Par Dr Mohammed Guétarni*
Le salon du livre est un espace dédié aux acteurs de la plume (caressante ou hérissante), soit à l’élite intellectuelle, pour présenter leurs œuvres respectives à un large public composé de toutes couches confondues. Il est la vitrine où l’on expose les dernières œuvres de création de l’esprit humain aux apprenants, étudiants, professeurs. Autrement dit, à tous les esprits âpres et épris de curiosité culturelle. De la plus ancienne culture préhistorique d’Amérique du Nord, reconnue dans les montagnes de Sandia (au nord-est d’Albuquerque, dans le Nouveau-Mexique, entre 12 000 et 8 000 ans avant J.-C.) à celle d’aujourd’hui.
Les ‘’curieux’’, toujours avides de comprendre et de savoir, s’y rendent dans l’espoir de trouver leurs perles rares pour assouvir leurs faim et soif inextinguibles d’apprendre toujours plus : « Iqra’. » C’est un lieu d’information sur les dernières éditions et, aussi, de formation au moyen de rencontres conviviales et échanges d’idées entre intellectuels (écrivains, poètes, spécialistes, chercheurs…) aussi bien nationaux qu’étrangers.
Le salon du livre, foire littéraire
Le salon du livre préserve une place de choix à la littérature dans l’espace public. On le visite tant en famille qu’individuellement. Il permet de booster, dans notre pays, l’industrie du livre. Ce dernier est de plus en plus rivalisé, concurrencé par les réseaux sociaux (internet, face book…). Cela n’empêche en rien qu’il reste toujours droit dans ses bottes sur son piédestal quoique qu’on dise, quoique qu’on fasse. Il est, donc, dédié aussi bien aux ‘’professionnels’’ de la culture qu’aux dilettantes parce que la culture est aussi nécessaire à la société que l’oxygène aux poumons des animaux pour le maintenir en vie.
De même qu’il est un instrument stratégique de communication et de marketing des entreprises du livre. Aussi peut-il servir de prospection pour de nouvelles plumes, de nouveaux marchés à même de rencontrer de nouveaux clients.
La tenue annuelle d’un pareil Salon est devenue une tradition louable dans la ville de Chlef qu’il faut préserver et maintenir. La prochaine édition, la troisième, sera organisée pour le début du mois de mai 2023 alors qu’il y a quelques années, notre région ignorait cette pareille manifestation culturelle jusqu’à son existence. Est-ce par manque d’organisateurs, de volonté, de budget ou autre ? Peu importe. L’essentiel est que le Livre ait pu recouvrer sa place qui lui revient de droit (divin). « Lis au nom de ton Dieu » (Coran : 96 ; 01).
Pourquoi un pareil évènement culturel ?
C’est montrer que le livre reste l’unique valeur sûre et indétrônable d’intellectualité. L’être humain est composé de deux propriétés qui constituent son être : la Matière et l’Esprit. La première est nourrie au moyen d’alimentation, la seconde par la culture. C’est pourquoi, « l’alphabet, pour le poète italien Dante Alighieri, est le premier besoin de l’Homme après le pain. » Autrement formulé, si le corps se nourrit de pain, l’esprit est alimenté par culture. Celle-ci contribue à l’éloigner peu ou prou de son instinct bestial vers un comportement civilisé, raffiné chargé d’élégance.
Cependant, les frais de l’organisation d’une telle manifestation sont onéreux pour les acteurs du Livre s’il n’y a pas une manne financière. C’est pourquoi la présence de Madame la Ministre de la Culture serait souhaitable, voire louable à l’inauguration de cet évènement particulier pour s’enquérir elle-même et… de visu des difficultés et écueils de tous genres qu’ont rencontrés les organisateurs durant les préparatifs. La volonté ne manque pas (Dieu merci) mais ce sont les aides financières externes qui font sérieusement défaut. Les frais que peuvent engendrer un tel évènement ne sont pas des moindres. Il n’appartient pas à une seule maison d’édition de Chlef, aux revenus des plus modestes, de prendre à sa charge toutes les dépenses induites par cette manifestation, la participation d’autres financements provenant des partenaires tels que le Ministère de la Culture, les sponsors et les acteurs de la chaîne du livre (librairies, bibliothèques, éditeurs…), les riches mécènes de la région… est essentielle pour que le livre reprenne toute sa valeur culturelle, qu’il occupe le devant de la scène et qu’il ne reste pas toujours au fond de la salle tel un parent pauvre qui a honte de se montrer.
La visée culturelle
Les objectifs du Salon du Livre sont, certes, commerciaux parce qu’il permet aux auteurs de vendre leurs livres mais pas que : à côté du commerce, il y a un autre but à atteindre qui est d’ordre culturel car c’est une occasion d’or, pour les lecteurs et tous les autres citoyens, de rencontrer et palabrer directement, et sans technologie interposée (radio, TV, téléphone…) avec les auteurs, assister, aussi, aux diverses activités telles que des conférences-débats et des ateliers. Il sert de courroie de transmission entre les bibliothèques, librairies. C’est-à-dire faire redécouvrir la Littérature et redonner le goût de la Lecture, (cette grande absente) et ses bienfaits.
La visée sociale
« La littérature et les arts sont une façon de “dialoguer” socialement autour d’enjeux divers […] soit dans la sphère des affaires publiques (politiques, enjeux de société, débats collectifs…), mais aussi dans la sphère privée : en effet, les romans, la poésie et les essais proposent aux […] lecteurs des histoires ou des réflexions qui [leur] permettent de se comprendre eux-mêmes ! » (Pascale Bédard).
En conclusion, organiser un salon du livre n’est pas chose aisée. À contrario, il est bien plus complexe qu’on ne l’espère parce qu’il exige la collaboration de plusieurs composantes telles le problème financier qui est le nœud gordien qu’il faut trancher à même d’assurer la réussite d’une pareille manifestation pour être célébrée une fois par an comme l’Aïd El Fitr. Longue vie à notre Salon du Livre.
M. G.
*Professeur d’université