Par Abdelkader Guerine*
«La propagation du coronavirus est un exemple concret de la désintégration rapide de l’entité humaine. Un indice alarmant qui prévoit une suite pessimiste à l’avenir de l’humanité. C’est sans doute un signe de la fin de notre civilisation»
De Wuhan à Blida, c’est l’histoire d’un vol de quelques heures seulement. L’intelligence de l’homme a conçu le moyen rapide et confortable de se transporter d’un continent à l’autre, sans fournir l’effort du parcours des longues distances, ni risquer le périple des voyages à travers les terres, les mers et les lointains déserts. En effet, les inventions en matière de locomotion et de communication ont rapproché les hommes, mêlé mutuellement leurs différentes cultures et acheminé la civilisation des uns aux coutumes appropriées par d’autres. Dire que le monde est petit est donc une réalité.
L’ingéniosité humaine a mis au point des dispositifs variés pour le transport des personnes et des différents produits industriels. Un réseau d’échanges s’est tissé et s’est progressivement développé à travers les activités commerciales interhumaines. Ainsi, l’homme n’a pas seulement créé de nouveaux outils pour améliorer sa vie, il a aussi élaboré le moyen de les faire connaître et de les divulguer à travers le monde. Cependant, ces nouvelles dispositions de déplacement des hommes et des marchandises sont aussi bien un instrument de promulgation de produits utiles et nécessaires, qu’une mécanique qui sert à diffuser des éléments nuisibles à son concepteur même.
Le drame mondial que nous vivons témoigne bien de la défaillance de l’intelligence des hommes. Il aura fallu quelques heures seulement pour dispatcher un virus mortel de son point d’apparition vers des contrées lointaines sur terre, grâce notamment aux techniques d’expédition créés par le savoir humain. La technologie qui facilite la vie des hommes, eux qui veulent aller toujours plus vite, plus haut et plus loin, c’est aussi du génie qui collabore à la destruction de l’espace de leur vie et menace leur présence sur la planète. Il aura fallu des heures seulement pour vider les rues du monde, claustrer les terriens dans leurs demeures et abattre tous les malchanceux qui ont eu le malheur de croiser cet ennemi inconnu. Ceux qui n’en sont pas morts en garderont certainement les séquelles de cette expérience pour le restant de leur existence.
La société de consommation est devenue le moteur qui fait tourner l’économie du monde. L’industrialisation a engendré une production massive de biens et de services, lesquelles sont de plus en plus disponibles et de moins en moins chères. L’interaction des échanges entre les pays devient plus dense et plus complexe avec le progrès des fabriques et les moyens de la transportation de leurs œuvres. Import, export, transfert et réception de toutes sortes de marchandises qui arrivent de partout et vont vers toutes les destinations. Transactions, affaires, fourniture de l’offre à une demande qui cherche toujours le mieux même lorsqu’on lui présente le meilleur.
Voir toutes ces activités économiques se mettre soudainement à l’arrêt est un fait qui subjugue la raison d’un côté et montre la fragilité de cette force motrice de l’autre. Savoir que l’artisan de cette neutralisation est un simple virus est un fait qui remet en cause la science et toutes les facultés de l’homme en jetant le doute sur la crédibilité des puissances qui décident de l’avenir du monde.
Par ailleurs, à entendre certaines voix s’élever pour crier à la conspiration et au complot quant à l’apparition du Covid-19 est une conclusion qui décrit parfaitement le revers malfaisant et décevant de l’intelligence et de la nature humaine. Il est inadmissible que les recherches scientifiques, censées fournir le soin et la protection à l’homme, soient employées dans le but de le détruire. Il est incompréhensible que des appareils de pointe soient inaugurés pour freiner l’évolution de l’homme alors qu’ils sont, normalement, inventés pour lui apporter le confort et lui assurer la continuité sur terre. Il est aberrant de s’apercevoir que les compétences du savoir humain soient détournées à des fins démoniaques par la folie des uns ou par le gain financier des autres.
Mais la mauvaise volonté de l’intelligence n’est pas un sujet surprenant. L’intellect maléfique des hommes a toujours œuvré à la démolition de son entourage : la pollution causée par l’industrialisation abondante, l’armement à destruction massive, la déforestation pour l’urbanisation sauvage d’endroits exotiques pour des objectifs typiquement lucratifs, l’agression des animaux et l’extinction de certaines espèces, la souillure des ressources hydrauliques, l’ébranlement en partie de la couche atmosphérique protectrice de la terre qui a abouti au réchauffement inquiétant de la planète… C’est là quelques effets de l’évolution de l’homme dont les conséquences sont observées dans la difficulté qu’il rencontre à mener son quotidien. La dégradation de la qualité de vie se remarque dans le déséquilibre subi par la nature, dans l’émergence de maladies chroniques civilisationnelles, dans la multiplication des fléaux sociaux et dans la disparition de certaines valeurs coutumières qui faisaient le bien-être et l’étique de l’humanité.
