La tension n’a pas baissé à la cité universitaire de Mahelma I depuis la chute mortelle d’une jeune étudiante du 5ème étage du bloc B où elle résidait. Livrées à elles-mêmes dans un premier temps, les résidentes ont passé des heures d’angoisse avant de se ressaisir et d’exiger une prise en charge psychologique. Elles ont également revendiqué une meilleure écoute auprès de la direction de la cité en raison du peu d’intérêt que cette dernière accorde à ses pensionnaires.
Selon les échos qui nous sont parvenus, une psychologue a été dépêchée sur les lieux pour s’entretenir avec les dizaines d’étudiantes encore traumatisées par le drame qu’elles ont vu et vécu lors de cette nuit cauchemardesque du 23 mai dernier. Toutefois, nous dit-on, ses propos n’ont pas été convaincants, cette dernière se réfugiant derrière des considérations religieuses et des lieux communs, comme le lui a d’ailleurs fait remarquer une étudiante en médecine.
D’après des résidentes, les séances de debriefing ont toutefois rassénéré les groupes de filles qui y participent, tout en indiquant qu’il reste beaucoup à faire pour leur faire oublier l’horrible accident. Elles estiment par ailleurs qu’il faut améliorer les conditions de vie et de séjour dans la cité. Elles déplorent, en effet, les règlements et restrictions qui leur sont imposés et qui les empêchent de vivre dans la sérénité et la quiétude. Bien au contraire, affirment-elles, ces prescriptions ajoutent davantage au stress et accentuent la pression sur des résidentes car nombreuses sont celles qui n’arrivent pas à s’adapter aux conditions draconiennes décidées par la direction de la cité U.
Une suite d’interdits qui rappelle plus le pensionnat de lycée qu’une résidence pour de futures cadres de la nation, font-elles savoir. Parmi ces « restrictions », l’exigence de porter un habit « décent » à l’intérieur de la cité. A défaut, les contrevenantes sont menacées d’être traduites en conseil de discipline. C’est en tout cas ce signalent des affichettes placardées dans les couloirs, les allées et les dépendances communes.
Il n’en faut pas plus pour redonner de la vigueur à la bigoterie ambiante et à l’ostentation politico-religieuse dont font montre les « moutahadjibate » et autres activistes « salafistes », très présentes au niveau des cités universitaires. Cet après-midi, une cérémonie religieuse a même été organisée par des militantes de l’UGEL à l’endroit où la jeune victime est tombée. Toutes vêtues de noir, les organisatrices, en collaboration avec la direction de la cité, ont distribué des boissons et des gâteaux ; des haut-parleurs ont diffusé longuement des versets du Coran. L’UGEL prévoit un programme de conférences animées par les Imams afin de sensibiliser les résidentes sur nombre de questions religieuses.
Pour nombre de résidentes, cet activisme ne saurait cacher les réalités qu’elles vivent en cité U.
A. L.