Pour remédier à la pénurie d’eau allant en s’aggravant avec l’augmentation de la demande dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA), il est nécessaire, préconise la Banque mondiale, d’adopter les nouvelles technologies numériques dans la gestion de cette ressource, de raccorder la population à des services d’eau améliorés et d’accélérer la croissance économique.
Ces pistes devraient être adoptées pour faire face à la faible disponibilité annuelle moyenne d’eau par personne, qui était de “480 mètres cubes en 2023, soit moins de 10 % de la moyenne mondiale”, a indiqué cette institution internationale, dans un communiqué. Évoquant l’offre en matière hydraulique de la région, la BM met en avant le dessalement d’eau de mer et la réutilisation des eaux usées traitées qui “apparaissent comme des solutions essentielles pour (la) stimuler”. À ce sujet, la région “concentre aujourd’hui plus de 53 % de la capacité mondiale de dessalement, rappelle la BM, estimant que “même si le coût de ces technologies a considérablement reculé du fait de l’innovation, il faudra poursuivre les efforts si l’on veut que le coût relativement élevé de l’eau dessalée ne pèse pas sur les pays les plus pauvres.”
Réduire les pertes
En outre, cette institution préconise que la région devrait “impérativement” utiliser l’eau de manière nettement plus efficace et réduire les pertes. De plus, la région devrait prioriser “de toute urgence” les pratiques intelligentes sur le plan climatique en matière de gestion de l’eau, ajoute-t-elle. “Il s’agit notamment de renforcer les capacités de collecte de données climatiques et hydrologiques précises, qui permettront aux systèmes de s’adapter aux modifications des régimes de précipitations et à la fréquence accrue des sécheresses et des inondations”, souligne la BM. Celle-ci fait savoir que ces informations sont à même “d’éclairer la prise de décision sur la manière d’allouer les ressources en eau et de se préparer aux situations d’urgence, comme les sécheresses et les inondations.”
La BM appelle par ailleurs, les pays concernés à “orienter la politique de l’eau de manière à stimuler les secteurs créateurs d’emplois”, en tablant sur une agriculture intelligente sur le plan climatique et économe en eau pour les exportations, ainsi que des solutions innovantes concernant le lien entre l’énergie et l’eau, comme le stockage d’hydroélectricité par pompage et le recours aux énergies renouvelables dans les services liés à l’eau. Il s’agira également, selon cette source, de donner la priorité à ces secteurs pour “contribuer à faire évoluer la gestion de l’eau dans le bon sens, mais aussi à créer des emplois indispensables et à améliorer les compétences.”
Coopération accrue entre Etats
Sur un autre plan, la BM appelle à adopter “une tarification plus durable” qui décourage le gaspillage tout en protégeant les personnes pauvres et vulnérables ainsi que de recourir à des incitations et des innovations “pour accroître la participation du secteur privé à la restauration et au développement des infrastructures, y compris au moyen de garanties”.
Enfin, cette institution préconise de renforcer la coopération transfrontalière en matière de ressources hydriques qui “pourrait avoir des retombées immenses dans l’ensemble de la région”. Dans cette optique, la BM estime opportun de voir les pays de la région se réunir au Koweït cette semaine à l’occasion du premier forum régional sur l’eau, organisé conjointement par le Fonds arabe pour le développement économique et social et la Banque mondiale, pour “relever les grands défis de la région dans le domaine de l’eau, notamment grâce à un financement stratégique du développement et à des partenariats public-privé.”
Abbas M.