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Brahim Taibi, membre de l’APC de Breira : « La situation ne prête pas à l’optimisme »

En attendant une réaction de la part du président de l’APC de Breira, nous avons pris attache avec Brahim Taibi, un élu de cette assemblée qui a bien voulu répondre à nos interrogations. Il a notamment pointé du doigt les décisions arbitraires du maire.


Le Chélif : M. Taibi, voulez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Je m’appelle Brahim Taibi, j’ai 33 ans, je suis membre de l’assemblée populaire communale de Breira, élu sous le parti MSP. Je suis également syndicaliste dans le secteur de la santé à Alger.
Quelle évaluation faites-vous de la gestion de l’assemblée populaire communale jusqu’à aujourd’hui ?
L’assemblée populaire communale se trouve paralysée depuis son installation. En ma qualité de membre de cette assemblée, je suis révolté par cette situation parce que j’assiste impuissant à des agissements et des pratiques dont le moins que l’on puisse dire est qu’elles sont dénuées de déontologie. D’abord, le président de l’APC ne respecte pas les délais légaux pour convoquer les membres de l’assemblée pour les priver d’assister aux différentes délibérations, je fais partie des victimes de ce comportement car je travaille loin de la commune. Ensuite, si le président de l’assemblée ne respecte pas ses collègues, comment voulez-vous qu’ils respectent les autres citoyens ? Je vous donne un exemple à titre illustratif : il s’agit du fait de ne pas inviter les membres de l’assemblée pour assister à la cérémonie de la célébration de la journée de l’indépendance coïncidant avec le 5 juillet. Le plus grave, enfin, c’est l’interférence des conflits personnels et familiaux dans la gestion des affaires de la collectivité. En effet, ce sont les petites guéguerres politiciennes qui régissent les relations de certains membres de l’assemblée avec la population. A titre d’exemple, et le dernier fait en date et qui n’est pas le seul, celui de ne pas honorer les élèves qui ont obtenu de bonnes moyennes lors des examens du BEM et du BAC contrairement à ce qui se fait depuis plusieurs années. Parce que tout simplement des membres de cette assemblée sont en désaccord avec la famille de la fille qui a été classée première au BAC au niveau de la commune de Breira avec une moyenne de plus de 17/20. Je suppose que cela suffit pour vous donner une idée générale sur la manière avec laquelle est gérée cette assemblée.


Quelle est votre attitude vis-à-vis de cette situation ?
Ce qui se passe au niveau de l’assemblée ne me plait pas. La situation de l’assemblée et les pratiques de certains élus me révoltent. Certains élus – et j’en fais partie – ne sont pas associés et consultés dans la prise de décisions comme le stipulent les lois de la république. Les considérations d’ordre politiques ont remplacé le débat et le respect des différents avis et opinions des membres qui composent cette assemblée. La société civile n’est pas associée pour proposer ses idées et donner son avis sur tout ce qui concerne le développement local de sa commune.

Avez-vous une idée ou un projet susceptible de faire sortir la commune de Breira de son isolement et son sous-développement ?
Le seul projet que nous pouvons concrétiser pour le moment est la prise en charge de la frange juvénile car le budget de la commune est très réduit pour se faire des illusions. Le montant global du budget est estimé à 80 millions dinars seulement. Une somme qui suffit à peine à couvrir les frais et les dépense de la gestion quotidienne de la commune comme le versement des salaires des personnels, la cantine scolaire, le carburant des véhicules et les pièces de rechange. Ce montant est insignifiant par rapport aux besoins exprimés dans tous les domaines et tous les secteurs.

Expliquez-nous comment vous souhaitez prendre en charge la frange juvénile.
Nous encouragerons les activités associatives. Nous encourageons les enfants qui obtiennent de bonnes moyennes aux différents examens en leur offrant ne serait-ce que des cadeaux symboliques, nous œuvrons pour équiper tous les douars et villages de la commune de structures sportives comme les stades pour permettre aux enfants de se distraire et s’épanouir, nous comptons construire un marché de fruits et légumes à Leksour qui va générer des postes d’emplois au jeunes chômeurs, nous œuvrons à faire entendre la voix des jeunes du douar Baouriache afin de d’étendre le réseau de la téléphonie mobile à leur village et ce pour leur permettre d’accéder à l’internet.

Comment interprétez-vous l’incapacité de l’assemblée populaire à assurer le minimum de services aux citoyens comme l’alimentation en eau potable et la collecte des ordures ménagères ?
Trois principaux facteurs expliquent l’incapacité de la commune à assurer le minimum de services aux citoyens. Le premier concerne l’interférence de considérations d’ordre politique dans la gestion quotidienne des affaires de la collectivité, le deuxième a trait au budget alloué à la commune que je trouve dérisoire et, enfin, le dernier facteur est relatif à l’absence de projets sectoriels au profit de notre commune et la marginalisation de la commune de Breira au niveau de la wilaya. Sinon, comment expliquer le fait de priver la commune de Breira de toutes les autres formules de logement sauf celle de l’habitat rural et avec un quota très réduit ne dépassant pas les 50 unités par an ? Cela en plus des routes communales qui se trouvent dans un état lamentables. En 2020, le wali de Chlef a promis de lancer le projet du bitumage de la route reliant le chef-lieu de la commune au douar Ikadaine lors d’une visite qu’il a rendu aux victimes d’un accident de route. Deux ans plus tard, nous n’avons rien vu pour des raisons que nous ignorons.


Vos propos sont abstraits car vous ne faites qu’énumérer les problèmes sans proposer des solutions concrètes alors les citoyens met tous les membres élus dans le même sac et les considèrent incompétents. Pouvez-vous leur expliquez ce que vous avez fait pour changer les choses ?
Il est tout à fait naturel que le citoyen mette tous les membres dans le même sac parce que, tout simplement, il ignore la manière avec laquelle est gérée l’assemblée populaire communale ; il ignore aussi qu’il y a une instance exécutive présidée par le président de l’assemblée populaire qui a le dernier mot alors que le rôle des autres membres de l’assemblée se limite à émettre leurs avis concernant les délibérations et de transmettre les préoccupations des citoyens au président de l’assemblée. Me concernant, j’ai fait tout ce que doit faire un membre élu : j’ai proposé beaucoup d’idées à l’assemblée mais elles ne sont pas approuvées par la majorité des membres, de même que j’ai transmis oralement et par écrit les préoccupations des citoyens au président de l’assemblée populaire. Qu’il les ait prises en considération ou non, cela une autre histoire.


Propos recueillis par Hassane Boukhalfa

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