Par Mohammed KOULAL*
Tout le monde s’acharne contre l’Algérie, tout le monde la critique, tout le monde veut la défier. Pire, beaucoup veulent la « mater » et la mettre sous leurs bottes. Ainsi soit-il ! Nous savons qu’on ne peut plaire à tout le monde. Et que cette animosité ambiante n’est qu’une manifestation d’impuissance face aux progrès réalisés par notre pays ; progrès qui font enrager certains de nos voisins. Et certaines forces rétrogrades internes qui agissent dans le sens contraire des intérêts du peuple.
Football
Parmi ces forces, on peut comptabiliser toutes ces voix qui créent la diversion en orientant les regards –et les énergies- dans une seule direction, celle de l’adoration des nouveaux dieux : les dieux du stade et, pour être précis, les joueurs de football. S’appuyant sur ce sport très populaire, il en est qui l’ont utilisé à dessein pour fausser toutes les réalités. Le roi football – et des équipes nationales-, tous devenus des symboles de puissance, un paramètre de développement social chez les uns et le miroir d’une haine cachée chez les autres. Le football, ça fausse tout sens de la mesure. Cela a été rendu possible par une société quasi-moribonde, inconsciente de son état. Tant que le pied et le ventre imposent leurs lois à la tête et au bras, l’inconscience n’en sera que plus prononcée, elle causera sans aucun doute le déclin social et provoquera l’anarchie.
La provocation
L’Algérie est devenu malgré elle le complexe des uns et le cauchemar des autres. Il y a des comportements qu’on peut justifier et faire admettre aux autres parce qu’ils se rapprochent de la raison et du sensé. Mais pas ces gestes provocateurs, conséquents à un malaise général poussant ceux qui le ressentent jusqu’à être ingrats envers leur bienfaiteur, prouve non seulement leur bassesse mais encore plus leur lâcheté. L’Algérie, patrie des guerriers et des martyrs, s’est toujours positionné en faveur de la réconciliation entre les peuples, apportant aide matérielle et financière aux peuples qui se prétendent frères. En retour, elle a obtenu ingratitude et trahison.
À défaut de créatifs et parce qu’ils manquent d’intelligence collective, voilà que leur instinct animal a pris le dessus, faisant d’eux des sociétés quasi-primitives n’ayant d’yeux que pour leur ventre et leur instincts basiques.
Comment peut-on qualifier cette attitude ? D’inconscience ? OUI. Devant un tel comportement, je refuse d’être africain car, en contrepartie du bien que j’ai prodigué autour de moi, je n’ai vu que le mal en retour. Des États ont « instauré » la haine envers l’Algérie alors qu’elle a été à l’origine de leur libération du joug colonial. Les officiels marocains nous insultent à longueur de journée alors que le gaz algérien livré à l’Espagne leur permettait un gain annuel de 56 millions de dollars ! ?.
Pour autant, l’hostilité envers mon pays ne me dérange pas : L’Algérien est guerrier, il a arraché son indépendance et a refusé d’être soumis à un protectorat éternel. Nous sommes un peuple qui a enduré les guerres, qui a sacrifié ses enfants pour sa liberté et son indépendance ; c’est un peuple rebelle, qui s’est insurgé de tout temps contre l’asservissement. Les guerres à travers des siècles ont forgé l’Algérien, elles ont fait de lui l’avocat des damnés de la terre. Raison pour laquelle il s’est toujours plié à cette discipline et cette rigueur qui animent les nations où prime la tête sur le pied.
La discipline
Effectivement, la discipline est une culture chez tous les peuples qui ont émergé tout au long de l’histoire contemporaine. C’est le cas de l’Allemagne, la Russie, la Chine, les deux Corées et, surtout, le Japon. Tous ces pays ont connu la misère, l’autoritarisme et les guerres, ils en ont appris les leçons. Le peuple japonais n’a pas connu d’ouverture sur le monde qu’à partir de 1945, après la seconde guerre mondiale. Durant toute son histoire, le peuple japonais n’a pas connu d’étrangers, s’enfermant dans sa propre culture et ses propres croyances afin de préserver le code moral et l’identité nippone. Ce code moral est fondé sur l’humilité, la modestie et la dignité. Le japonais doit impérativement respecter les bonnes manières qui lui sont imposées et qui sont ancrées dans les mœurs et coutumes depuis des millénaires. Cette philosophie de la vie japonaise se justifie par le fait que ses croyances imposent l’amour de la vie, de la nature, de son prochain et surtout l’honnêteté. Sauvegarder son identité en faisant obstacle aux autres cultures est un devoir sacré.
Pour ce qui est des musulmans en général, ils considèrent que l’islam s’exprime par le respect de ses principaux piliers, de l’accomplissement des cinq prières quotidiennes et de la réalisation des bonnes œuvres. Des qualités morales, collectives et individuelles, citées par le Saint Coran, qui a permis à l’Islam d’être accepté en dehors de l’Arabie non pas par la force mais par la discipline et le savoir des hommes qui l’ont propagé.
