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Ramadan 2023 : craintes et appréhensions à Chlef

Les habitants de la wilaya de Chlef s’attendent à un Ramadan des plus chauds et, conséquemment, à une saignée financière qu’ils n’ont jamais connue auparavant.

En plus des pénuries provoquées par les milieux d’affaires réactionnaires, la population chélifienne s’attend avec certitude à une augmentation effrénée des prix des produits alimentaires et même des objets usuels indispensables aux ménages. Une tendance haussière que tout un chacun a observé depuis ces derniers mois et que rien ne semble atténuer, bien au contraire.

Le plus grave, c’est que la pénurie a touché quelques produits de base essentiels. Ainsi, dans la quasi-totalité des quartiers de la ville, l’on peut observer de longues chaînes devant les magasins d’alimentation générale où les sachets de lait subventionné sont distribués avec parcimonie. Deux litres par client, selon les explications fournies par plusieurs consommateurs. De leur côté, les épiciers et patrons de supérettes affirment être desservis régulièrement mais en quantités très insuffisantes par rapport à la demande. Pour contenter les clients qui se bousculent devant les portes à l’arrivée du camion de livraison, ils sont obligés de limiter à deux sachets la quantité à accorder à chacun. Cette situation a favorisé le retour d’un phénomène que l’on croyait à jamais révolu : l’imposition du système des quotas d’achat et son corollaire le stockage par les ménages des produits alimentaires sous tension.

« Ce n’est pas uniquement le père ou la mère qui fait la queue leu-leu mais pratiquement tous les membres de la famille qui, chacun de son côté, se débrouille son quota de lait, d’huile et se semoule », nous dit le gérant d’une supérette à la cité des 500 logements de Chlef.

Forcément, les retardataires sont obligés de se rabattre sur le lait de vache en sachet, trois fois plus cher que le lait subventionné.

Des clients en attente de l’arrivée du camion livreur de lait

Nous avons également remarqué que l’huile de table est carrément absente des étals. « Ce n’est pas parce qu’elle n’est pas disponible mais parce que sa vente pose problème », nous explique un épicier de la Cité. « On ne peut pas même pas placer les bidons d’huile dans l’arrière-boutique ni dans une aire de stockage, il faut les exposer directement aux acheteurs et cela crée de la confusion quand on ne dispose pas d’assez d’espace dans son magasin », ajoute-t-il non sans nous faire cette confidence : « Je n’ai pas envie d’écoper de dix ans de prison pour quelques litres d’huile ».

Flambée des prix au marché Bensouna

Au marché de Hay Bensouna, une structure qui aurait dû être rasée il y a des lustres, les mêmes pratiques se poursuivent au su et au vu de tous. Les bouchers, volaillers et autres chevillards proposent de la viande à des prix qui font fuir le plus hardi des clients. Les marchands de fruits et légumes ne sont pas en reste.

Dépités, les consommateurs paient sans rechigner, sachant que leurs récriminations ne sauront attendrir les marchands.

A l’évidence, le pouvoir d’achat s’amenuise à vue d’œil dans cette ville qui a pourtant tous les atouts pour être des plus prospères du pays. Nombre de citoyens de condition modeste s’obligent à des sacrifices en se privant de certains légumes et denrées alimentaires et en limitant les dépenses d’habillement à leur strict minimum.

Très proche de sa communauté, un médecin privé a décidé, comme à l’accoutumée, d’ouvrir pendant le ramadan un point de restauration pour les gens de passage, les travailleurs joignant difficilement les deux bouts de mois, les démunis et tous ceux et celles que le destin a jetés dans les rets de la pauvreté.

Quant aux « riches », leurs préoccupations sont ailleurs : « Omra » en famille ou repos et farniente dans une des résidences secondaires de la côte algérienne. Et c’est de leur droit.

A. L.

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