Malgré les fortes précipitations qui se sont abattues sur la majorité des régions du pays et qui ont parfois provoqué de grandes pertes à cause des inondations, à l’instar des wilayas de Khenchela et
Tipasa, outre nombre d’autres régions du pays, la joie n’a pas été complète pour les fellahs de la commune d’El Karimia, à Chlef. En effet, ces derniers sont restés sur leur « soif » vu que le niveau du barrage d’Oued Fodda, déjà à son plus bas depuis plusieurs mois, n’a pas vraiment augmenté. L’ouvrage qui enregistrait un taux de remplissage faible avant les dernières pluies n’a bénéficié que de 136 000 m/3 d’eau supplémentaires, une quantité qui reste très insuffisante selon le premier responsable du service des ressources en eau, en l’occurrence M. Mohamed Bouali. Les besoins des agriculteurs de la région, notamment les exploitants des terres situées dans le périmètre irrigué du Chélif, demeurent très élevés eu égard à l’importante superficie à irriguer. Ces terres sont réservées quasi-exclusivement aux cultures saisonnières et à l’arboriculture fruitière, toutes deux très friandes en eau.
Des nappes au plus bas niveau
Pour ce qui est des puits et forages, la situation reste inchangée puisque les pluies orageuses de ces dernières semaines n’ont pas eu de grosses répercussions sur le niveau des nappes souterraines.
M. Abdelkader Benghalia, habitant du douar de Brakna, voit le niveau de ces deux puits profonds diminuer de jour en jour. Selon lui, cette situation est causée par la sécheresse enregistrée plusieurs mois durant avant les dernières précipitations. En outre, dit-il, il y a eu une très forte demande en eau douce de la part des colporteurs d’eau, très nombreux dans la région, qui a participé à assécher les deux puits. « Je crains qu’on ne souffre cet été de cette situation. En effet, c’est la première fois que je vois le niveau d’eau de mes deux puits autant diminuer, c’est effrayant. »
Et de poursuivre : « Avant, le pompage se faisait nuit et jour sans que le débit d’eau ne soit affecté mais plus maintenant, on est obligé d’arrêter régulièrement les pompes mécaniques et attendre que le niveau d’eau remonte. »
À voir la longue file d’attente des camions et tracteurs citernes faisant la queue devant les deux puits, on comprend mieux le désarroi de cet exploitant.
Une année exceptionnelle…
En ce qui concerne les répercussions du manque d’eau -à partir du barrage ou des forages-, les arboriculteurs ne sont pas sûrs d’obtenir les quantités d’eau nécessaires pour leurs cultures.
Selon le directeur des ressources en eau, les lâchers d’eau depuis le barrage d’Oued Fodda seront seulement de deux millions de mètres cubes cette année d’Oued.
Chez les producteurs maraichers, le pessimisme est de rigueur : ils n’auront pas assez d’eau pour arroser leurs champs. Précédemment, ils comptaient sur les eaux des oueds et quelques forages. Selon les dires d’Ahmed Fekirine, cultivateur : « Cette année sera exceptionnelle, surtout dans notre région où les pluies ne tombent plus à la même saison ; les pluies arrivent tardivement, et ce retard crée de gros problèmes pour les cultivateurs non seulement en pour l’irrigation mais aussi pour la programmation des travaux de champs. »
Quoi qu’il en soit, assure-t-il, « c’est reparti pour des augmentations substantielles des prix des légumes. »
M. Mostefaï