Une terre « arable » pour le mensonge
Il est donc clair que, sans la discipline et le savoir, on ne peut prétendre à un quelconque saut qualitatif en matière de progrès et, dans le même temps, rattraper le temps perdu dans un monde en perpétuel mutation, tant les sociétés musulmanes vivent toujours dans la stérilité et l’anarchie.
Ainsi, la terre de cette bonne Algérie est devenue « arable » pour le mensonge, la rumeur et encore plus la corruption et l’escroquerie à tous les niveaux. On exalte le bien mal acquis avec fierté sans scrupule ni toute honte bue. On effectue le pèlerinage aux lieux saints de l’Islam avec de l’argent sale tout en persistant dans la voie des ténèbres et du mal. Un tel comportement ne peut que générer deux situations : la révolution ou le chaos. Le peuple Algérien a préféré la première : l’inné s’est révolté contre l’artificiel. On a vu l’émergence de ceux appelant à effectuer un saut dans l’inconnu, au lieu de requérir la sagesse et de la prudence.
Nos aïeux nous ont légué leur courage, leur sens aigu de l’honneur et la primauté de la connaissance sur tout le reste. Ces qualités sont spécifiques à l’Algérien. Pourquoi ? Afin d’y répondre, il faut rappeler quelques dates de l’histoire de cette terre appelée Algérie et de son peuple appelé Algérien.
Plus de 3 000 ans avant notre ère, une grande partie de l’Algérie actuelle était peuplée par les berbères, c’est l’ancienne Numidie.
Au 9e siècle avant notre ère, les phéniciens fondèrent la puissante Carthage.
En l’an 146 avant notre ère, à la suite de la destruction de Carthage, les romains prirent possession des territoires berbères non sans livrer des guerres des plus horribles (Timgad, Djamila, Tipasa, Ammi Moussa etc.)
En l’an 429 de notre ère, les vandales venus d’Espagne mirent fin à la domination romaine
En l’an 534, Constantinople devient le centre de l’empire romain.
En 692, les Arabes s’emparèrent des territoires et commencent convertir les habitants à l’Islam. Cette période prend fin avec l’extinction de la dynastie des Fatimides
Puis vint la période des Turcs puis celle des Français jusqu’en 1962.
Ce qu’on peut conclure, c’est que l’Algérie n’a connu à travers l’histoire que guerre et exploitation de ses richesses par des mains étrangères. Si on ne se réfère pas à cette histoire faite de sang et de terreur, on ne peut se considérer le digne fils de cette patrie. Et par conséquent, s’identifier à ses valeurs.
La plume et le bâton
On disait autrefois que le prolongement du bras de l’Algérien est le bâton. En vérité, c’était la plume (calame). En effet, peu avant la colonisation française, on comptait plus d’Algériens savant lire et écrire que durant la période coloniale. Connu par sa soumission aux lois divines telles que prescrites par le Saint Coran et la Sunna, l’Algérien était discipliné, aimant le savoir et la propreté dans toute son acception (tahara). En plus de ces qualités, le courage et le sacrifice lui ont permis d’assurer son indépendance et sauvegarder son identité, symbole d’unité et de liberté et de justice.
Le peuple Algérien n’a pas adopté aveuglement un système de gouvernance en imitant celui d’autres nations, il n’a pas fait sienne une philosophie étrangère pour entamer le processus de son indépendance. Tout simplement, l’Algérien a refusé d’être dépossédé de sa terre, de ses croyances et de ses espérances ; de vivre comme esclave, ignorant et dépossédé de sa terre et de ses croyances. Ce sont ces nobles idées humaines qui l’ont poussé à se révolter contre l’injustice, l’exploitation et la domination, et de bâtir son État et ses propres institutions.
De l’effort et de l’assiduité
Le développement du pays nécessite toutefois des efforts constants, il s’agit notamment d’engager des actions permanentes en matière de promotion des territoires qui le composent et de mise à niveau des infrastructures de base et, dans le même temps, adapter les institutions aux réalités nouvelles imposées par la conjoncture nationale, régionale et internationale. Il est même préconisé le changement radical du fonctionnement de certaines institutions à l’effet de d’impliquer largement le citoyen dans la gestion de son pays, à commencer par son quartier, sa ville, sa commune et sa wilaya.
Le miracle n’existe pas, on ne règle pas les problèmes économiques et sociaux avec un coup de baguette magique, seul l’effort, la persévérance et la discipline mènent à la réussite. Hélas, par les temps qui courent, il semble que ces valeurs nous sont devenues étrangères à notre société ; seule la crédulité nous hante et nous ne cherchons même pas à nous en débarrasser.
Tous les objectifs que l’on se fixe ne peuvent être qu’utopie si nous ne faisons pas preuve de discipline et la rigueur.
En rappelant les luttes du peuple Algérien depuis l’antiquité à nos jours, nous voulions démontrer à ceux qui nous veulent du mal qu’avant de nous haïr, ils feraient mieux de se libérer de leurs idées et concepts éculés et de se débarrasser de leurs vieux démons si ce n’est de « secouer la poussière qui les recouvre ». Il ne faut jamais réveiller l’ours qui est en hibernation, son réveil est dévastateur.
*Avocat à la Cour de Relizane
Agréé à la Cour Suprême et au Conseil d’État