Par Rachid Ezziane
Les choses ne semblent pas aller vers «l’apaisement». Ce minuscule virus ne veut pas lâcher prise comme s’il avait une dent contre les hommes, ou une dette à récupérer. En un temps record, il a essaimé, tel un nuage apocalyptique, la totalité des régions du monde. Chaque jour, le nombre de morts augmente ainsi que celui des contaminés. On commence à se disputer sur les moyens de protection. On utilise même de la piraterie pour les détourner. Se procurer des masques ou des machines d’oxygénation sans être volé ou dérouté est devenu un exploit national. La moitié de l’humanité, soit quatre milliards d’êtres humains sont concernés par le confinement et le risque de contamination. Jamais dans l’histoire de l’humanité, on n’a connu un tel événement, malgré les guerres et les catastrophes naturelles qui avaient pourtant fait des millions de morts. L’économie mondiale est presque à l’arrêt. Les bourses fonctionnent au ralenti. Et on commence déjà à stocker les denrées alimentaires. Combien durera cette crise sanitaire ? Personne ne le sait, ni ne peut apporter un pronostic.
Un mois d’immobilisation a fait remonter à la surface des sociétés développées toutes les tares d’un capitalisme sans foi ni loi. En Amérique (USA), les choses sont encore plus compliquées car la première puissance du monde n’a pas institué pour ses citoyens une couverture sanitaire en adéquation avec sa puissance militaire et économique. En un temps record, des milliers de personnes ont été contaminées sans pouvoir trouver de place où se soigner. C’est le même constat dans les pays «locomotives» de l’Europe. Des pays moins développés, mais qui ont un système sanitaire plus ou moins «humain», comme Cuba par exemple, exportent leur savoir-faire vers ces pays nantis. Et dire qu’il n’y a pas longtemps, on croyait que ces pays de l’Occident pouvaient faire face à toute éventualité quelles qu’en soient les circonstances. Ce n’est que dans les films qu’ils excellent, la réalité les a mis à nus.
Dans cette confusion, vient s’ajouter la course contre la montre à qui arrivera à trouver le premier le vaccin qui va endiguer la pandémie. Chaque jour, des laboratoires annoncent avoir trouvé la clé de sésame. Un jour, c’est la Russie, un autre jour, c’est la Chine ou l’Allemagne ou la France. Le docteur marseillais Didier Raoult n’en fait pas cas et continue à soigner ses malades avec la chloroquine (médicament contre le paludisme). En Algérie, on utilise le même protocole sanitaire. On teste. On attend. Le virus continue à tuer. On ne sait plus à quel saint se vouer…
Et puis, il y a ceux qui traînent toujours l’autre maladie du colonialisme, sans aucune retenue ni honte, comme au 19e siècle, proposent de tester leur vaccin sur les africains, comme ils l’ont fait (selon les dires d’un médecin français) avec les prostituées. Au 21e siècle, des français, pourtant médecins, voient toujours l’Afrique comme un «sous-continent» où vivent des cobayes maîtrisables à bon marché comme au temps de l’esclavage. En vérité, ils sont toujours dans leur logique car il n’y a pas longtemps, de 1960 à 1966, ils ont utilisé des Algériens comme boucliers en testant leur bombe nucléaire. Ces médecins français, racistes jusqu’à la vomissure, ont oublié un fait majeur. L’Afrique et les Africains ne sont plus ce qu’ils étaient et le monde a bien changé. Ils n’avaient qu’à voir les statistiques de leurs pairs pour savoir que la moitié des praticiens en France sont Africains et Arabes.
Au lieu d’appeler à une solidarité internationale pour endiguer cette pandémie meurtrière, ces néocolonialistes n’ont trouvé que leur abjecte mémoire de colons à faire valoir. Messieurs les français, les Anglais et autres Occidentaux, il faut que vous vous mettiez une fois pour toute dans votre tête que l’époque du colonialisme est bien révolue, à jamais «caduque»…
R. E.