Longtemps, les activités sportives d’envergure internationale ont eu pour cadre le grand sud algérien. Taghit, Tamanrasset, Djanet, El Oued, Biskra et plusieurs autres hauts lieux touristiques ont été les lieux de prédilection du tourisme sportif qui allie activité physique et découverte.
À Chlef, un voyagiste a tenté une première expérience vers la fin des années 80 dans l’Ouarsenis mais son initiative a fait long feu : au moment où il a commencé à prospecter l’immense massif, la situation s’est dégradée au point où les riverains ont dû se résigner à l’exode. La situation sécuritaire était en effet telle qu’il était impossible d’organiser la moindre incursion dans cette vaste région montagneuse. Aujourd’hui, est-il possible de reprendre cette idée lumineuse qui, faut-il le rappeler, est déjà appliquée en Kabylie, dans les Béni S’nouss, du côté de Tlemcen, et de le vaste Sahara algérien ?
« Que ce soit à Tamanrasset, Taghit ou le Djurdjura, les riverains devraient bénéficier des retombées des manifestations sportives qui s’y déroulent », estiment des citoyens chélifois rencontrés au café Fedlaoui, à Chlef. Les habitués de ce modeste établissement sont d’anciens habitants de la ville ayant occupé des postes de responsabilités très élevés ; leur avis sur ce genre de questions est à prendre en considération.
Le plus important pour nos interlocuteurs, c’est la régularité de ces manifestations à travers lesquels l’Algérie pourrait, dans très peu de temps, développer une véritable industrie du tourisme sportif et de découverte.
Pour les amoureux des randonnées pédestres et activités sportives de montagne –et ils sont nombreux dans la région de Chlef–, le développement du tourisme sportif est une question de bon sens puisque tous les atouts sont réunis. Ici, les sites naturels et historiques sont nombreux.
À la découverte des trésors de la nature
L’activité la plus facile et la moins coûteuse à développer qui pourrait être lancée dans les semaines qui arrivent serait d’organiser des randonnées pédestres –ou trekking– dans les montagnes du Dahra et de l’Ouarsenis. Les agences de voyage, les clubs sportifs amateurs et les associations, en coordination avec la direction des sports et de la jeunesse pourraient imaginer des circuits combinant à la fois les bienfaits de l’effort physique modéré et la découverte des sites que recèlent les régions montagneuses comprises dans la wilaya de Chlef.
Les organisateurs pourraient aussi imaginer des randonnées en VTT avec le soutien des directions du Tourisme, de la Jeunesse et des Sports, des Forêts et des Services agricoles ; l’idée étant de sensibiliser dans le même temps les participants à la préservation des milieux naturels et, surtout, faire des participants les porte-voix du développement et de la promotion des régions montagneuses du centre-ouest. Car ici, les signes du sous-développement sont visibles même pour les non-initiés. En témoignent, en effet, l’absence flagrantes d’activités humaines dans la plupart des zones montagneuses.
Un tourisme d’excellence à la portée de tous
Du côté d’Ouled Ben Abdelkader, les nombreuses forêts, les cours d’eau et, surtout, l’immense lac artificiel de Sidi Yacoub font rêver les adeptes du tourisme vert. Hélas, il n’y a aucun « point de chute » pour les visiteurs : ni café, ni restaurant, ni relais, ni auberge, ni refuge… où les randonneurs pourraient se sustenter, faire un break, se reposer et, surtout, prendre langue avec les habitants des lieux pour mieux connaître leur mode de vie, l’histoire de leur région, leurs coutumes, etc.
Pour rejoindre vers Beni Bouateb, sur les contreforts nord-ouest du massif de l’Ouarsenis, là où vivait « Dhibania », la devineresse, il faut nécessairement passer par le grand barrage de l’oued Fodda. Et le lac et la dense forêt qui l’entoure sont d’une beauté saisissante. Des randonnées pédestres, à dos de mulet ou sur VTT sont à imaginer pour faire découvrir cette magnifique région aux amateurs. Et dans le même temps, contribuer à rompre son isolement.
Lister les zones touristiques d’excellence qu’abrite la wilaya de Chlef est long et fastidieux. Qu’en serait-il si les rendez-vous sportifs et de loisirs débordaient sur les wilayas limitrophes de Tipasa, Aïn Defla, Tissemsilt, Relizane et Mostaganem ? On imagine à peine le succès fabuleux que rencontreraient des activités drainant un grand nombre de participants comme les super-marathons, les concours de parapente ou de para-moteur, les courses de VTT, les randonnées et excursions pédestres et nombre d’autres sports alliant la découverte touristique à l’effort physique modéré. Lors d’une édition du Salon international du tourisme d’Alger (SITEV), la directrice d’une agence de voyage installée en Kabylie nous a expliqué longuement les bénéfices des activités citées plus haut sur le développement économique et social. En résumé, elle nous a dit ceci : « En fait, nous voulons que les gens découvrent l’Algérie en marchant. Les participants vont rencontrer les villageois, voir comment ils vivent, et cela permettra une meilleure connaissance du pays. Nous ne courrons que sur des pistes balisées, pas sur le goudron. C’est ce qui se passe d’ailleurs en Suisse, au Colorado et dans d’autres pays où sont organisées pareilles manifestations ». Sans commentaire !
L. C.