Par Rachid Ezziane
Pour un moins que rien on en fait toute une histoire. Toute une légende. Pour un oui, pour un non, ou juste un regard, on vient aux mains, aux poings et même qu’on aiguise les couteaux. Combien de querelles se sont avérées, comme les combats de coqs, rien que pour égayer les galeries et s’entendre dire quelques jolis compliments. Combien de cris ne sont que des «hallucinations» de «m’as-tu-vu». Et combien de menaces ont fait plus mal que des coups de poings. Et aussi des rires jaunes et des moues qui en disent long sans le dire.
Mais la vie, elle, là où elle s’exprime, elle nous raconte qu’il ne faut s’émouvoir de rien. Car rien dans la vie ne mérite ébahissement. Car la vie doit être vécu comme elle est, et… comme elle vient. Et puis la vie est faite de hauts et de bas. Donc rien ne sert de se lamenter quand c’est arrivé. Au contraire, il faut accepter de suivre son destin sans pour autant le forcer. Car il n’y a pas pire destin que celui à qui on a forcé la main.
Heureux donc qui, comme l’homme tranquille, contemple la vie au-dessus de la mêlée. Désintéressé de tout, il coule ses jours en harmonie avec la simplicité de la vie. Et la simplicité fait l’élégance. L’élégance du geste et du paraître. La voix sereine force à l’écoute. Le regard empathique donne de la confiance. Aucune inquiétude ne vient perturber la certitude de la foi. Et passent les jours… heureux ou pas.
Heureux qui, comme un fleuve, voyage dans les méandres de la vie sans avoir besoin de boussole, se contentant des étoiles et de son instinct de liberté. Là où il passe, il laisse un pan de brise réchauffant les cœurs des démunis. Ici, un ami l’attend. Là-bas, un cœur palpite pour le revoir. Au-delà des horizons, on recherche sa compagnie. On parle de lui. On le désigne du vocable de «l’homme tranquille». Les aléas de la vie ne sont pour lui que des simples épreuves à philosopher. Sa devise est qu’il ne faut jamais s’émouvoir de qui que ce soit ni de quoi que ce soit. Car la réalité est plus étrange que l’étrangeté elle-même. Alors autant en emporte le vent…
Et le vent de la liberté est pour lui plus cher que tous les biens du monde réunis. Se reposer sous l’ombre d’un arbre est une autre façon chez lui d’apprécier la vie. Marcher le long d’une rivière ou suivre le sentier qui mène à une montagne est encore plus enivrant que posséder une jarre d’or. Il porte son paradis dans son cœur. Chaque soir avant de s’endormir, il fait des invocations pour son prochain et purifie son âme de toute souillure de ressentiment ou de rancœur envers tous les hommes.
Heureux qui, comme l’homme tranquille dort comme un enfant sans haine et sans jalousie. Les jours et les ans passent et se ressemblent sans monotonie. Car avec l’aube de chaque jour, naît un nouvel homme… tranquille. Et la tranquillité porte à la sagesse qui, à son tour, mène à la satisfaction. Et avec l’habitude, tout s’exprime en atome de bonheur pour devenir, à la fin, une joie de vivre…
Heureux qui, comme l’homme tranquille, n’a jamais haï ni offensé les gens. Toujours l’esprit ouvert et la main sur le cœur. Partout où il passe, il sème de l’amitié à tout vent.
Heureux qui, comme l’homme tranquille, à la fin de sa vie pourra dire j’ai vécu…
R. E.