Bouchra Benali est née le 26 novembre 1967 à Constantine. Son père et sa mère, originaires de la région d’Akbou, dans la wilaya de Bejaia, s’étaient installés dans la ville des ponts où leurs grands-parents possédaient une demeure située au cœur de la ville. Confortablement installée dans la demeure familiale à Constantine, le couple Benali ne s’attendait pas à ce que sa vie change à partir du neuvième mois de la naissance de leur fille Bouchra.
À la fin des années soixante, la poliomyélite a régné en maitre en Algérie, et Bouchra Benali en a été victime à l’instar de beaucoup d’enfants de son âge. Alors qu’elle n’avait que neuf mois, l’enfant a contracté le virus qui l’empêcha d’effectuer ses premiers pas. Les parents ne se sont pas rendu compte du mal qui rongeait leur fille jusqu’à l’âge de 18 mois où sa santé commença à se détériorer chaque jour davantage. C’était trop tard, le mal a pris mais les parents ne perdent pas espoir. Ils décidèrent de transférer leur fille en France pour les soins nécessaires, c’est la sécurité sociale qui prendra en charge les frais d’hospitalisation. Une fois là-bas, Bouchra est prise en charge par les sœurs chrétiennes. Son père qui l’avait accompagnée rentre à Constantine en la laissant entre de bonnes mains. Sa fille recevait ses soins i, elle ne manquait de rien. Le centre spécialisé où elle se faisait administrer ses médicaments et ses séances de rééducation se trouvant à Lamalou-Les-Bains, à quelques 80 km de Montpellier, au sud de la France, n’était pas loin de la maison de repos où elle était hébergée, il est distant d’un kilomètre seulement.
La passion de la lecture et de l’écriture
À l’âge où elle devait rejoindre l’école, Bouchra s’y est fait inscrire le plus normalement du monde, c’étaient toujours les sœurs qui s’en occupaient. La fille suivait ses cours tout en se faisant soigner. Elle demeura plus de sept ans au centre d’hébergement de Montpellier sans retourner en Algérie ; sa famille qui lui manquait énormément. Ce n’est qu’après sa huitième année que Bouchra commença à rentrer périodiquement en Algérie pour passer les périodes de vacances en famille. Ses études en France étaient brillantes, elle gravit tous les paliers jusqu’au secondaire, profitant de ses moments libres pour lire et écrire. Cette passion l’a beaucoup aidée à oublier ses malheurs.
À son retour en Algérie, en 1983, Bouchra Benali a trouvé beaucoup de difficultés pour s’inscrire au lycée avec les élèves dits « normaux ». Les établissements algériens refusaient catégoriquement d’accepter une élève handicapée. Si ce n’était l’abnégation de son père qui a bataillé dur pour qu’elle poursuive ses études, Bouchra aurait sacrifié une carrière et avec elle toute une vie de rêves et d’espérance. La jeune Benali a finalement été acceptée au lycée El Houria de Constantine. Hélas, elle n’a pas pu obtenir le baccalauréat, le sésame qui ouvre les portes de l’université. L’échec n’a pas empêché la fille à passer un concours pour accéder à l’école paramédicale de la ville qu’elle a obtenu avec brio. Là, elle suivra une formation d’assistante médicale. Une fois le diplôme en poche, elle décroche un poste de travail au Centre Hospitalier Universitaire (CHU) de Constantine. Affectée au service de kinésithérapie, la brave femme n’a trouvé aucune difficulté à son travail du moment qu’elle s’y est habituée pendant son séjour en France.
Courage, patience et volonté
Afin de joindre l’utile à l’agréable, elle a continué à lire et à écrire tout en accomplissant avec dévouement son travail. Bouchra s’intéressa à beaucoup d’autres activités, entre autres l’apprentissage du tricotage. De l’aveu de ceux qui la connaissent, elle réalise de vrais chefs d’œuvres. Bouchera Benali est l’archétype de la femme battante, brave et vaillante, elle incarne la patience et se singularise par ses qualités morales élevées.
L’histoire de Bouchera Benali avec l’écriture ne date pas d’aujourd’hui car elle a commencé à écrire des nouvelles et des essais depuis son jeune âge, quand elle était en France. Ses œuvres n’ont pas été publiées faute de moyens financiers et d’autres difficultés de différents ordres. Bouchra s’occupe actuellement de la confection de garde-pages sous forme d’animaux, elle pénètre de plain-pied le monde des enfants par la réalisation de livres qui s’intéressent à cette catégorie. Son dernier ouvrage s’intitule : « Les animaux en rime ».
Bouchra ne compte pas s’arrêter en si bon chemin, elle promet aux enfants d’être à la hauteur de leurs attentes en se consacrant à la rédaction d’un ouvrage qui retrace sa vie et ses aventures avec la maladie et les voyages interminables en quête de thérapie.
En guise de reconnaissance pour les efforts consentis au service des innocents malgré les contraintes sanitaires, Bouchra mérite d’être apostée dans ce modeste portrait.
Abdelkader Ham