Le président américain Donald Trump a affirmé dans une interview à la chaîne américaine Fox News Business qu’il s’attendait à voir les accords d’Abraham s’étendre “bientôt”. Il a émis l’espoir que l’Arabie saoudite, l’Indonésie et d’autres pays y adhéreront. « Je ne veux pas dire immédiatement, mais bientôt. Les pays qui adhéreront en bénéficieront. J’espère que l’Arabie saoudite adhérera. Je pense qu’une fois l’Arabie saoudite adhérée, tout le monde adhérera. Les Saoudiens ont exprimé leur intérêt hier. Les accords d’Abraham sont excellents et contribueront à une paix durable au Moyen-Orient. »
Les pays cités par le chef de la Maison blanche n’ont pas réagi à cette déclaration et comme dit l’adage “ qui ne dit mot consent”. Les Saoudiens étaient sur le point de normaliser leur relation diplomatique avec l’entité sioniste au cours de l’automne 2023. Ce projet avait été empêché par la résistance palestinienne à Gaza en déclenchant l’opération “Déluge d’Al Aqsa” contre l’occupant sioniste le 7 octobre 2023, ouvrant la voie au génocide mené par Israël contre le peuple palestinien qui vient de s’achever après deux longues années de souffrance sans précédent ayant fait des dizaines de milliers de morts et de disparus et autant de blessés et de mutilés et dont le nombre exact reste encore inconnu. Cela sans compter les incommensurables destructions d’infrastructures de l’enclave palestinienne exécutées avec une sauvagerie jamais observée jusque-là dans un but précis : rendre Gaza inhabitable afin de contraindre ses deux millions et demi d’habitants de quitter les lieux comme voulu par les occupants mais aussi par le président Trump qui prévoyait de transformer ce territoire en “Riviera” au profit de touristes milliardaires. Le projet est toujours en cours.

Trump qui se veut un “homme de paix” même si ses actes partout sont faits d’agressions et de menaces contre des Etats souverains, compte faire sortir Israël de son isolement diplomatique au Moyen-Orient en poussant le plus grand nombre de pays arabes et musulmans à nouer des relations avec cette entité sioniste, comme l’appellent les pays ne la reconnaissant pas. En 2000, Trump avait réussi à embarquer quatre pays arabes dans cette reconnaissance d’Israël dont deux voisins, les Emirats et Bahreïn, sans aucune contrepartie. Les deux autres pays, le Maroc et la Soudan, ont reconnu cette entité, l’un (le Maroc) en amenant les États-Unis à reconnaître sa souveraineté sur le Sahara occidental, un territoire qu’il occupe depuis 1975 contre l’avis des Nations Unies, et l’autre, le Soudan, en obtenant des mêmes USA, l’assurance de ne pas le classer parmi les “Etats terroristes”, pour ne pas accentuer son isolement économique.
Sur la lancée, Trump compte élargir cette reconnaissance à d’autres pays arabes. Il a nommé l’Arabie Saoudite et l’Indonésie omettant de citer la Syrie et le Liban et, pourquoi pas, le Pakistan dont le président venait d’être invité à la cérémonie de signature récente au Caire, de son plan de paix entre la résistance palestinienne et Israël, mais aussi au Qatar et à l’Irak, un pays mis sous coupe réglée américaine depuis son invasion en 2003 et peut-être encore la Libye dont une partie se trouve liée aux Emirats et ses projets funestes. Tout ce beau monde serait associé aux deux pionniers arabes, l’Égypte et la Jordanie, pays liés aux Israéliens respectivement par des accords de paix depuis 1979 et 1994.
Le président américain semble agir en mettant la pression sur les dirigeants mous de ces pays pour faire la désormais lointaine “initiative de paix arabe”, proposée au Sommet de la Ligue arabe de 2002 de Beyrouth par Abdallah ben Abdelaziz Al Saoud, souverain saoudien, et confirmée au Sommet de la Ligue arabe de 2007 de Riyad. Ce plan toujours d’actualité et référence fondamentale pour des pays arabes rejetant toute normalisation avec Israël sans sa prise en compte par ce dernier, vise à résoudre le conflit israélo-arabe, en améliorant les relations entre Israël et le monde arabe, en échange du retrait total des Territoires occupés en 1967 et d’une solution viable pour les réfugiés palestiniens. On sait que le gouvernement israélien dirigé alors par Ariel Sharon (décédé aujourd’hui) avait rejeté purement et simplement l’initiative et Israël n’a jamais pris le temps de discuter cette proposition à la Knesset et ses successeurs dont le dernier en poste, le criminel Netanyahou, ont gardé cette position. Aujourd’hui, l’entité sioniste, aidée par Trump, veut obtenir sa reconnaissance par le plus grand nombre possible d’États arabe et musulmans sans aucune contrepartie sans même une acceptation d’un Etat palestinien pourtant reconnu par une écrasante majorité des pays membres des Nations unies. Trump à va-t-il obtenir “sans frais” d’autres normalisations d’États arabes et musulmans à son protégé ?
Abbas M.
 
				