Par Aomar Khennouf*
Pourquoi il faut encourager l’organisation de salons dédiés au livre un peu partout à travers notre pays et en faire bénéficier les citoyens qui ne peuvent effectuer le déplacement sur de longues distances qui pour se procurer un ouvrage scientifique, qui un roman ou un livre d’exégèse religieuse ? Dans un pays comme le nôtre, aussi vaste qu’un continent, cela devient une évidence.
Depuis quelques années, je ne loupais pour rien au monde le Salon international du livre d’Alger (SILA). Au-delà du bonheur qu’il me procure, je me réjouissais également à la vue de cette impressionnante marée humaine qui déferlait chaque jour sur le palais des expositions des Pins Maritimes à Alger. Je pense que c’est la manifestation qui draine le plus de monde. Un tel engouement, malgré la crise que connait le monde de l’édition, c’est du baume au cœur. Un élan porteur d’espoir. Un acte de résistance face aux assauts dévastateurs de l’ignorance et de l’obscurantisme.
Mais malgré cet afflux massif des visiteurs, des amoureux du livre, venant des quatre coins du pays, il demeure que beaucoup de passionnés de lecture de l’Est, de l’Ouest et avec un peu plus d’acuité pour nos compatriotes du Sud, sont frustrés de ne pouvoir participer à cette grande fête du livre, pour différentes raisons telles l’éloignement, la cherté des transports et de l’hébergement pour les bourses modestes.
Bien avant de passer de l’autre côté du livre avec la publication d’un premier roman en octobre 2022, j’ai visité le salon du livre de Chlef ainsi que ceux d’Ath Yeni et de Takerietz. J’en garde un très bon souvenir. Ce n’est donc qu’en passant de « l’autre côté » du livre, avec l’édition d’un premier roman, que j’ai pris conscience des difficultés dantesques que connaissent les éditeurs et les organisateurs de ces manifestations dédiés au livres.
Du 1er au 4 mai prochain se tiendra la troisième édition du salon du livre de Chlef qui porte désormais le nom de notre glorieuse héroïne et martyre de la guerre de libération, Hassiba Ben Bouali. Organisé par Les Presses du Chélif, sous la houlette de M. Ali Laïb, véritable cheville ouvrière, épaulé par sa petite équipe et en collaboration avec la direction de la Culture et du bureau de l’ONM de Chlef, cette manifestation verra la participation de l’université Hassiba Ben Bouali à travers ses enseignants et l’Alliance pour le renouveau estudiantin national (AREN).
Le programme de conférences-débats, de tables rondes, en sus des ventes dédicaces de cette troisième édition du salon du livre de Chlef, promet aux lecteurs des wilayas de l’Ouest et du Centre-Ouest, des rencontres et des échanges passionnants et forts instructifs. Rapprocher les auteurs de leurs lecteurs est une mission noble qui mérite encouragement et soutien. Organisés à une échelle wilayale ou régionale, ces évènements offrent plus de latitude et d’opportunités autant aux visiteurs que pour les participants pour échanger et débattre de cette merveilleuse aventure qu’est le livre.
Le salon du livre Hassiba Ben Bouali est, à ma connaissance, l’unique manifestation du genre organisée dans cette région de notre pays. Il y a quelques temps, une tentative d’organisation d’un salon du livre à Relizane a avorté. J’espère et je ne pense pas être le seul à espérer que ce n’est que partie remise. J’espère que les autres wilayas, de manière générale et celles du Sud en particulier, organisent à leur tour leur salon du livre. Si les lecteurs le souhaitent, les plus hautes autorités du pays ont les moyens de faire de nos espérances une réalité concrète. Voilà pourquoi, en quelques mots, j’estime qu’il plus que louable que ce genre de manifestation se multiplie à travers le territoire national.
Pour ma part, je dirais qu’il y a très longtemps que j’ai noué une amitié avec le livre. S’il m’est arrivé de l’oublier de temps à autre, contraint par les vicissitudes de la vie, lui ne m’a jamais trahi. C’est dans la lecture que je puisais force et confiance, disait Gisèle Halimi.
Et pour rendre hommage à cette amitié, je serais à Chlef et dans bien d’autres salons du livre, en tant que lecteur d’abord.
Pour clore ce billet, je reprends cette citation de Victor Hugo : « La lumière est dans le livre, laissez-le rayonner ». Alors, laissons-le rayonner.
A. K.
*Cadre retraité, écrivain