L'Algérie de plus près

Tourner en bourrique

Par Hamid Dahmani

Dans cette vie cabossée, rythmée par le cafard coutumier qui est propre à cette région sans énergie et qui lui colle à la peau depuis des lustres sans cesse, les jours sont fébriles. Ils se suivent hors du temps de l’existence prospère que connaissent les autres. Malgré cette scoumoune, les gens s’agrippent tant bien que mal à cette existence constituée de chutes et de redressements, « tayha we nawdha », ils évoluent avec des jours néfastes plein la caboche, impuissamment. Ces moments de vie sont vides et remplis d’inquiétudes avec des moments mélancoliques sans aucune saveur ni plaisir entreprenant. Des jours pesants et des jours violents pour notre esprit fragile et malheureux.

Oui, la vie n’est pas toujours belle pour les malchanceux vivants… comme nous dans cette vie de blédard sans horizons salvateurs ! On se lève le matin, on va au boulot, on s’arrête un petit moment pour manger à midi, on reprend aussitôt le travail l’après-midi et on rentre à la maison après la fermeture des bureaux. Le soir on dine, on visionne la télé puis vite dodo au lit ; on se réveille très tôt pour refaire le même cycle de vie machinale.

Dans la rue, l’amertume se lit sur les visages des gens qu’on croise chaque jour qui se lève pour nous rappeler que le cauchemar n’est pas encore fini pour tous les êtres maudits qui espèrent de jours meilleurs. Ces jours tristes qui reviennent chaque semaine sans les belles couleurs nous ennuient parce qu’ils sont plats et pauvres en gaité. Les sept jours de la semaine sont devenus familiers et embêtants parce qu’ils nous épuisent quand ils coulent lentement.

La vie n’est pas trop chatoyante dans le bled : le lundi, c’est comme un âge croulant à supporter. Le mardi et le mercredi sont nuageux et étouffants quand on met le nez dehors. Le jeudi, les gens se préparent pour une journée à ne rien faire. Le vendredi, c’est ville morte avec les rideaux baissés. Le samedi et le dimanche, c’est quartier libre pour une déambulation dans le souk où tout est à deux sous.

Ainsi va la vie des surveillés pour tuer le temps. Ce contretemps a de bons jours de jouissances pour les figures déprimées que nous sommes. Le temps n’est plus chic comme avant. Les morts-vivants boudent cette vie invraisemblable. On erre dans les rues à la recherche de la juste vie. Les promenades, c’était hier quand le temps était joyeux et le bonheur plein le cœur.  

H. D.

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