entre les structures qui le gèrent. En effet, les dattes restent parmi les rares produits agricoles exportés. « L’Algérie produit plus de 650 000 tonnes et exporte, ces dernières années, entre 13 000 à 15 000 tonnes ; soient des revenus qui varient entre 20 à 25 millions de dollars. »
Ce produit, pourra être développé à travers sa diversification, en produisant d’autres produits qui assureront la sécurité alimentaire des phoeniciculteurs et d’autres citoyens.
Dans ce sillage, il est utile de faire connaître les autres cultivars dans les marchés mondiaux, développer les différentes catégories de dattes Deglet Nour, y compris la commercialisation des dattes dénoyautées.
La phoeniciculture, faut-il le rappeler, est une activité agricole ; mais son développement nécessite un développement intégré de toutes les activités sociales, économiques, scientifiques et mêmes culturelles, dont elle dépend. « L’État fait des efforts extraordinaires pour développer ce secteur, à travers une stratégie globale et intégrée ; mais qui ne peuvent aboutir sans la contribution de tous les acteurs d’une façon directe ou indirecte pour une nouvelle dynamique de ce secteur vital pour les régions sahariennes », a conclut Dr Souhad Babahani
Assurer une sécurité alimentaire et hydrique durable
L’évolution de la population algérienne constitue et constituera à l’avenir un véritable défi à la sécurité alimentaire et nutritionnelle.
Les engagements de Tebboune visent à améliorer le niveau d’auto-suffisance alimentaire en menant des politiques plus efficaces en matière d’accroissement durable de la productivité de la terre et du travail. Ces actions s’inscrivent dans le but de diminuer la facture alimentaire qui permettra de consacrer plus de devises étrangères à l’importation de biens d’équipement, de demi-produits et de services nécessaires à la construction d’une économie plus intégrée, capable d’absorber la main-d’œuvre à faible productivité encore présente dans l’agriculture.
De l’avis du chercheur du CRAD Dr Amel Bouzid : « La situation de la sécurité alimentaire dépend de la disponibilité des aliments sur les marchés nationaux que ceux-ci soient produits dans le pays ou à l’étranger, c’est-à-dire que la sécurité alimentaire est un équilibre entre une demande existante et une offre assurée par une production nationale et les importations. »
En Algérie fait-t-elle observer, cet équilibre reste fragile, car l’offre assurée par les importations dépend essentiellement des recettes pétrolières volatiles dépendantes du marché mondial.
Notre interlocutrice souligne qu’afin d’améliorer la sécurité alimentaire, l’économie algérienne doit faire l’objet de plusieurs réformes et programmes, visant l’accroissement de la production et de la productivité ayant comme principaux objectifs : le soutien à la création d’emplois, la protection sociale, la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale par la préservation des équilibres régionaux et la redynamisation du monde rural.
Il est donc indispensable estime Dr Amel Bouzid que l’intensification qui cible(nt) les céréales, le lait cru, les légumes secs, la pomme de terre, l’oléiculture, la tomate industrielle, l’arboriculture, la phœniciculture, les viandes rouges et l’aviculture soit poursuivie et soutenue.
Cela n’empêche pas de dire qu’en matière de disponibilités alimentaires journalières, le consommateur algérien (voit sa ration calorifique améliorée, une ration supérieure à celle du consommateur espagnol comme tient à le préciser la chercheure.
De son côté, Dr Abderrahmane Khoukhi de l’université de Boumerdes insiste sur la mise en place de mesures de manière organisée et concertée, pour que le pays puisse avancer vers une sécurité alimentaire et hydrique durable, assurant ainsi l’accès à une quantité suffisante d’aliments de qualité ,tout en préservant les ressources en eau du pays.
Il s’agit selon la même source d’un véritable soutien aux agriculteurs, par notamment la formation et l’assistance technique en mettant l’accent sur les pratiques agricoles durables et les techniques modernes de production. S’ajoutent le renforcement des contrôles de qualité tout au long de la chaîne d’approvisionnement alimentaire pour garantir des produits sûrs et sains pour la consommation, et surtout l’élaboration de plans d’intervention d’urgence pour faire face à d’éventuelles crises alimentaires, en assurant un accès rapide à des denrées de base.
Pour atteindre les objectifs, le gouvernement doit continuer l’encouragement de l’investissement dans le secteur agricole par la diversification des cultures pour renforcer la résilience face aux aléas climatiques et améliorer la disponibilité des denrées alimentaires de base.
M. M.
*Journaliste retraité