Ce n’est donc pas nouveau de remarquer que l’intelligence de l’homme est une force qui sert à ériger des inconvénients à sa vie, et non pas un don qui lui permet de les résoudre. Le Covid-19 est une preuve réelle de ces machinations diaboliques qui visent à anéantir l’homme par l’homme lui-même. L’épanouissement de la civilisation s’établit par l’autodestruction de l’homme par sa propre intelligence. L’avancée de l’intelligence artificielle assure désormais une destruction rapide et générale. La propagation du coronavirus est un exemple concret de la désintégration rapide de l’entité humaine. Un indice alarmiste qui prévoit une suite pessimiste à l’avenir de l’humanité. C’est sans doute un signe de la fin de notre civilisation.
Des études menées par des chercheurs de la NASA sont convenues à envisager une fin certaine de la civilisation moderne. Les scientifiques de l’agence spatiale américaine affirment qu’à ce rythme de la surexploitation des ressources naturelles, de l’épuisement graduel des énergies non renouvelables, de l’infection du milieu nécessaire à la vie et des nombreuses maladies incurables qui surgissent d’une manière accélérée, la disparition de notre civilisation est une question de quelques décennies. Ces chercheurs constatent que tous les symptômes qui révèlent une possible extinction de la civilisation actuelle sont déjà réunis. Ils accusent, par ailleurs, les gouverneurs des pôles puissants qui régissent les affaires du monde, les pays riches et industrialisés notamment. Les adversités politiques et la concurrence économique entre ces pays ont souvent généré des conflits violents multiples sous forme de guerres de tous genres : militaire, stratégique, électronique, médiatique et maintenant bactérienne ou bioterroriste. Ces mêmes chercheurs appuient leur approche fataliste en citant les exemples d’anciennes civilisations disparues, comme celle des Mésopotamiens, des Grecs ou des Romains.
Toutes les civilisations atteignent un seuil de progrès plafonnier et finissent par craquer progressivement jusqu’à s’éteindre totalement. L’effondrement est un fait récurent dans l’histoire de l’humanité. L’effacement des peuples n’est pas une action instantanée, la procédure peut traîner pendant des années. Les raisons visibles de cet écroulement croissant sont observées dans la détérioration de l’espace de vie, la surpopulation démographique, le tarissement des ressources impératives à l’existence et les inégalités creusées entre la minorité des riches et la large proportion des pauvres. Sur ce dernier point, les savants de la Nasa estiment que les pays pauvres vont subir de plein fouet le passage d’une pathologie contagieuse comme celle du Covid-19. Ils redoutent toutefois que cette maladie ne soit pas la dernière et qu’il y ait probablement une suite d’apparitions de virus dangereux qui nous sont encore inconnus.
Les pays pauvres ne pourront pas supporter les retombées du conflit éternel entre les clans des riches qui se jettent des virus et des bactéries. Contaminés forcément par l’avancée brutale de la maladie, les peuples démunis seront, d’une part, incapables d’apporter les soins à leurs populations et, d’autre part, ils ne sont pas assez prospères pour se prendre en charge en cas de prolongation indéterminée de la mesure du confinement et de l’inertie économique. Selon la Nasa, l’Afrique et l’Inde seront les premiers peuples à s’éclipser, avant d’être suivis peu à peu par le reste de la population du monde.
Le message de la Nasa est une alerte lancée, peut-être, après son temps. L’ordre mondial de notre temps est voué au déchirement. L’humanité est entrée dans un engrenage de surexploitation infernale des éléments fondamentaux pour la continuité du genre humain. Ainsi, l’intelligence n’aura servi qu’à la destruction d’une espèce qui perd les normes de sa conscience au profit du gain matériel inutile finalement. Nous aurions bâti des mégapoles où personne n’habitera, érigé des routes et des ponts par où personne ne passera, construit des usines qui ne produiront rien et fondé des écoles qui ne donneront aucun savoir. La nature renaîtra de nos cendres. Nous aurions laissé les bases d’une science qui s’avoue limitée, les trésors d’une littérature riches de nos conquêtes vers notre fin et plein de légendes ponctuées d’erreurs et de déraisons que ni la morale, ni les religions, ni les lois que nous-mêmes avions inventées ne réussiraient jamais à corriger.
A. G.
*Ecrivain