La grande duplicité occidentale
L’actualité de ces derniers jours a remis sur le tapis la question de la séparation du sport de la politique. Une “trouvaille” occidentale dont les fondements hypocrites ont fini, au fil du temps, par apparaître au grand jour : quand le principe les arrange, les Occidentaux ferment les yeux et la g…, mais quand leurs intérêts sont directement concernés ou qu’un de leurs “protégés” est tout aussi directement touché, ils ont la main lourde et les propos virulents. Des exemples récents montrent cette duplicité occidentale. Certains en rapport direct avec notre pays. Alors que la Fifa (Fédération internationale de football association) n’hésite pas, à longueur d’année, à menacer de fortes sanctions tout État membre qui serait intervenu dans les affaires internes de sa fédération nationale de football – et ce, même si cet État a toutes les raisons du monde de le faire -, son actuel président, le suisse Gianni Infantino, a dernièrement allègrement foulé aux pieds ce “beau principe”. En proposant à l’entité sioniste, où il effectuait une visite officielle, l’organisation de l’édition 2030 de la Coupe du monde de football, n’a-t-il pas ainsi impliqué ouvertement l’instance qu’il préside dans un acte politique avéré ? Et ce, comme l’attestent deux faits irrécusables. Le premier, c’est que Gianni Infantino ne s’est pas limité à la proposition précitée, il a également suggéré à ses interlocuteurs sionistes d’associer à cette organisation les pays de la région avec, à leur tête, les Émirats Arabes Unis. Ce faisant, il a confirmé le caractère éminemment politique de son initiative ; celle-ci s’emboîtant comme par enchantement dans la vaste et criminelle entreprise visant à la normalisation des relations de l’entité sioniste avec les pays arabes et à laquelle a adhéré, il y a plus d’une année maintenant, l’État des Émirats Arabes Unis. “Son initiative”, parce que, officiellement – et c’est là le deuxième fait – il n’y a aucune décision de la Fifa allant dans ce sens. La règle dans ce domaine est que les pays qui veulent organiser, individuellement, en duo ou en groupe, la prestigieuse compétition qu’est la Coupe du monde de football, le fassent savoir par eux-mêmes. En clair, en saisissant officiellement la Fifa dans ce sens. C’est ce qu’ont fait tous les prétendants à l’organisation de l’édition de 2030 – celle de 2026 ayant déjà été attribuée au trio de l’ALENA (Accord de libre-échange nord-américain) les Etats-unis, le Canada et le Mexique, à savoir – que Gianni Infantino souhaite voir organiser, pour des raisons essentiellement extra-sportives, par l’entité sioniste et les pays arabes de la région qui ont “normalisé” leurs relations avec elle. Un quatuor de pays sud-américains, le duo ibérique, les Etats formant le Royaume-Uni et la grande Chine n’ont pas attendu, en effet, que le président de la Fifa leur propose d’organiser l’édition en question de la Coupe du Monde : ils se sont mis sur les rangs sur la base de décisions concertées et souveraines.
L’Algérie a déjà fait les frais de cette politique des “deux poids, deux mesures”…
Comme signalé plus haut, notre pays a déjà eu à souffrir de la partialité occidentale dans la gestion du sport à l’échelle internationale. Ou, pour être plus précis, dans l’utilisation du sport dans la concrétisation d’agendas politiques servant les intérêts des pays occidentaux et visant à la pérennité de leur domination sur les affaires du monde. La protection et la défense de l’entité sioniste relève de ces objectifs. Nulle remise de ces derniers n’est tolérée. Fethi Nourine, judoka international et son entraîneur Amar Benikhlef l’ont appris à leur dépens ; le premier, pour avoir sciemment refusé de se battre contre un judoka de l’entité sioniste lors des derniers Jeux Olympiques qui se sont tenus à Tokyo, l’été dernier ; et le second, pour avoir ouvertement soutenu son poulain dans la décision qu’il a prise. La Fédération internationale de judo (FIJ) a eu la main vraiment lourde : les deux ont été, en effet, officiellement suspendus de “toutes manifestations et activités organisées ou autorisées par la FIJ et ses fédérations” et ce, “pour une durée de dix années”. Un verdict tranchant et sévère qui signifie une fin de carrière prématurée pour nos deux sportifs. Et qui se veut, à l’évidence, un clair message à tous les sportifs – et derrière eux, à leurs États – qui seraient tentés de se rebeller contre l’ordre (occidentalo-sioniste) sportif établi.
Tout est permis pour les dociles…
Faut-il préciser, en l’état actuel des relations internationales, qu’un tel verdict ne risque aucunement d’être appliqué aux Etats – et à leurs athlètes – qui acceptent un tel ordre. Pis, pour renforcer les positions politiques de ces derniers dans l’aire géographique où ils sont implantés, les tenants d’une application à géométrie variable du principe de la séparation du sport de la politique leur permettent de transgresser celui-ci. Un des principaux bénéficiaires de ce “permis de transgression » est notre voisin de l’Ouest. Piétinant à l’envi et les résolutions de l’ONU lui déniant toute souveraineté sur le territoire du Sahara occidental, et le principe de la séparation du sport de la politique, le Makhzen y a organisé nombre de compétitions sportives internationales. Sans que les fédérations internationales et les confédérations africaines concernées ne réagissent. A l’instar de la Fédération internationale de handball et de la confédération africaine de cette discipline qui ont entériné la décision de la fédération royale marocaine de handball d’inclure la ville de Laâyoune occupée dans le programme des compétitions de la Coupe d’Afrique des nations (de la discipline) qui devait se tenir du 13 au 22 janvier 2022. Ce qui, pour rappel, a poussé l’Algérie à se retirer officiellement de la compétition. Un retrait qui risque de la pénaliser sérieusement. En plus de se voir dessaisie de l’organisation de la prochaine CAN, qu’elle avait officiellement obtenue, elle risque de se voir exclue de toute participation aux grandes manifestations qui seront organisées d’ici l’année 2026. Et dont les plus importantes sont incontestablement le Mondial de 2023 et les Jeux olympiques de Paris de 2024. Sauf qu’une petite lueur d’espoir de voir écarté ce scénario-catastrophe pour la petite balle nationale a surgi après que la Confédération africaine de handball eut décidé de reporter la CAN 2022 à après le mois de janvier. Est-ce pour inciter le pays organisateur, le Maroc de Mohamed VI, à se limiter, dans l’organisation de cette compétition, à son seul territoire internationalement reconnu? Il faut l’espérer surtout que les raisons invoquées par l’instance africaine pour expliquer un tel report: l’étude des recours introduits quant au tirage au sort qui a eu lieu mercredi, 9 décembre, à savoir, ne sont pas très convaincantes. Est-ce à dire qu’un vent de contestation contre la duplicité des instances sportives internationales et des Etats occidentaux dans leurs relations avec les pays de la périphérie, venu d’Afrique, s’est levé. Là aussi, il faut l’espérer.
Mourad Bendris