Rima Hassan est un véritable phénomène politique en France. Elle est régulièrement la cible de polémiques dans les milieux de la droite et de l’extrême-droite qui ne supportent pas ses prises de position jugées radicales. Née le 28 avril 1992 dans le camp de réfugiés palestiniens de Neirab, près d’Alep en Syrie, Rima Hassan Mobarak a connu dès sa naissance le statut d’apatride. Elle quitte la Syrie à l’âge de neuf ans pour rejoindre sa mère à Paris et va connaître le parcours difficile d’une enfant confrontée au racisme et au rejet. Elle obtient la nationalité française à sa majorité après bien des obstacles.
Elle poursuit ensuite des études de droit et obtient une licence. Elle s’installe au Liban pendant un an et à son retour en France termine son master en droit international, dans lequel elle s’intéresse à la comparaison juridique entre l’Afrique du Sud et Israël concernant leur politique d’apartheid.
Rima Hassan fonde en 2019 l’Observatoire des Camps de Réfugiés, une Organisation Non Gouvernementale dédiée à l’étude et à la protection des camps de réfugiés dans le monde.
En 2023, elle fonde le collectif Action Palestine France et rejoint le parti de Jean- Luc Mélenchon, La France Insoumise, en vue des élections européennes de 2024: elle est élue députée européenne le 9 juin 2024.
Ses positions sur l’occupation coloniale en Palestine et sa dénonciation du génocide à Gaza et en Cisjordanie ont rapidement déclenché une série d’attaques qui ont conduit à l’annulation de sa nomination parmi les « 40 femmes exceptionnelles » par le magazine américain Forbes sous la pression des puissants lobby pro-israéliens.


Il y a quelques jours, Rima Hassan, invitée sur une station de radio, a qualifié l’action du Hamas de « légitime du point de vue du droit international » et évoque « un droit à résister contre une occupation étrangère », tout en condamnant les prises d’otages, les massacres et diverses exactions commises lors de l’attaque du 7 octobre 2023, qu’elle qualifie de crimes de guerre. Ces propos suscitent l’indignation à droite, chez les socialistes et dans le parti présidentiel.
Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau fait un signalement au procureur de la République pour « apologie du terrorisme ». Des préfets, des personnalités politiques lui emboîtent le pas, focalisant l’attention des médias sur chaque parole prononcée par la jeune femme, dans une entreprise de diabolisation extrêmement violente, exigeant sa déchéance de la nationalité française. Régulièrement la jeune femme reçoit des menaces de mort.
Plus récemment des députés européens sont allés jusqu’à demander la levée de son immunité parlementaire parce qu’elle a osé parler de légitimité à propos de la résistance.
Dans ce climat caractérisé par une haine d’une rare violence, la jeune femme tient le cap et continue son combat, contre vents et marées. Elle bénéficie d’une grande popularité dans les milieux militants pro-palestiniens et dans les quartiers populaires, tant elle incarne cette figure de la
résistance antiraciste et anticolonialiste au sein du seul parti de gauche qui a dénoncé les massacres à Gaza.
K. S.