L'Algérie de plus près

L’information durant la guerre d’indépendance

Par Ali Dahoumane

De nos jours l’accès à l’information est tout ce qu’il y a de plus facile. Presse écrite, radio et télévision sont là pour nous en abreuver quotidiennement. Bien entendu l’apport des réseaux sociaux par le biais de l’internet n’est pas négligeable dans l’univers de l’information. Ce qui se passe à Pékin, Sydney ou à Berne n’a plus de secret pour nous.

Il est utile de souligner que l’information est donnée rapidement, quelques minutes seulement après l’événement. Très souvent, quand il s’agit d’un évènement exceptionnel, toutes les chaines se bousculent pour rapporter l’information en direct. Mais comment s’informaient les Algériens durant la période de la guerre d’indépendance ?

Dans son livre : Sociologie d’une révolution le grand psychiatre Frantz Fanon indiquait que les Algériens qui avaient la chance de savoir lire et d’habiter dans une grande ville n’avaient pas beaucoup de difficultés à accéder à l’information : la radio et la presse française (venant de l’Hexagone) rapportaient les évènements qui se produisaient dans tout le pays alors que la presse locale (celle qui paraissait en Algérie et appartenait aux colons) ne rendait pas compte honnêtement des faits d’armes de nos valeureux moudjahidines dans la mesure où les propriétaires de ces journaux étaient des colons et étaient dans leur grande majorité partisans de l’Algérie française. Pour appuyer ses dires, le célèbre psychiatre citait le cas d’un village de la Mitidja. La presse écrite était réservée exclusivement aux colons. Les Algériens quant à eux se tenaient informés grâce à la radio et ne rataient sous aucun prétexte l’émission ’’Saout el arab’’ (la voix des Arabes) qui émettait à partir du Caire et leur apportait des informations concernant la guerre et l’évolution de la situation dans leur pays. Comme la plupart de leurs demeures étaient dépourvues d’électricité, la radio ne fonctionnait que grâce aux piles.

Dans certains villages, quelques colons qui tenaient des magasins privaient les Algériens de l’information en refusant tout simplement de leur vendre ces fameuses piles, les privant d’accéder aux informations.

Alors à chaque fois que les autochtones avaient vent d’un quelconque accrochage qui s’était produit aux alentours de leur bourgade, ils envoyaient un des leurs au bistrot du village. Cet « émissaire » un peu spécial se tenait près du bistrot fréquenté par les Européens et écoutait ce qu’ils disaient. Comme il ne comprenait pas le français, il se fiait surtout à l’ambiance qui régnait dans le bar. À chaque fois que les pieds noirs étaient en colère et qu’ils montraient leur rage et leur amertume, notre « envoyé spécial » déduisait que nos valeureux Moudjahidines avaient infligé une sévère défaite aux soldats français.

Bien entendu, quand les Européens étaient heureux et exprimaient leur joie, l’émissaire comprenait que les militaires français ont réussi à abattre ou à capturer des Moudjahidines.

Dans ce livre, le grand psychiatre qui a entre-temps épousé la cause de la révolution algérienne voulait juste nous montrer que les Algériens arrivaient à décrypter l’information à travers  les émotions des personnes. 

A. D.

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